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Hellfest 2015 - Jour 01 : "L'Héritier et le Roi"

Portrait de Vincent Duke
Hellfest 2015 - Jour 01 : "L'Héritier et le Roi"

Ce premier jour est en fait, plus ou moins, le second. Excellente idée, le festival a ouvert ses portes pour le retrait des bracelets et l'installation au camping la veille vers 16 heures. Nous pouvons donc entrer directement sur le site et là, ouais, quand même : chapeau bas. Alors, ok, j'entends déjà - j'ai aussi déjà entendu - un bon paquet de critiques sur l'aspect Disneyland avec l'entrée en forme de cathédrale, la grande roue, les décors, etc... Vous savez quoi ? J'aime aller à Disneyland et je trouve que le boulot effectué pour le Hellfest est tout simplement génial. Ça change de la plupart des festivals où j'ai pu aller, c'est bien fait, assez impressionnant pour certaines choses. Bref, les rabat-joie et autres intégristes du "ça doit être comme ça, pas autrement", tant pis pour vous.

En plus du décor, l'aménagement du site est également à saluer : bien agencé, que ce soit pour les scènes ou l'implantation des bars, points d'eau, boutiques, etc... La circulation est fluide, nouvelles scènes Temple, Altar, Valley, toujours couvertes, bien plus grandes, avec écran géant à l'entrée et de la pelouse partout. Plus de poussière !!! Je dois bien l'avouer, ce premier jour, je ne donne pas cher de sa peau mais nous y reviendrons... Seul bémol : la Warzone. Je sais, je fais mon difficile. À l'autre bout du site, découverte - et croyez moi, avec la météo "plein soleil, grand ciel bleu", ça tape - et d'un accès pas si facile quand beaucoup de monde s'y dirige. Enfin... Fini de tergiverser : direction concert !!!

Bière dans une main, programme dans l'autre, je me dirige vers... La Valley - oui, comme c'est étonnant...

Bière dans une main, programme dans l'autre, je me dirige vers... La Valley - oui, comme c'est étonnant... - et Samsara Blues Experiment. Carré, psyché comme il faut, à l'ombre (déconnez pas, d'une, je ne suis plus de prime jeunesse, de deux, je ne supporte absolument pas la chaleur. Ne vous étonnez pas si ce report est ponctué de références au fait d'être à l'abri des rayons UV meurtriers !!!), je me fais bercer à coup de riffs et comme le reste du public, je me laisse porter. Comme si le son montait doucement en puissance, une sorte de "séquence de démarrage" dans la composition des titres joués. Les Allemands vont réussir un coup double : sortir un set génial et me permettre de parfaitement "rentrer" dans cette édition 2015. À voir et revoir. Le groupe rentre dans cette catégorie très "élitiste" du aussi bon sur disque que sur scène. Un rapide coup d'oeil au programme et bon, autant simplement resté assis sur l'herbe aux alentours de la Valley pour attendre Truckfighters. Voilà bien un groupe que je n'apprécie pas spécialement sur disque mais qui va définitivement me surprendre en live. Déjà, ce son... Comme une grosse claque dans la gueule. Mais alors vraiment. Massif, puissant, précis. Si j'avais encore le moindre doute que les capacités sonores de l'endroit, les Suédois vont tout simplement les pulvériser et, par la même, établir une sorte de mètre-étalon de ce que doit être le son dans cette scène. Il y a bien quelques passages dans leurs titres que je trouve beaucoup trop "poppy" mais l'ensemble reste cohérent et assez groovy pour que ma nuque s'en souvienne.

Par pure conscience professionnelle, ou pour la blague, je ne suis pas certain, je vais me poser un moment devant la Mainstage pour Billy Idol. Il ne me faudra pas longtemps pour choisir entre les deux aspects que j'ai énoncés juste avant. Seigneur, Marie, Jésus... Non. Mais alors non, vraiment pas. Il faut rentrer maintenant Monsieur. Il se fait tard.

Direction l'espace presse histoire de mettre sur papier quelques lignes. Une Anglaise m'approche pour "joindre nos tables afin de mieux les garder" et me lâche un "Oh, sure" bien dédaigneux quand j'ai le malheur de lui répondre que non, je suis là pour bosser (ouais, je travaille à l'ancienne, je prends des notes. Plein de notes. Sur un carnet. Avec un stylo !!!).

"Oui, Madame, je travaille !!! Et je m'hydrate en même temps." La réplique est sans doute partie avec moins de tact que prévue - ou alors était-ce sciemment calculé ?! - puisque la petite bimbo s'est vite repliée dans son coin.

Je vais bientôt voir coup sur coup High On Fire et Motörhead. L'héritier et le Roi. Le Patron.

Puis merde, pas le moment de venir me taper sur le système, je vais bientôt voir coup sur coup High On Fire et Motörhead. L'héritier et le Roi. Le Patron.

Arrive un des groupes que j'attendais le plus de tout le festival : High On Fire. Matt "Dieu ne porte pas de tee-shirt" Pike sur scène, c'est toujours un "truc" à ne pas rater, surtout que leur nouvel album est une formidable claque et que je salivais d'avance à l'idée de me faire mazibler la gueule à grand coup de riffs tous plus acérés les uns que les autres. Je ne vais, partiellement, pas être déçu du voyage. Anciens, nouveaux morceaux, c'est claque sur claque, ma nuque chauffe, ma petite mimine se retrouve pointée vers les cieux. Pike magistral comme à son habitude, bassiste et batteur au même niveau et un méchant concert où les bûches tombent comme des flocons durant une tempête de neige.

Seul bémol : mais putain de pute, c'est qui cet ingé son ???!!! Sérieusement, le concert de Truckfighters l'a prouvé quelques heures avant - bien d'autres le prouveront aussi - le son sous la Valley peut être dantesque. Alors pourquoi, oui, POURQUOI celui de HOF est aussi... Brouillon. Pour ne pas dire pire. Arf...

Comme un signe divin, en attrapant une énième bière pour partir devant Motörhead, une belle et profondément bonne âme m'offre du Jack Daniels. Des Jack pour être plus précis.

"WE ARE MOTÖRHEAD AND WE PLAY ROCK'N ROLL"

Cette phrase, je l'ai entendue bien des fois. Toujours avec le même plaisir. Toujours en sachant ce qui allait suivre : une soirée géniale, un son énorme, la voix unique de Lemmy, l'énergie, un bonheur palpable et tangible, les lignes de basse qui fracassent. Ce soir... Ce soir, les choses seront différentes. Si vous suivez un peu l'actualité du groupe, vous savez que Lemmy a eu de gros problèmes de santé ces derniers temps. Ce mec représente pour moi - et pas mal d'autres - une légende. Une sorte de pilier sur lequel on peut reposer son Amour du Rock et des toutes les valeurs qui y sont collées. Là, j'ai un brin mal au coeur. Lemmy est tout sauf au top de sa forme. Tout sauf en forme en fait. Et la prestation s'en ressent. Ne comptez pas sur moi pour descendre le groupe. Je ne le ferai pas. Sans doute suis-je un peu trop émotionnel sur le coup alors je me replie avec des amis pour discuter de souvenirs de précédents concerts et - diable, mais qui est cette personne ?! Existe-t-elle vraiment ?! - comme pour me consoler, l'âme charitable nous ramène des tournées de Jack. Et nous levons nos verres, grand sourire sur tous les visages, quand les premières notes de "Ace Of Spades" retentissent.

Quand votre organisme ne supporte ni le soleil ni la chaleur qui l’accompagne, la Warzone est votre pire ennemie. Après l’avoir consciencieusement évitée depuis l’ouverture des portes, je m’y précipite alors que l’après-midi touche à sa fin. Etrange ? Pas vraiment quand on sait qui s’apprête à y jouer. Peu de groupes méritent qu’on leur sacrifie des litres de sueur et de crème solaire indice 50 mais Oathbreaker est clairement l’un d’entre eux. Je me fais happer par ce concert en quelques secondes. Tout disparaît : l’impitoyable soleil au-dessus de nos têtes, la chaleur étouffante, ce type bourré qui hurle à quelques mètres. Le temps semble suspendu aux cris de Caro et l’atmosphère est tellement lourde qu’elle en devient presque palpable. La musique prend des allures d’envoutement, surtout quand le rythme se fait plus lancinant, et au moment où tout s’arrête, le retour à la réalité est extrêmement violent…. Une sacrée expérience. (Estelle)

Pour une bande de "fous furieux satanistes dangereux", vous ne croisez que des gens sympathiques et adorables

Passablement "hydraté" , je décide de faire l'impasse sur Envy (trop vu et leur dernier album me file des boutons). À la place, je me balade. Yep, c'est aussi un des intérêts du Hellfest. Le cadre, les gens, déguisés ou pas (quoique... Parfois, il n'est pas si facile de savoir si ils le sont ou non...) et cette ambiance... Pour une bande de "fous furieux satanistes dangereux", vous ne croisez que des gens sympathiques et adorables, toujours un petit mot d'excuse si on vous bouscule, toujours une petite phrase sympa ou même une discussion improvisée ou improbable quand vous attendez d'être servi au bar... Plus Bisounours que barbare... Heureusement pour moi, j'ai programmé une alarme afin de me souvenir d'aller sous la Valley pour Mastodon. Fini de marcher, je vais me poster devant le fleuron d'Atlanta. Et encore une fois - pas comme pour High On Fire et leur ingénieur son à moitié sourd. Oui, je l'ai bien en travers de la gueule et ce n'est pas près de passer - le son va être absolument génial. Et la prestation sera au même niveau. Mastodon, dans mon histoire personnelle avec eux, ce n'est pas que des bons souvenirs... Disons que ce soir, tout est pardonné. Les mecs sont heureux de jouer, heureux d'être sur scène au Hellfest et les titres s'enchaînent comme des coups de poing dans une ruelle sombre. Quand soudain... BOUM !!! Des titres de Leviathan. "Aqua Dementia" de nouveau en live, c'est comme un cadeau ! La puissance. Pardon... LA PUIISSAAAAAAAAAAANCE !!!

Vidé et tout en sueur, je retourne gribouiller mon carnet pour patienter avant l'arrivée de Meshuggah. J'ai perdu tous mes camarades, c'est donc en solo que je me dirige sous l'Altar. J'avoue : je ne suis absolument pas fan de metal, il n'est peut-être donc pas très pertinent que je donne mon avis sur leur concert. Le "néophyte" dira donc que "bordel, ça joue". Je suis incapable de ne pas trouver des liens très forts avec certains albums de jazz que j'apprécie. Bon, ok, du jazz en version semtex... Magistral.

Minuit a sonné il y a déjà un moment et Slipknot devrait commencer bientôt. Je ne peux y aller car j'ai un mot de mon médecin. Direction dodo.

 

Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH

Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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