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Caspian + Circles Take the Square 22/09/2015 @ Le Petit Campus, Montréal
Certains concerts sont avant tout des rencontres. Au fil des années et de leurs tournées, chaque fois que les membres de Caspian sont montés sur scène, il y avait ce quelque chose en plus : cette générosité qui émane de leur performance, cette humilité, et leur passion pour leur art. Ce soir-là à Montréal, les cinq du Massachusetts commencent à peine leur tournée afin de présenter à leurs fans Dust and Disquiet, quatrième album studio tout récemment sorti sur Triple Crown Records.
// Parlant de rencontre, c’est Philip Jamieson que nous avons rencontré dans les loges avant le show, pour une entrevue filmée autour de Dust and Disquiet. A (re)voir. //
Circles Take the Square ouvre la majorité des concerts de la tournée de Caspian en Amérique du Nord, un choix d’amitié, puisque les deux formations se côtoient depuis quelques années. Pourtant en apparence rien ne réunit sur le plan musical le post-rock à haute valeur émotionnelle de Caspian et le screamo bruyant de Circles Take the Square.
La performance du trio n’a pas réussi à soulever mon enthousiasme, ni celui des autres membres de la rédaction présents… Si la description fait mouche sur le papier : « un mélange expérimental de progressif et de hardcore DIY, de métal et de noise, caractérisé par une fusion naturelle de grindcore avec une dynamique à la guitare balayant le post-punk et l’emo », sur scène le rendu n’atteint pas mes espérances. Globalement ça sonne trop fouillis. Pourtant les chants se répondent bien, le criant féminin en écho aux ronds et lourds doubles chants masculins, la rythmique est forcément entraînante, voire entêtante. Ce qui m’a manqué, c’est de la structure avec des cassures, ou du contraste dans les tempos et enfin de l’ambivalence dans les lignes de guitares et de basses.
Il faut dire que tout mon enthousiasme était pour Caspian. Eux qui finalement n’ont pas peur d’inviter un groupe expérimental et axé sur le noise pour ouvrir leur post-rock - qui n’en est finalement plus peut-être.
Au jour de ce concert montréalais, Dust and Disquiet n’est pas encore sorti. Quelques morceaux ont filtrés, et je suis heureux de voir que l’on peut acquérir une copie de l’album à prix libre au merch. Comme Philip le décrit dans l’entrevue donnée avant le concert, Dust and Disquiet sort encore un peu plus Caspian de la sphère rock instrumental à l’agonie. Leur son évolue et cherche d’autres directions - mon dieu, qu’est-ce que ça fait du bien - et cela se ressent bien sûr dans leur performance scénique. Qui a vu Caspian il y a plusieurs années remarquera déjà les pieds de micro sur scène, ainsi que l’imposant stand avec clavier midi et ipad connecté. Du chant oui, et des apports électroniques, voici les deux principaux ajouts au post-rock de Caspian depuis l’album Waking Season, qu’ils font avec la manière et une exigence hors norme.
Le concert commence par un sample introductif puis s’enchaine par deux nouveaux morceaux de Dust and Disquiet, « Darkfield », puis « Echo and Abyss » qui inaugure le chant dans ce set. Si Dust and Disquiet parait un peu plus sage encore à l’écoute de l’album, sur scène cela n’a pas vraiment d’importance. La sincère énergie des cinq corps et leurs instruments est la même, la puissance des compositions est d’autant plus forte avec les parties plus retenues, et la subtilité de leur musique se marie toujours à merveille avec ce qui se dégage de leurs performances. Globalement, les autres titres du nouvel opus joués ce soir-là sont les titres les plus forts, peut-être les moins surprenants. On aura aussi droit plus tard à « Ríoseco » et « Arcs of Command ». Les autres albums ne sont pas en reste, puisque « ASA » et « The Dove » du premier album (2007) ont eu une belle place au coeur du set, ainsi que le contrasté « Of Foam And Wave » de Tertia (2009) et l’envoûtant « Gone in Bloom and Bough » de Waking Season (2012). La performance est dense, laissant s’écouler les minutes sans qu’elles ne passent dans notre espace temps collectif au Petit Campus, un moment suspendu.
Ce qui reste c’est la générosité du groupe, déjà dans l’application de faire vivre leur musique, leur art. Mais aussi dans la manière d’être, à l’image de Philip, qui a toujours le bon mot pour les fans présents, et pour exprimer à quel point ils sont heureux d’être sur scène ici et maintenant. Montréal, une ville où ils ont eu la chance de jouer alors qu’ils n’avaient sorti qu’un EP, une ville particulière où ils aiment revenir. D’ailleurs Philip nous glisse qu’ils reviendront début 2016. Une information qui montre bien leur affection pour Montréal. On attend déjà cette date, tellement la béatitude perdure après cette heure et demi passée en symbiose avec cette musique intense, émotionnelle et sincère.
Alors quand Caspian quitte la scène, on sait qu’ils vont revenir. Cet instant ne peut rester si suspendu après un tel embrassement. Voici le rappel, deux morceaux, mais pas de « Sycamore », ils retournent en backstage, mais les lumières ne se rallument pas… Ils reviennent et oui, cette fois-ci ce fameux morceau, devenu symbolique, laisse toute la fougue dévorer l’espace sonore de la petite salle montréalaise.
Passionnant de voir comment un groupe peut tant transcender sa musique pour offrir un tel moment, une telle rencontre…
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