A l'occasion de son passage à Paris le 9 août dernier, Dylan Carlson, guitariste et compositeur des antédiluviens Earth, a reçu Pelecanus au Point Ephémère afin d'évoquer son actualité, en groupe et en solo. Rencontre avec une légende. Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
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Miguel
Toujours surprenant, mais de plus en plus courant : voir une salle parisienne pleine à craquer à l’occasion d’un concert instrumental et contemplatif en plein mois des grandes chaleurs. Le Point Ephémère fut à nouveau victime de la popularité toujours grandissante du groupe de Seattle, accompagnant le vaste mouvement du stoner et des musiques expérimentales.
Choisie pour figurer en première partie de la tournée, la Suédoise Christine Owman n’est pas inconnue au bataillon puisqu’apparaît à son palmarès une collaboration avec le précieux Mark Lanegan notamment. Sa musique se révèle à l’épreuve du concert pourtant sensiblement éloigné du rock sombre et gothique de l’ancien chanteur des Screaming Trees et navigue davantage du côté des rivages défrichés parPortishead vingt ans plus tôt. Owman ne se contente ainsi pas que de chanter et jouer avec talent de son violoncelle mais gère également les samples tout en portant ses compositions jusqu’à diverses inflexions, efficacement soutenues par la variété instrumentale dont elle fait preuve (apparaissent ainsi ukulélé et banjo).
Le voyage fut le principal vecteur de la poésie folklorique depuis le Moyen-Âge, éternel idéal baroque que la succession des époques n’affectait pas. Dès les années 1920, le croisement des genres, du blues, de la country et des chansons traditionnelles s’opéra sur les routes, les mers et dans les champs d’Amérique.Leadbelly, Hank Williams et Woody Guthrie furent les plus illustres gardiens de la musique rurale américaine, terreuse, sale et pourtant si pure : vierge des vices urbains et porteuse de l’utopie formidable qui amena le génie musical à son meilleur. La chanson folklorique, contestataire jusque dans ses gênes, était fille de la vie itinérante, celle du musicien médiéval et authentique, nourrie de l’ouvrage agricole et du labeur ferroviaire.
La fin des années 1960 vit le creusement d’un fossé entre le rock américain et le rock anglais, jusqu’ici réunis à travers la même foi du rythm’n blues, glorieusement honoré par les immenses succès de laBritish Invasion durant la première moitié de la décennie. Résolument plus avant-gardistes, plus portés à l’expérimentation, les groupes anglais s’affranchissaient cependant très tôt du format blues et ouvraient des brèches vers de nouveaux horizons harmoniques : ce fut la naissance conjointe du rock progressif (The Nice, Procol Harum, The Moody Blues) et du hard rock (ce dernier amorcé dès 1964 par les Yardbirds de Clapton avant d’être suivis par Cream et le Jimi Hendrix Experience, groupe dont il convient de rappeler qu’il était aux deux tiers sujet britannique et dont l’éclosion ne fut possible qu’en Albion, nous y reviendront) lors de l’année charnière 1967. Une véritable révolution culturelle dans les sphères rock, qui ne connaîtra d’égal que lors de l’avènement de la fusion à la fin des années 1980.