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Hellfest 2014 - Jour 02 : "Cachez ce soleil que je ne saurais voir…"
Voix enrouée, cervicales douloureuses… J’émerge à peine d’une nuit beaucoup trop courte que déjà, les excès de la veille se rappellent à mon bon souvenir. Quand on a un minimum d’expérience du Hellfest, on sait que le deuxième jour est déterminant pour la suite du festival. Pas question donc de laisser la fatigue s’installer ni les petits bobos nous gâcher l’existence. Une seule solution : paracétamol, jus d’orange à volonté et petits pains au lait (il faut bien prendre des forces !).
Hark
Visiblement, tout le monde n’a pas eu la bonne idée de prendre sa dose de vitamine C ce matin. Je pense tout particulièrement au conducteur de la voiture bleu nuit immatriculée 44 derrière laquelle nous restons coincés une bonne partie du trajet. Sa lenteur nous fait perdre un temps précieux et quand nous atteignons enfin la Valley, Hark est déjà sur scène.
Heureusement, la petite vingtaine de minutes restante est largement suffisante pour confirmer tout le potentiel de ce groupe. Si on pense parfois aux regrettés Taint, la nostalgie est vite balayée par l’énergie de ses pépites stoner-rock, menées d'une main de maître par le seul et unique Jimbob Isaac. Quelle meilleure façon de sortir la Valley de sa torpeur matinale ?
Benighted
L’Altar est déjà en ébullition avant même que Benighted fasse son apparition. Nombreux sont ceux qui attendent avec impatience de prendre leur dose de brutal death, moi la première.
Aussi étrange que cela puisse paraître, écouter de la musique extrême a quelque chose de reposant après avoir enchaîné les genres alambiqués.
Oubliez l’image traditionnelle du riff basique accompagné de "gruik" rageurs car ici, on en est très loin. Le chaos ne parvient jamais à masquer le soin apporté à la structure des morceaux et aux différents éléments qui les composent. Quant au chant, il prend des allures de performance grâce à l’impressionnante tessiture vocale de Julien. Mon voisin ne cachera d’ailleurs pas sa surprise en découvrant qu’il n’y a qu’un seul chanteur sur scène…
Vous l’avez compris, Benighted ne fait ni dans la finesse ni dans la poésie, et il le fait rudement bien.
Burning Heads
L’apéro bat son plein dans le bois du Muscadet mais il est temps d’abandonner ce coin d’herbe ombragé pour rejoindre la Warzone et Burning Heads. Les membres du groupe plaisantent en disant qu’ils comptent jouer 15 morceaux en 15 minutes ; on n’en est pas loin. Peu de blabla durant les pauses, sauf pour donner un indice sur la teneur des textes (engagés, évidemment) ou pour balancer une connerie. Il ne faudrait pas non plus rester sérieux trop longtemps ! Elle est loin l’époque où Burning Heads accompagnait mes balbutiements dans le punk-rock mais force est de constater que la recette fait toujours mouche. Ah, qu’il est bon de retrouver ses premiers amours…
SubRosa
Retour sous la Valley pour SubRosa. L’an passé, le quintet de Salt Lake City a fait forte impression avec "More Constant Than The Gods" et ce passage à Clisson donne enfin l’occasion de les voir en France.
Constat immédiat, c’est fort. Beaucoup trop fort. La voix de Rebecca Vernon a du mal à s’extraire de la bouillie sonore mais au moins, on l’entend. Les chœurs assurés par les violonistes Sarah Pendleton et Kim Pack n’ont pas cette chance... De même, la plupart des passages au violon sont rendus inaudibles par cette overdose de basses. On doit donc se contenter du spectacle offert par les deux violonistes, pliées en deux sur leur instrument et/ou lancées dans un furieux headbanging. Les problèmes de ce type sont fréquents en festival, on le sait tous, mais ici c’est une partie non négligeable de l’identité musicale de SubRosa qui se perd. Heureusement, les choses rentrent dans l’ordre pour "The Usher". On peut enfin profiter des nappes de violons, des chœurs, du chant (pas toujours très juste, il faut le reconnaître) et se laisser aller à ressentir des vagues de frissons malgré la chaleur étouffante… Il était temps.
Shining
La déception. Son ombre plane, menaçante, jusqu’au moment où elle finit par s’abattre. Cette année, elle a jeté son dévolu sur une victime de choix : Shining. Tout avait pourtant très bien commencé : l’excellente "Han som hatar människan", Niklas Kvarforth en grande forme… Pourtant, au bout de quelques minutes, un malaise s’installe. Il ne me faut pas longtemps pour en découvrir l’origine. Des provocations de Niklas aux poses de ses collègues, tout est prévisible, surjoué. J’ai l’impression de voir une caricature de Shining sur scène. Même les morceaux que j’aime tant sur album sonnent creux. Tout le reste du concert, je garde l’espoir de retrouver le groupe que je connais mais plus les minutes passent, plus il diminue. Impuissante, j’assiste au coup de grâce. La déception a fini par gagner mais cette victoire a un goût bien amer.
Clutch
Le concert de Clutch doit débuter dans 30 minutes mais la Valley est déjà pleine à craquer. Les retardataires (sic) s’agglutinent en périphérie de la tente, cherchant désespérément à se frayer un chemin parmi la foule compacte. Peine perdue. A défaut d’avoir l’image, on a au moins le son. Et de ce côté-là, Clutch ne déçoit pas ! Le concert attaque très fort avec "The Mob Goes Wild" et la suite ne souffre d’aucune baisse de régime. "Earth Rocker", "Gravel Road", "Crucial Velocity"…. La Valley est aux anges. Chaque morceau est repris en chœur par des milliers de personnes, entièrement ralliées à la cause des Américains. Pas déstabilisé pour deux sous, Neil Fallon accompagne tout ce petit monde de ses lignes de chant au groove inimitable. Un grand moment de Rock’n roll.
Aerosmith
Les "grosses têtes d’affiche" de cette édition 2014 me laissent de marbre. J’ai vaguement entendu le concert d’Iron Maiden depuis mon point de chute et je comptais plus ou moins réserver le même sort à Aerosmith. Sauf qu’à la différence de Bruce Dickinson and co, les Américains ont acquis un capital sympathie en apparaissant dans un de mes films cultes. Après réflexion, je décide donc de faire une exception à la règle. Wayne et Garth, je vous dédie ce report.
Ecran géant, bande-annonce présentant le groupe et sa carrière, avancée de scène… On peut dire qu’Aerosmith a mis le paquet dans la scénographie. Pour mieux camoufler le reste ? Pour être tout à fait honnête, je m’attendais à un groupe vieillissant un peu mou de genou ; je me retrouve face à tout le contraire ! Steven Tyler, très en voix, enchaîne les pirouettes et les déhanchés dont il a le secret. Si Joe Perry et Joey Kramer assurent aussi leur part du spectacle, on ne peut pas en dire autant de Brad Whitford et Tom Hamilton qui semblent complètement éteints. Ils apparaissent d’ailleurs rarement sur l’écran géant. Coïncidence ?
Les tubes défilent : "Love in an Elevator", "Cryin’", "Dude (Looks Like a Lady)", "Walk This Way"… Même le fameux "I Don’t Want to Miss a Thing" a droit à son heure de gloire.
Y’a pas à dire, ils sont forts ces Américains.
Phil Anselmo
Le cumul fatigue-chaleur a finalement raison de mes dernières forces. Je dois me rendre à l’évidence : je ne suis pas en état d’assister au dernier concert de la journée, Phil Anselmo & the Illegals. Ce sacrifice me pèse et j’essaie de l’adoucir en me disant qu’à l’heure qu’il est, Phil Anselmo doit probablement être dans un état pitoyable et que la qualité du concert va forcément en pâtir. Si seulement j’avais su… Si j’avais su qu’en me rendant sous la Valley ce soir là, j’aurais droit à un véritable "best-of Anselmo" à base de Pantera et autres Superjoint Ritual, j’aurais pris du paracétamol, des litres de jus d’orange et des petits pains au lait. Cette deuxième journée se serait alors terminée bien différemment…
Crédits photos : Time Warp Photos + CSAOH
Quand je ne regarde pas une compétition de saut à ski, j'écoute de la musique à un volume sonore déraisonnable. |
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