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Hellfest 2014 - Jour 03 : "The sun sets forever over Blackwater Park"

Portrait de Estelle
Hellfest 2014 - Jour 03 : "The sun sets forever over Blackwater Park"

Dimanche, 9h30. Le réveil sonne et j’ai l’impression que je viens juste de poser ma tête sur l’oreiller. Les gestes sont lents, le petit-déjeuner silencieux. Le manque de sommeil accumulé depuis deux jours se fait cruellement sentir mais le festival fermant ses portes dans quelques heures, ce serait dommage de ne pas en profiter au maximum. La grasse mat’ peut bien attendre un jour de plus.

Cobra

Vu le nombre de t-shirts Cobra aperçus au cours des deux derniers jours, pas étonnant que la Warzone bouillonne d’excitation malgré l’heure matinale.

...un festivalier a passé plusieurs minutes à lancer une pluie de confettis multicolores en plein milieu d’un pogo

Ce premier concert de la journée est à l’image de Cobra : un joyeux bordel. Ca ne chante pas toujours juste, les textes atteignent des sommets de second degré, le son de la boîte à rythme est dégueulasse… Et le public adore ! Impossible de décrire tout ce qui se passe dans la fosse, un report n’y suffirait pas. Je me contenterai juste de donner un petit exemple que je trouve particulièrement représentatif de l’état d’esprit général : un festivalier a passé plusieurs minutes à lancer une pluie de confettis multicolores en plein milieu d’un pogo. Je vous l’ai dit, un joyeux bordel.



The Ruins of Beverast

Quand Théo de Pelecanus me conseille de faire un tour sous la Temple à 12h50 en ajoutant que je ne devrais pas être déçue, je n’hésite pas une seconde.

Autant vous dire qu’après Cobra et son grand n’importe quoi, le black-doom monolithique de   The Ruins of Beverast est un choc. Ici, chaque morceau est une ode à la lourdeur. Tout est tellement lent et pesant que ça en devient presque hypnotique. Face à une musique aussi exigeante, il faut redoubler d’efforts pour ne pas déclarer forfait après quelques minutes. Et si on parvient à passer ce cap délicat, on n’attend plus qu’une chose : que cette masse de notes et de noirceur nous submerge entièrement… Bravo Théo, tu as encore vu juste.



Seether

Seether est typiquement le genre de groupe pour lequel je ne me serais jamais déplacée en concert. A l’époque de leur explosion médiatique, je les avais catalogués "sous-groupe de grunge apparu 15 ans trop tard", entraînant de fait un désintérêt immédiat. Pourtant, je suis bien devant la Main Stage 1 en ce début d’après-midi. Qu’est-ce qui a changé depuis ? Pas grand-chose, si ce n’est que de récents échos ont fait état d’une évolution prog sur les albums récents et qu’ils ont éveillé ma curiosité. Inutile de faire durer le suspens : s’il existe vraiment, ce virage musical n’a pas du tout été mis en avant durant ce concert. Malgré cette déception toute relative, j’ai quand même passé un excellent moment. La musique de Seether ne révolutionne rien mais elle n’en reste pas moins bien ficelée et à ma grande surprise, je me suis facilement laissée embarquer.



Black Tusk

Leurs morceaux sont certes efficaces mais il leur manque ce petit quelque chose qui les différencieraient une bonne fois pour toute de leurs glorieux aînés.

Les Hollandais d’Urfaust ayant malheureusement été obligés d’annuler leur venue au dernier moment, je décide de me rabattre sur Black Tusk. Génies pour les uns, pâles copies pour les autres ; les avis sont partagés dans mon entourage et après ce concert, je comprends mieux pourquoi. Sur scène, Black Tusk envoie du bois, aucun doute là-dessus. Les trois membres du groupe occupent l’espace comme s’ils étaient deux fois plus nombreux, un grand sourire vissé aux lèvres. Musicalement, on est dans le bon vieux stoner des familles à la Baroness / Kylesa, ce qui pourrait être un compliment pour certains mais qui devient un problème chez Black Tusk. Leurs morceaux sont certes efficaces mais il leur manque ce petit quelque chose qui les différencieraient une bonne fois pour toute de leurs glorieux aînés. Ils ont le potentiel pour y parvenir, c’est certain. Reste juste à se lancer.



Behemoth

Tandis que le soleil se voile, des silhouettes encapuchonnées s’avancent sur la Main Stage 2, torches à la main. Elles enflamment deux vasques encadrant la batterie puis attendent, impassibles, que leur leader prenne place. Quelques secondes plus tard, les premières notes de "Blow Your Trumpets Gabriel" retentissent. La cérémonie peut enfin commencer...

Tout le concert de Behemoth sera à l’image de cette entrée, orchestré au millimètre près. Pas un moment clef sans son lot d’artifices. Du changement de tenue à l’allumage quasi rituel des fameuses vasques et autres croix inversées, tout a été pensé dans le moindre détail. Pour autant, cette mise en scène n’éclipse jamais le principal, la musique. Les deux sont même intimement liées et rendent l’expérience beaucoup plus intense, transformant ainsi le simple concert en spectacle dans le sens noble du terme.



Spirit Caravan

Scott "Wino" Weinrich est un habitué des lieux.

Après une pause ravitaillement accompagnée par Soundgarden, retour sous la Valley.

Scott "Wino" Weinrich est un habitué des lieux. Pas une année ou presque sans que l’un de ses projets fasse un crochet par Clisson. 2014 ne fait pas exception à la règle et le voilà qui débarque avec Spirit Caravan. Après une décennie de silence, le groupe culte se reforme pour la plus grande joie des fans.

Fan, je ne le suis pas. C’est peut-être ce qui explique pourquoi ce concert me plonge dans un ennui profond au bout de trois morceaux. Que les choses soient claires, je suis la première à reconnaître les qualités musicales de Wino mais à force de le voir partout, tout le temps, je sature. Trop, c’est trop. J’ai l’impression que tous ses projets sonnent exactement de la même façon alors qu’au fond de moi, je suis persuadée qu’ils ont tous une identité qui leur est propre. Ce soir, le rejet est trop profond pour laisser une chance à Spirit Caravan, aussi culte soit-il. Je finis par jeter l’éponge, abandonnant prématurément ma tente bien aimée. La séparation est violente, abrupte, et il faudra quelques titres d’Emperor pour atténuer la douleur…



Opeth

Nimbé de cette classe si caractéristique, Mikael Åkerfeldt frôle la perfection.

"Opeth ne peut décemment pas se contenter de la Altar, l’organisation va bien finir par les déplacer sur une des deux Main Stage". On y a cru jusqu’au bout, en vain. C’est donc sous  une tente pleine à craquer que Mikael Åkerfeldt et ses comparses vont donner le meilleur concert de la journée.

La sortie de "Pale Communion" étant imminente, il aurait été logique que le groupe en dévoile un peu plus sur ce nouvel album. Loupé. Ce soir, Opeth a décidé de fouiller dans son passé et d’en ressortir les plus belles pièces. Quelques titres récents sont glissés ici et là ("The Devil’s Orchard" et "Heir Apparent") mais ce serait mentir de dire qu’ils provoquent le même enthousiasme que leurs prédécesseurs, "Demon of the Fall" et "Deliverance" en tête.

Nimbé de cette classe si caractéristique, Mikael Åkerfeldt frôle la perfection. Chant clair ou growls, rien ne lui résiste. Et quand il n’est pas occupé par sa guitare et/ou son micro, il saute sur la moindre occasion pour partager une anecdote ou un trait d’humour avec le public.

C’est à "Blackwater Park" que revient l’honneur de clore non seulement cette petite heure de concert, mais aussi cette neuvième édition du Hellfest. On ne pouvait rêver mieux.



"The sun sets forever over Blackwater Park"

Chaque année, c’est le même rituel. Je retrouve mes amis dispersés aux quatre coins du site, nous prenons quelques photo-souvenirs puis nous nous séparons. Je marche quelques minutes avant d’atteindre une immense porte et quand je l’ai finalement traversée, je m’arrête quelques instants pour écouter le silence…

Le Hellfest est bel et bien terminé.

 

Crédits photos : Time Warp Photos + CSAOH

Quand je ne regarde pas une compétition de saut à ski, j'écoute de la musique à un volume sonore déraisonnable.

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