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Hellfest 2015 - Jour 02 : "De l'enfer au paradis"

Portrait de Vincent Duke
Hellfest 2015 - Jour 02 : "De l'enfer au paradis"

Le soleil est déjà haut dans le ciel, je relis quelques notes, café à la main, et parcoure en même temps la programmation de cette journée. Oui, nous sommes le samedi 20 juin de l'an de Grâce 2015. Enfin. ENFIN !!! Aujourd'hui, je vais revoir Faith No More !!! (imaginez un kid de 15 ans dans les 90's en train de jumper comme un fou et vous aurez une idée assez précise de mon état).

Un des intérêts indéniables du Hellfest est de voir / rencontrer enfin des gens avec qui vous entretenez des relations continues en ligne toute l'année. Dans le cas qui nous intéresse : l'Alliance de la Bûche. Non, ce n'est pas une secte (quoique...) mais le rassemblement d'un peu près tout ce qui se compte d'asso / orga de concerts gras dans notre doux pays, plus quelques raclures notoires, aussi appelées journalistes. À savoir : Kongfuzi Booking, Make It Sabbathy, Metalorgie, Stoned Gatherings, Caught By The Fuzz, l'Amicale du Fuzz et vos serviteurs. Il n'a pas fallu longtemps pour nous découvrir quelques intérêts communs autres que la musique. Le rendez-vous était donc pris dès la veille. Les premiers arrivés se battraient jusqu'à la mort pour trouver un coin avec une table (et de l'ombre !!!) et nous commencerions la journée par un "petit apéro". Chose faite, nous discutons du programme de la journée. Premier arrêt OBLIGATOIRE : The Wounded Kings.

Autant balancer directement, je ne suis pas un fan du groupe. J'ai bien écouté leurs albums, pas qu'une fois, mais ça ne fait clairement pas partie de mes groupes préférés. Pour tout dire, je ne savais même pas que la chanteuse avait cédé sa place au premier chanteur... Arrivé un peu en avance, les balances vont pourtant me titiller l'oreille d'une manière loin d'être désagréable. L'expression me servira aussi pour décrire tout le concert qui suivra. Les Anglais jouent carré, du bon gros doom, bien lent. Donc, oui, comme je l'ai écrit, leur set sera loin d'être désagréable. Mais aussi loin d'être transcendant. Au moins, l'ingénieur son qui officie n'est pas comme celui pour High On Fire et le son est franchement bonnard (ouais, j'ai la rancoeur tenace).

Craft d'abord. Quand un groupe qui a sorti un album du doux nom de "Fuck The Universe" joue, il y a une sorte d'obligation morale d'y passer.

Pendant les heures qui suivent, je décide de faire le "noob" en festival et me balader de scène en scène. Valley, Mainstage, Temple Altar, ... Je passe partout. Toujours une bière à la main. Craft d'abord. Quand un groupe qui a sorti un album du doux nom de "Fuck The Universe" joue, il y a une sorte d'obligation morale d'y passer. Du concert de ASG, je n'ai que cette ligne de mon carnet : "C'était comment ? Sympa. Ou plutôt sympatoche." . Une autre ligne écrite de ma main résume assez bien ce que j'ai pu penser un bon nombre de fois pendant cette balade : "mais comment font-ils pour ne pas crever de chaud habillés comme ça ?". Franchement, les moines et autres vaches, Teletubbies, Neo de Matrix, etc..., vous avez mon plus grand respect. Moi-même déguisé moitié homme, moitié écrevisse, je finis par atterrir pour quelques titres devant L7 avec trois idées fixes : ces nanas ont La Classe Plus Un Milliard / je tuerais pour une bière / il faut que je trouve de la crème solaire.

Doucement, je réalise que oui, on est samedi soir, qu'il est seulement 19h30 et que oui, je suis assis - non, non, vraiment pas debout, mon postérieur cloué au sol - dans la Valley, qu'on vient de me tendre un verre d'un délicieux rouge et une tranche d'un non moins délicieux chorizo. Et cerise sur le gâteau, Brant Bjork joue. Accompagné de The Low Desert Punk Band, la figure emblématique de tout ce qui existe de stoner va bien justifier son mythe. Nous ne sommes plus à Clisson en Vendée mais bien au fin fond du désert californien (mais quand même avec de l'excellent vin rouge !) à être une salle entière à dodeliner de la tête en rythme. Putain de pute, ce rythme qui se dégage de chaque titre... Lent, chaud, agréable, ... Comme une suave caresse pour le corps et les hémisphères...

Arrive maintenant ce qui sera ma plus grande déception de tout le festival (oui, pire que l'ingé son de High On Fire) : Body Count. Pas que le concert ait été mauvais. Presque envie de dire "si seulement". Ça aurait voulu dire que j'étais devant. Car il est là le problème (certes, j'aurais dû le voir venir et agir en conséquence... Mais je ne voulais pas partir avant la fin de Brant Bjork) : impossible d'atteindre la War Zone. Je suis déception...

L'âme en peine, je file devant quelques titres de ZZ Top (ouais, pour le fun...) afin d'attendre l'arrivée de Orange Goblin sous la Valley. Si quelqu'un avait encore le moindre doute, il part en fumée : Ben Ward est un frontman, un vrai. Un des plus charismatiques qui existent.

"Let’s get fucking drunk together !"

Il est 21h30, c'est samedi soir au Hellfest devant Orange Goblin... Ouais, faisons ça !!! Il ne faut pas un titre au groupe pour se mettre dans la poche tout le public massé dans la salle. C'est immédiat, sans rémission, tout dans la gueule, chaque titre faisant monter la sauce un peu plus. Orange Goblin sur scène, particulièrement ce soir, c'est l'exemple vivant de la définition du Rock. Quatre musiciens tous aussi bons les uns que les autres, qui se donnent comme des diables piqués au PCP, un frontman déchaîné, haranguant la foule avec le brio du Très-Bas en personne, et cette Joie de se retrouver au milieu de tout ça. Au milieu des gens qui volent, des amis, du son dantesque, des bières, ... L'épiphanie par le Riff.

Enfin. Oui, enfin arrive LE concert. LE groupe. Celui pour qui je n'aurais raté cette édition du Helffest pour rien au monde : Faith No More. Tout de blanc vêtu, la scène couverte de fleurs, Faith No More en impose direct. Et le set qui suit... Doux Jésus... Qu'il s'agisse des facéties d'un Mike Patton en grande forme ; il nous annonce directement qu'il veut nous faire passer du festival de l'enfer à celui du paradis - diable m'est témoin, il va y arriver - et finira par échanger son tee-shirt immaculé avec celui orange d'un des mecs de la sécurité (Orange Is The New Black ?!).

Faith No More reste un groupe complètement à part

J'ai vu Faith No More quelques fois (sur une looooongue période...) et Patton avec presque tous ses projets. Mais là, ce soir, aucun doute : FNM, c'est plusieurs crans au-dessus de tout le reste. Et ce soir, ils sont particulièrement en forme. Je me retrouve à me dandiner comme une pompom girl (chorégraphie incluse) sur "Be Aggressive" et à reprendre le "refrain" comme un forcené quand "The Gentle Art Of Making Enemies" commence. Pas compliqué : anciens, nouveaux morceaux, il est impossible de faire une différence dans la cohésion du concert. Tout y passe... Magistral.

Et dans ce style tellement particulier qu'il leur ait absolument propre, le groupe termine son rappel sur "This Guy's in Love With You", une reprise de... Burt Bacharach !!! Je suis absolument fan de pas mal de ses titres et je ne peux que vous conseiller d'écouter "I Just Don't Know What to Do With Myself" par Dusty Springfield.

Un sourire vissé sur la gueule jusqu'aux oreilles, je jette un coup d'oeil à mes voisins proches. Idem pour eux. Faith No More reste un groupe complètement à part, un fourre-tout de styles et d'influences, une preuve et une démonstration qu'un "grand" groupe (comprenez "connu et qui ramène du monde") peut être réellement bon.

C'est après ce concert que le festival a choisi de balancer son "cadeau d'anniversaire". Pour les dix ans, nous avons droit à une petite rétrospective vidéo (touchante quand des images de feu Monsieur le Député Patrick Roy apparaissent) et à un feu d'artifice bien gras. Toujours ce sourire béat sur la gueule, je retrouve quelques camarades pour une petite pause / débrief de Faith No More dans les "bois" qui mène jusqu'à la War Zone. Ne cherchez pas le village des Orcs, il est là !!! Je ne ferai aucun autre commentaire sur ce passage.

Minuit arrive, Scorpions joue. Ces deux faits combinés me semblent être un signe divin que le moment de partir est arrivé.

Journalist, radio speaker, PR guy, booker, crate digger, community manager, promoter. Je pourrais aussi l'écrire en français, il est vrai...

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