Le soleil est déjà haut dans le ciel, je relis quelques notes, café à la main, et parcoure en même temps la programmation de cette journée. Oui, nous sommes le samedi 20 juin de l'an de Grâce 2015. Enfin. ENFIN !!! Aujourd'hui, je vais revoir Faith No More !!! (imaginez un kid de 15 ans dans les 90's en train de jumper comme un fou et vous aurez une idée assez précise de mon état).
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Clisson
Ce premier jour est en fait, plus ou moins, le second. Excellente idée, le festival a ouvert ses portes pour le retrait des bracelets et l'installation au camping la veille vers 16 heures. Nous pouvons donc entrer directement sur le site et là, ouais, quand même : chapeau bas. Alors, ok, j'entends déjà - j'ai aussi déjà entendu - un bon paquet de critiques sur l'aspect Disneyland avec l'entrée en forme de cathédrale, la grande roue, les décors, etc... Vous savez quoi ? J'aime aller à Disneyland et je trouve que le boulot effectué pour le Hellfest est tout simplement génial. Ça change de la plupart des festivals où j'ai pu aller, c'est bien fait, assez impressionnant pour certaines choses. Bref, les rabat-joie et autres intégristes du "ça doit être comme ça, pas autrement", tant pis pour vous.
Dimanche, 9h30. Le réveil sonne et j’ai l’impression que je viens juste de poser ma tête sur l’oreiller. Les gestes sont lents, le petit-déjeuner silencieux. Le manque de sommeil accumulé depuis deux jours se fait cruellement sentir mais le festival fermant ses portes dans quelques heures, ce serait dommage de ne pas en profiter au maximum. La grasse mat’ peut bien attendre un jour de plus.
Voix enrouée, cervicales douloureuses… J’émerge à peine d’une nuit beaucoup trop courte que déjà, les excès de la veille se rappellent à mon bon souvenir. Quand on a un minimum d’expérience du Hellfest, on sait que le deuxième jour est déterminant pour la suite du festival. Pas question donc de laisser la fatigue s’installer ni les petits bobos nous gâcher l’existence. Une seule solution : paracétamol, jus d’orange à volonté et petits pains au lait (il faut bien prendre des forces !).
Chaque année, c’est le même rituel. L’agent de sécurité vérifie mon pass puis me souhaite un bon festival. Je marche quelques minutes avant d’atteindre une immense porte et quand je l’ai finalement traversée, je m’arrête quelques instants pour savourer ce moment… Après une longue année d’attente, me voilà enfin de retour au Hellfest.
Il est 10h, Clisson s’éveille. À la rumeur excitée des deux premiers jours de festival, le dimanche matin étonne toujours par son calme relatif. On croise les sales mines des campeurs, éprouvés par trois jours de grande fiesta globale. Flottement étrange où les coreux en casquette et les vikings cornus ressemblent bien plus à des zombies de cinéma bis qu’à des guerriers.
Si on n’a jamais expérimenté un festival musical open air tel que le Hellfest, il est difficile de comprendre le début de journée typique dans le camping du site. Le réveil dans la moiteur du sac de couchage, sous une tente bon marché. Le manque désespéré de caféine, l’agression de la lueur du jour. Puis cette première cigarette, dégainée comme un réflexe de défense primale face à l’odeur de bière forte qu’ingurgitent certains dès qu’ils sont sur pied… Mais plus encore la sensation étrange d’avoir passé tellement d’instants musicaux formidables la veille.
130 000 litres de bière. 10 000 litres de muscadet. Une demi-douzaine d’hectares réquisitionnés. Près de 160 artistes. Bref. Le Hellfest, nous y sommes désormais habitués, c’est lourd. Comment expliquer dès lors la couverture souvent très superficielle accordée par les médias généralistes à un festival affichant des chiffres aussi impressionnants ? Au passage, le fest de Ben Barbaud s’est hissé à la troisième place des festivals français en termes d’affluence en 2012, derrière les Vieilles Charrues et Solidays, mais devant Rock en Seine et les mythiques Eurockéennes. Cet article se veut un reportage du Hellfest axé sur de nombreux groupes au talent certain. Des sensations live souvent éblouissantes. Quelques notes jetées au gré du vent, depuis de vulgaires amplificateurs de son, qui peuvent changer une existence à tout jamais (je vous jure que ça arrive). Et ces groupes étaient souvent relégués au bas de l’affiche du festival de Clisson, là où pas un journal n’est allé vérifier, au-delà de leur ignorance, la qualité de ces groupes.
Le troisième et dernier jour d'un festival... Quiconque a déjà pratiqué cet "exercice" sait qu'il est le plus dur à encaisser. Vous avez déjà dans les pattes pas mal de bornes et il vous aura aussi fallu bouffer du riffs et d'autres choses qui ont tendance à entamer la résistance du plus vaillant des hommes. Loués soient mes hôtes, j'ai dormi dans un vrai lit et pris un vrai petit-déjeuner dans un cadre sublime. Andrey et moi arrivons donc frais - ok, tout est relatif - et dispos sur le site en fin de matinée pour Year Of No Light. Presque envie de dire "comme d'habitude", les Français vont sortir un gros set entre anciens et nouveaux morceaux. Et me réveiller complètement. "Humm, peut-être prendre une petite bière...". Et voilà, c'est reparti pour un tour. Le temps d'un repas à base de Saint Nectaire avec un estimable camarade néerlandais, nous discutons déjà du déroulement de cette édition 2012 du Hellfest. Les plus, les moins, le fait que la Valley aurait pu s'appeler Roadburn…
Deuxième jour du Hellfest. Arrivée sur place vers midi, pour découvrir que la pluie nocturne a transformé ce champ de poussière en un marais boueux. Heureusement que j'avais prévu des vieilles fringues de quand j'avais 17 ans.