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Hellfest 2012 - Jour 02 : seules les roses étaient fanées
Deuxième jour du Hellfest. Arrivée sur place vers midi, pour découvrir que la pluie nocturne a transformé ce champ de poussière en un marais boueux. Heureusement que j'avais prévu des vieilles fringues de quand j'avais 17 ans.
Je prends bien soin d'éviter la Main Stage dont on entend des braillements suraigus des kilomètres à la ronde, et fonce directement vers la Valley, pour voir mon groupe belge préféré, j'ai nommé Amenra. Je dois avouer que j'avais quelques réserves quant à la capacité du groupe à maîtriser une scène aussi grande et éclairée, en contraste total avec l'ambiance qu'ils instaurent habituellement en concert. Et pourtant, dés les premières notes de Razoreater, je comprends que ces gars-là n'en ont tout simplement rien à faire, et qu'ils pourraient transformer absolument n'importe quel endroit en une messe religieuse. Et le mot "religieuse" n'est pas ici choisi par hasard, le public buvant corps et âme cette noirceur se déversant sur eux; les bras se lèvent, les têtes se baissent avec docilité... les noms des albums de Amenra (tous composés du mot Mass, ou messe, suivi d'un nombre) sont finalement plutôt bien choisis. Le groupe, ayant substitué le manque d'éclairage qui leur est tellement cher par une fumée on ne peut plus épaisse, enchaîne sur un morceau que je ne saurais identifier, suivi par Am Kreuz, l'un de mes préférés du groupe. Je ne peux que remarquer que Collin, le chanteur, est plutôt en forme, et passera donc une étonnement grande partie du temps tourné vers le public, tout en nous déversant toute sa rage et fureur. Le groupe finira son set sur Silver Needle, Golden Nail, comme les deux autres fois que je les ai vu. Et comme les deux autres fois, leur set aura été une claque phénoménale, comparable à peu de sensations dans la vie.
Dur de tenir le niveau après une telle prestation, je préférerai donc aller faire un tour à la zone presse, et ne revenir que trois quarts d'heure plus tard, pour assister au set de Big Business, le groupe avec des bouts de Melvins. Pas grand chose à dire dessus, ne connaissant le groupe que depuis peu, si ce n'est que le concert présenté par le trio me paraîtra on ne peut plus honnête et énergique. Parfait donc pour se débarrasser du poids laissé par Amenra, et se mettre dans l'ambiance des concerts dits "normaux". Le public semble du même avis et une ambiance plus enjouée s'instaure rapidement sous la tente. Set fini, et je ne sais pas quoi faire. Aller shooter du black metal ou tenter une excursion à la Warzone (scène à laquelle je ne suis quasiment pas allé encore, si ce n'est un petit tour hier) ? Je tire à pile ou face: Warzone ça sera. Je m'y rends donc, pour découvrir un chapiteau quasiment vide; même les photographes seront au maigre nombre de trois (soit environ cinq-six fois moins qu'aux autres concerts). Et je dois avouer que je ne comprends pas vraiment pourquoi, puisque les Anglais de October File se lanceront dans un punk hardcore plutôt efficace, même si leur musique ne se démarque pas non plus énormément de ce que l'on peut entendre d'autre dans ce genre-là. Pas le temps de rester jusqu'au bout cependant, le mystère du public peu nombreux restera donc entier.
Bientôt 16h, je fonce donc à nouveau direction la Valley, pour le début du set des Italiens de Ufomammut. Ufommamut, c'est un peu mon groupe fantôme: j'ai eu l'occasion de les voir pas moins de trois fois, et aucune de ces trois n'a abouti, pour diverses raisons: manque de temps, un autre groupe jouant le même jour, et une autre raison sûrement très solide. Mais dès les premières notes, je commence à douter de la solidité de ces raisons, une question s'instaurant dans ma tête: pourquoi ? Pourquoi n'ai-je pas vu ce groupe avant ?? C'est extrêmement lourd et massif, tout en restant suffisamment mélodique, notamment grâce à un bassiste alternant notes vrombissantes et effets psychédéliques, et je suis totalement pris dans le groove de ce trio. De plus, le son est nickel, nous assénant de juste ce qu'il faut de basses fréquences, mais en gardant les instruments suffisamment distincts pour bien pouvoir profiter de chaque note. Une chose est sûre, je ne pense pas les louper une quatrième fois.
Hop, c'est parti pour une autre pause, non seulement par manque de trucs à voir cette fois, mais aussi parce que mon collègue Vincent Duke vient de débarquer, pour se mettre à ses activités habituelles, soit croiser des personnes qu'il connaît toutes les deux secondes et sortir des pichets de bière du vide. On subit pendant quelques temps Within Temptation qu'on entend jouer sur la Main Stage, puis vient enfin l'heure de Saint Vitus. Je préférerai laisser la main au Duke à partir de là, son arrivée coïncidant étrangement avec le début d'une série de trous de mémoire. Petit spoiler: Refused c'était trop cool.
Et si seulement le "problème" de mémoire avait aussi pu m'affecter, j'aurais oublié mon trajet (et surtout le mec qui ne portait qu'un string vert fluo mais c'est une autre histoire)… Après un voyage en grand serpent de fer qui a pris bien trop longtemps, je ne dois mon arrivée sur le site du festival que par la gentillesse d'un chauffeur de taxi qui avait fini son service et rentrait chez lui. Parce que, arrivé en gare de Nantes... Rien. Pas une indication, pas une navette, pas un bus, pas un train pour Clisson. Pas le samedi en tout cas. Les camarades que je devais rejoindre m'ont averti : hors de question de prendre une voiture en fin d'après-midi. Les routes sont couvertes par la gendarmerie, les douanes, etc... Passé un certain âge, vous faire contrôler comme le dernier des criminels est un exercice que vous souhaitez éviter à tout prix. C'est donc après une dizaine d'heures de train, un trajet Nantes-Clisson miraculeux et quelques centaines de mètres à pied que je finis par avoir mon pass et retrouver "l'équipe". Tout juste le temps d'avaler une bière que Saint Vitus commence. La Valley va devenir un grand temple du doom durant tout leur set. C'est carré et puissant, sur les anciens comme les nouveaux titres, et le "petit nouveau" (tout est relatif) batteur apporte un plus de sauvagerie aux riffs de Chandler. Un bon gros moment. No, we are not born too late. Arrive une des têtes d'affiche du festival : Guns 'n Roses. Enfin, ce qu'il en reste... Je m'installe stratégiquement devant la Main Stage et j'attends. Le concert commence. C'est joli, il y a des grands écrans, des lumières, etc... Mais putain de pute, c'est quoi cette blague?! Alors, je sais, il faut faire venir des gens, ce n'est pas pour une programmation excellente que le chaland se déplace, pas pour remplir la jauge d'un tel événement, mais quand même... Le concert tient plus du pathétique que... En fait, oubliez ma dernière phrase. Le concert EST pathétique. Zéro, rien. Direction Entombed. Et là... Pas de doute, ça groove et ça décalamine les conduits auditifs. Les Suédois connaissent la chanson et ils se font plaisir. Donner et recevoir. Méchant, evil, rentre-dedans. Je tiens à remercier personnellement par cette chronique tous les membres du groupe. Sans eux, j'aurais du subir les Guns et, franchement, j'ai déjà des mauvais souvenirs pour plusieurs vies.
Mais l'Heure approche. LA raison qui m'a "obligé" à venir au Hellfest : Refused. Je ne rentrerai pas dans la polémique que je comprends et soutiens d'une certaine manière quant à la reformation du groupe. Tout ce que je sais dans les minutes qui précèdent le début du concert, c'est que je vais enfin rattraper une erreur commise il y a dix-sept ans. Je vais enfin voir un des groupes qui a eu le plus d'importance dans ma vie et, par certains aspects, m'a conduit là où j'en suis. Petits frissons de groupie, joie et extase. Les "tubes" comme New Noise ou Rather Be Dead sont tout simplement hallucinants, mais pas un seul titre de ce groupe n'est mauvais donc bon... Refused est un groupe racé, avec ce petit quelque chose en plus qui fait les grands. Un moment que je ne suis pas prêt d'oublier. Mon erreur est réparée. Je peux aller me coucher tranquillement, un sourire béat aux lèvres. Une bonne nuit de sommeil avant d'attaquer la dernière journée...
Ayant prévu un autre tour à la Warzone pour Cancer Bats, je suis finalement pris d'un coup de flemme (d'autant plus que je les ai déjà vu en 2010), et me re-octroie une pause. Oui, honte à moi. Ce n'est donc qu'à 18h que je reprendrai les concerts, avec Unsane passant à la Valley (oui, encore et toujours). Extrêmement énergiques, les New-Yorkais se lâchent, et même si, une fois n'est pas coutume, je ne connaissais que très peu l'oeuvre de ce collectif, je ne peux qu'avouer que ces gars-là s'y connaissent en noise-rock. A approfondir d'urgence. Petit détour vers Altar pour jeter un oeil à Shining, pour un résultat un peu décevant visuellement (c'est moins drôle quand les musiciens ne sont pas maquillés en pandas) et relativement correct (bien que pas transcendant) musicalement, et je reviens vers ma Valley chérie, pour un coup de YOB. Honnêtement, je n'ai jamais réellement accroché à ce groupe, en grande partie à cause de la voix, au point même que j'ai hésité à aller les voir. Heureusement que j'ai changé d'avis au dernier moment. Premier constat: dieu que c'est gras ! Les riffs de guitare dégoulinent tous simplement dans mes oreilles, tout en restant suffisamment lourds et puissants pour lancer le public dans une grande série de headbangs bien amples. Et la voix alors ? Métamorphosée, tout comme son propriétaire. Car si Mike Scheidt n'a rien d'impressionnant lorsqu'on le croise dans le public du Hellfest, je peine à le reconnaître une fois sur scène. Exit le sieur discret aux allures mi-hippie mi-hardrockeux âgé, c'est un monstre au charisme dépassant le plafond du chapiteau qui se lance partout sur scène, en jetant des regards sauvages à l'audience. Et sa voix n'est pas en reste, bien plus rocailleuse et maltraitée que sur album. Excellente surprise pour ma part donc.
Hop, c'est parti pour une autre pause, non seulement par manque de trucs à voir cette fois, mais aussi parce que mon collègue Vincent Duke vient de débarquer, pour se mettre à ses activités habituelles, soit croiser des personnes qu'il connaît toutes les deux secondes et sortir des pichets de bière du vide. On subit pendant quelques temps Within Temptation qu'on entend jouer sur la Main Stage, puis vient enfin l'heure de Saint Vitus. Je préférerai laisser la main au Duke à partir de là, son arrivée coïncidant étrangement avec le début d'une série de trous de mémoire. Petit spoiler: Refused c'était trop cool. Et si seulement le "problème" de mémoire avait aussi pu m'affecter, j'aurais oublié mon trajet (et surtout le mec qui ne portait qu'un string vert fluo mais c'est une autre histoire)… Après un voyage en grand serpent de fer qui a pris bien trop longtemps, je ne dois mon arrivée sur le site du festival que par la gentillesse d'un chauffeur de taxi qui avait fini son service et rentrait chez lui. Parce que, arrivé en gare de Nantes... Rien. Pas une indication, pas une navette, pas un bus, pas un train pour Clisson. Pas le samedi en tout cas. Les camarades que je devais rejoindre m'ont averti : hors de question de prendre une voiture en fin d'après-midi. Les routes sont couvertes par la gendarmerie, les douanes, etc... Passé un certain âge, vous faire contrôler comme le dernier des criminels est un exercice que vous souhaitez éviter à tout prix. C'est donc après une dizaine d'heures de train, un trajet Nantes-Clisson miraculeux et quelques centaines de mètres à pied que je finis par avoir mon pass et retrouver "l'équipe". Tout juste le temps d'avaler une bière que Saint Vitus commence. La Valley va devenir un grand temple du doom durant tout leur set. C'est carré et puissant, sur les anciens comme les nouveaux titres, et le "petit nouveau" (tout est relatif) batteur apporte un plus de sauvagerie aux riffs de Chandler. Un bon gros moment. No, we are not born too late. Arrive une des têtes d'affiche du festival : Guns 'n Roses. Enfin, ce qu'il en reste... Je m'installe stratégiquement devant la Main Stage et j'attends. Le concert commence. C'est joli, il y a des grands écrans, des lumières, etc... Mais putain de pute, c'est quoi cette blague?! Alors, je sais, il faut faire venir des gens, ce n'est pas pour une programmation excellente que le chaland se déplace, pas pour remplir la jauge d'un tel événement, mais quand même... Le concert tient plus du pathétique que... En fait, oubliez ma dernière phrase. Le concert EST pathétique. Zéro, rien. Direction Entombed. Et là... Pas de doute, ça groove et ça décalamine les conduits auditifs. Les Suédois connaissent la chanson et ils se font plaisir. Donner et recevoir. Méchant, evil, rentre-dedans. Je tiens à remercier personnellement par cette chronique tous les membres du groupe. Sans eux, j'aurais du subir les Guns et, franchement, j'ai déjà des mauvais souvenirs pour plusieurs vies.Mais l'Heure approche. LA raison qui m'a "obligé" à venir au Hellfest : Refused. Je ne rentrerai pas dans la polémique que je comprends et soutiens d'une certaine manière quant à la reformation du groupe. Tout ce que je sais dans les minutes qui précèdent le début du concert, c'est que je vais enfin rattraper une erreur commise il y a dix-sept ans. Je vais enfin voir un des groupes qui a eu le plus d'importance dans ma vie et, par certains aspects, m'a conduit là où j'en suis. Petits frissons de groupie, joie et extase. Les "tubes" comme New Noise ou Rather Be Dead sont tout simplement hallucinants, mais pas un seul titre de ce groupe n'est mauvais donc bon... Refused est un groupe racé, avec ce petit quelque chose en plus qui fait les grands. Un moment que je ne suis pas prêt d'oublier. Mon erreur est réparée. Je peux aller me coucher tranquillement, un sourire béat aux lèvres. Une bonne nuit de sommeil avant d'attaquer la dernière journée...
Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
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