Il est 19 h 30, je suis devant les Combustibles, et en attendant l'ouverture des portes (qui prend du retard), je bavarde avec des amis. "Oh non, je pense pas que ça sera violent", leur déclare-je alors. Si je pouvais remonter le temps, je jetterais un regard condescendant au moi du passé, lancerais un "oh qu'il est mignon", sur ce ton qu'on emploie face à un enfant extrêmement naïf, et lui enverrais une bonne baffe en pleine tronche, histoire de le préparer à ce qui l'attend ce soir.
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Paris
Si pour certains Scott Weinrich mérite l’appellation de Maître, pour moi c'est plutôt Michael Gira, leader du groupe Swans qui mériterait ce titre. Mais s'il est bien connu que Swans est Michael Gira, l'inverse n'est pas forcement vrai, puisque l'homme, loin de prendre sa retraite, officie aussi dans un nombre de side-projects plutôt considérable. Et c'est donc en solo que je vais le voir ce soir, au Point Ephémère.
J'ai découvert Russian Circles en 2008, avec l'album Station. Depuis, ils ont eu le temps de sortir deux autres albums, sans que je puisse les voir en live une seule fois. Evidemment, après quatre ans d'attente, je n'allais pas louper l'occasion de combler cette lacune, d'autant plus qu'ils sont ce soir accompagnés par Deafheaven, un groupe plutôt "trending" ces temps-ci, et qui figurait aussi sur ma liste de groupes à voir. Définitivement, ce soir j'ai de la chance.
Au lieu de vous parler une énième fois de ces groupes-qu'ils-sont-corrects-mais-sans-plus-en-studio-mais-qui-ont-l'air-pas-mal-en-live, je vais faire bref (du moins aussi bref que c'est possible au vu du début de cette phrase): pour moi, This Will Destroy You en fait partie. J'ai beau avoir écouté les deux opus du groupe, je n'ai jamais accroché plus que ça. Même une dernière écoute de Tunnel Blanket juste avant le show n'a pas réussi à me soutirer autre chose qu'un "oui, mais encore ?". Et cependant, après avoir vu quelques vidéos de leurs concerts, je n'ai pas hésité longuement en voyant cette date apparaître dans les méandres d'Internet. Le nom du groupe prendrait-il alors tout son sens en live ?
Après une brève réflexion sur "comment présenter cet article", j'ai décidé d'opter pour le système "heure: description", histoire d'oublier le moins de détails possible (et des détails, il y en a eu !). Et aussi parce que comme ça j'ai pas à me casser la tête avec des transitions à deux balles, et en plus c'est "in", ça ajoute du dynamisme, tu vois.
Il y a des concerts qu'on ne prévoit pas, auxquels on va juste parce que "hey, y a machin chose qui passe ce soir, c'est pas mal, tu viens ?". Alors on se fait une grosse séance de rattrapage sur l'artiste en question, dont on a maintes fois entendu parler, sans pour autant avoir pris le temps d'y jeter une oreille attentive, et on fonce. C'était le cas de cette soirée.
Ah, Earth. Mélodies très simples, mais rendues étonnement profondes par un subterfuge des plus obscurs, notes distillées au compte-gouttes comme les rations d'eau dans un désert aride, une ambiance unique qui sent bon le sable chaud et la chaleur étouffante ... Voici les images qui me viennent en tête lorsqu'on évoque ce groupe. Mais c'est aussi exactement le genre de groupes dont la musique est tellement personnelle qu'il devient très dur de juger de sa qualité en live, j'ai ainsi eu des avis très partagés de la part des personnes les ayant déjà vu. Alors, ça passe ou ça casse ?
En allant à ce concert, j'avais sérieusement peur, tellement The Chariot sont réputés pour la violence de leurs shows. Pas peur pour ma santé, je suis un warrior, mais plus pour mon appareil photo. J'ai même sérieusement envisagé d'y aller en touriste, les mains dans les poches, mais finalement le bon (enfin, pas tant que ça) sens a eu raison de moi, et je me suis donc retrouvé devant les portes du Divan du Monde avec tout mon équipement, afin de clôturer en beauté mon petit marathon de concerts de ce début de mars. Et je n'ai pas été déçu.
Décidément, c'est à croire que je suis abonné aux conditions extrêmes pour les photos, après un concert sous le signe du rouge dégueulasse, je retrouve une fois de plus un rouge constant, certes un peu moins dégueu, mais compensé par une fumée plutôt épaisse. Et sinon, le concert ? Ah oui, c'était pas mal. Voilà, report fini, vous pouvez continuer à regarder des vidéos de chats sur Youtube.
Un jour un collègue de la redac' (Vincent Duke, pour ne pas le citer) m'a dit "Hey, j'écoute un truc trop cool là, ça s'appelle Cult of Occult. Ça te dirait de faire une chronique ?". J'ai dit "ok" et ne l'ai jamais fait. Quelques temps plus tard, ce même collègue m'a dit "Hey y a Cult of Occult qui passent à Paris, en plus y a Wounded Kings, tu verras, c'est cool. Ça te dirait d'y aller ?". J'ai dit "ok" et y suis allé, parce que bon, j'aime bien les concerts.