Près de quatre années se sont écoulées depuis que j’ai rédigé les premières lignes du Rien à foutre initial. Cette chronique a toujours été très personnelle, je suis privilégié d’avoir pu y faire des centaines de recommandations. Le concept m’a guidé vers un nombre de découvertes incalculables et a provoqué des amitiés qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire. Je suis totalement ravi de voir que mes compatriotes français se sont approprié l’idée afin de faire vibrer Paris et Lyon mensuellement.
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Noise
Salle comble pour le retour des enfants prodiges à la maison : à peine revenus de leur tournée européenne, les Montréalais de Solids ont embrasé la Casa del Popolo pour le plus grand plaisir de leur fanclub local. Tu n’as pas réussi à avoir de billet? Dommage, ça t’apprendra à procrastiner. Une soirée sauna + décrassage d’oreilles comme celle-ci, ça ne se refuse pas.
Ah, le « Made in France », ce doux concept qui a définitivement rendu ringard la marinière, merci Arnaud ! Niveau décibel par contre, le « Made in France » ça ressemble plutôt à cette longue liste de projets prometteurs que tu ne prends pas le temps d’écouter parce qu’en plus du poil que t’as dans la main, t’en as plein dans les oreilles. Anyway. Dans mon Ipod made in China il y a comme un attroupement de projets que je placerais sous l’étiquette « duo de math-rock/noise qui tache » ! Et c’est bien dans notre cher hexagone que ce type de sonorités se développe avec un certain brio depuis une bonne décennie en duo, en trio ou même à plus. Chacun fait ce qu'il veut, tant qu’il y a de l’amour… Ca ressemble à des groupes qui balancent des titres courts mais montés sur ressort, avec des noms de morceaux au goût souvent douteux mais toujours barrés. Voici donc 8 projets à suivre en urgence. En urgence oui, après il sera trop tard…
Guidé par J.R. Robinson, originaire de Chicago, Wrekmeister Harmonies est un collectif expérimental au lineup à géométrie variable. La preuve en est avec leur quatrième album en approche « Night of Your Ascension» programmé le 13 novembre prochain sur le prestigieux label Thrilljockey et qui réunira pas moins de 30 musiciens. Au programme pour cet album, Lee Buford and Chip King (tous deux membres de The Body), Alexander Hacke (Einsturzende Neubauten), Cooper Crain (Cave), Marissa Nadler, Mary Lattimore, Olivia Block, Eric Chaleff (Bloodiest), Dylan O’Toole et Ron DeFries (tous deux membres du groupe Indian), Bruce Lamont (Yakuza), Sanford Parker (Buried At Sea), Mark Solotroff (Anatomy Of Habit), Solomon Lee Walker, Chris Brokaw (Come), and Jaime Fennelly (Mind Over Mirrors). Ouf… Dégradé de noirceur, la musique de Wrekmeister Harmonies continuera sur «Night of Your Ascension » de voyager en terrain ambient, drone et doom. La preuve en est avec ce renversant premier extrait.
Certains concerts sont avant tout des rencontres. Au fil des années et de leurs tournées, chaque fois que les membres de Caspian sont montés sur scène, il y avait ce quelque chose en plus : cette générosité qui émane de leur performance, cette humilité, et leur passion pour leur art. Ce soir-là à Montréal, les cinq du Massachusetts commencent à peine leur tournée afin de présenter à leurs fans Dust and Disquiet, quatrième album studio tout récemment sorti sur Triple Crown Records.
Une ambiance particulière régnait au centre-ville de la métropole, le festival Pop Montréal avait concocté une soirée parfaitement saturée. Cannibal Ox prenait d’assaut le Club Soda, pendant que Tim Hecker dévastait le Centre Phi, sans oublier Motörhead qui comblait ses nombreux admirateurs avec un concert entier à l’Olympia. C’est à quelques coins de rues de là que j’avais décidé d’investir mon temps et mon argent, puisque Godflesh nous rendait visite pour la première fois de leur longue carrière.
Il y a ces périodes de pénuries de concert, où vos oreilles crient famine et vos langues pendent devant la programmation d’autres villes. Et puis il y a ces soirs où vous êtes face à un putain de dilemme qui vous fait regretter qu’en 2015 on n’ait toujours pas le don d’ubiquité. Le 21 avril est un de ceux-là, où il a fallu choisir entre l’épicerie et le marché. D’un côté, les chevelus de Red Fang et leur heavy/stoner burné à l’Epicerie Moderne, de l’autre, dälek, légende d’un hip-hop sombre et expérimental au Marché Gare. Je me suis laissée convaincre par dälek, trop rare sur scène pour passer à côté.
Un an après sa collaboration avec Red Fang, Kunz est de retour avec “Our Songs As A Public Space”. Luc Hess et Louis Jucker ont voulu faire les choses un peu différemment pour marquer les cinq ans du groupe. Après avoir pioché huit titres dans leurs archives, ils ont décidé de faire appel à plusieurs artistes pour les mettre en image. Une seule consigne a été donnée : utiliser l’espace public comme terrain de jeu. Trois vidéos ont d’ores et déjà été dévoilées, “Worm”, “Turn” et “Pilot”. L’album est quant à lui en écoute intégrale sur le Bandcamp d’Hummus Records. Inutile de dire qu’on vous le recommande vivement !
Old Man Gloom (avec des membres de Converge, Cave In et feu-ISIS) reviendra offrir un successeur à No (publié en 2012 et que j'avais durement chroniqué ici) le 11 novembre prochain. L'album intitulé « Ape of God » se verra publié via Profound Lore (adios Hydrahead Records donc) et sera suivi par un documentaire « Here is a Gift for You » signé Kenneth Thomas (réalisateur de Blood, Sweat and Vinyls : DIY in the 21 Century). L'automne sera simiesque, ou ne sera pas.
Seul, il faut être seul pour s’infliger proprement Will of the Abyss. N’écoutez pas cette oeuvre si vous n’êtes pas prêt à faire l’effort nécessaire. L’union entre Sorc’henn (Laurent Boulouard) et L’Acéphale (Set Sothis Nox La) n’en est pas une comme les autres, elle a la capacité de vous absorber, de vous anéantir. Les tambours, les crépitements et les chants mortuaires s’incrusteront dans votre esprit. Votre cerveau rendra l’âme et vous serez plongé dans un état de catalepsie. La réalité sera chambardée, la profondeur des sons vous engloutira.