«J'espère que vous travaillez pas demain, parce que ça va être laitte!», lance Vince de Dopethrone avant de démarrer la machine. C'est parfait, ça va me libérer de la chanson de Katy Perry qui me trotte dans la tête depuis le début de la journée, ça va me purger des images de la vidéo qui l'accompagne, un truc léché qui verse dans la dystopie softcore, esthétique de dessin animé béat avec zombies politiquement propres et corrects.
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Sébastien
La journée dans le bruit et la poussière de l'atelier a été dure. J'ai peu de temps. Je prends ma douche et m'habille en vitesse avant de sauter dans l'autobus qui me mènera à Montréal. J'ai rendez-vous dans un pub, question de me mettre dans l'ambiance. Je sors de la station de métro. Il fait plus froid que je croyais. Le vent me fouette, je suis perdu. Je vais à gauche ou à droite? Où est la rue Sherbrooke?
Il y a quelques années, un ami qui n'avait pas une grande compréhension de l'univers du métal m'a questionné au sujet du style musical que j'écoutais alors avec assiduité, le Stoner rock. Il croyait que le nom de ce style musclé se rapportait à son côté primitif, le stoner rappelant l'«âge de pierre». Je songeai immédiatement au film La guerre du feu, je nous resservis du vin et lui annonçai que, malheureusement, il était bien loin de la véritable définition du genre qui a plus à voir avec la consommation d'une certaine épice qu'avec l'Homme de Néandertal.
C'est un phénomène connu. Lorsqu'on voit un groupe sur scène à plusieurs reprises dans un laps de temps plus ou moins court, il se produit souvent ceci: on s'y habitue, ça devient prévisible, on s'en détourne et on passe à un autre chose. Ghost ne fait pas exception à la règle. Un premier album coup de poing, une surprise rafraîchissante dans l'univers trop souvent stéréotypé du métal, un peu d'air frais, quoi, saveur rétro sauce XXIe, théâtralité, mystère et magie satanique en sus. Nous étions présents la première fois au Corona en janvier 2012, curieux de la musique, du groupe et du hype qui les entourait, pour cette brève (ils n'avaient qu'Opus Eponymous à nous offrir), mais combien percutante prestation qui nous laissa, outre les effluves d'encens, un souvenir indélébile du genre «mais on vient d'assister à quoi, là, nous?»
Marquez le jour du 23 octobre. Vhöl sortira son second album, Deeper Than Sky chez Profound Lore. L'extrait que j'ai pu entendre, "The Desolate Damned", m'a d'emblée convaincu. Le super-groupe composé de Mike Scheidt (YOB) aux voix, de John Cobbett (Hammers Of Misfortune, ex-Ludicra) à la guitare, de Sigrid Sheie (Hammers Of Misfortune, ex-Amber Asylum) à la basse et d'Aesop Dekker (Agalloch, Worm Ouroboros, ex-Ludicra) à la batterie, semble vouloir délaisser le petit côté Black qui assaisonnait son premier album pour nous plonger encore plus profondément dans l'univers du speed/trash metal old school du Bay Area. Full 80's comme diraient certains. Rien dans la démarche ne sent le réchauffé et la rétromanie. C'est un rendez-vous !