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Russian Circles + Deafheaven 02/05/2012 @ Point Ephémère, Paris
J'ai découvert Russian Circles en 2008, avec l'album Station. Depuis, ils ont eu le temps de sortir deux autres albums, sans que je puisse les voir en live une seule fois. Evidemment, après quatre ans d'attente, je n'allais pas louper l'occasion de combler cette lacune, d'autant plus qu'ils sont ce soir accompagnés par Deafheaven, un groupe plutôt "trending" ces temps-ci, et qui figurait aussi sur ma liste de groupes à voir. Définitivement, ce soir j'ai de la chance.
Alors, pour commencer qu'est-ce que Deafheaven ? Et bien, c'est un groupe de... euh... shoegaze mélangé a du black metal signé chez Deathwish et ayant sorti leur premier opus, Roads to Judah en 2011. A vrai dire, je ne peux pas dire que j'ai vraiment accroché à l'album, il m'est même plutôt entré dans une oreille pour ressortir par l'autre aux deux premières écoutes, mais toute la hype autour de ce groupe me rendait plutôt curieux. Et bien, que dire si ce n'est que je vais devoir jeter une oreille plus attentive sur cet album, tellement la prestation de ces Américains aura dépassé mes attentes.
Tout commence alors que le guitariste de droite (portant un t-shirt Planning for Burial, ce que je ne peux qu'approuver) entame des petites notes éthérées... c'est doux, planant, et l'on se croirait presque à un show de post-rock, quand... BLAM, le quintet se lance dans un mur sonore d'une rare intensité, le premier d'une longue série. En fait, tout le show ne sera qu'une alternance de passages "aériens", aux guitares subtiles toutes en reverbes et de plongées aux abîmes, appuyées par une basse écrasante et par un batteur vraiment impressionnant. Même les passages où ce dernier s'excite sur sa grosse caisse à coups de double pédale (un élément de certains sous-genres de métal que je n'apprécie guère) ne me dérangent pas, tant ce martèlement incessant se fond bien dans la musique, en y ajoutant une intensité supplémentaire. Bref, tout est bon... Enfin, tout ? Presque, car personnellement, je ne serai pas vraiment convaincu par le chanteur. En effet, ce grand gaillard (ce n'est pas une métaphore, il doit faire deux mètres le type) passera tout le show (du moins sans compter les longues minutes pendant lesquelles il fixera le vide) à hurler d'une voix très "black metal", qui à mon gout ne colle pas du tout à la musique du groupe, et me semblera à la longue plutôt répétitive. Si je voulais chipoter, je pourrais aussi mentionner le statisme des musiciens, la moitié du groupe ne bougeant pas d'un poil pendant le set.
Mais ce n'est qu'un détail qui ne m’empêchera pas d’apprécier le concert, d'autant plus que le dernier morceau sera ponctué d'un moment plutôt audacieux: en plein morceau, alors que trois membres du groupe sont lancés dans un passage relativement calme, les deux autres (le bassiste et l'un des guitaristes) en profitent pour changer d'accordage, et rejoignent leurs comparses dans un passage final extrêmement heavy, nous écrasant par le poids des basses fréquences. Astucieux, inattendu et plutôt jouissif. Ainsi s'achève cette prestation, et même si je suis assez perplexe par le choix de la première partie (une bonne partie des fans de Russian Circles n'étant pas spécialement fan des sous-genres plus violents de metal), j'en suis suffisamment convaincu pour revoir ce groupe si l'occasion s'en présente.
Et pendant ce temps, ce sont les gars de Russian Circles qui s'installent sur scène. Un objet suscite en moi une inquiétude: une petite ampoule est installée en plein milieu de la scène. Ne serait-ce quand même pas le seul éclairage ?.. Non, mais pas loin, seuls deux spots blancs seront ajoutés sur les côtés de la scène, le tout ne prodiguant pas du tout des conditions optimales pour les photos. Tant qu'on est sur les points négatifs, je prends un peu d'avance en vous divulguant qu'à l'instar du premier groupe, le trio ne sera pas très actif sur scène, se cantonnant chacun à sa petite zone.
Bon, maintenant que j'en ai fini avec les points négatifs, il est temps de parler du show. Car si je n'avais qu'un seul mot pour décrire l'heure qui a suivi, ça serait TUERIE. En majuscules, oui monsieur. Les gars attaqueront plus fort, puisque le premier morceau sera Carpe, un excellent titre du premier album du groupe. Et d'ores et déjà, on peut constater que le son est impeccable, et que... wow, ces gars-là, ils maîtrisent. C'est hyper-énergique, et super impressionnant techniquement, tous les musiciens ayant l'air de maîtriser à la perfection leur instrument. Aucune fausse note ne sortira des amplis de Mike Sullivan (ayant pourtant un doigt cassé), et ses passages enregistrés puis passés en boucle à la volée n'auront aucun décalage avec la batterie de Dave Turncrantz, qui me donne l'impression de jouer des solos pendant la quasi-totalité du set, tellement son jeu sera nuancé et alambiqué, sans pour autant perdre de précision ni d'efficacité. Et la basse ne sera pas non plus en reste, ajoutant une couche de puissance aux autres instruments à coups de fuzz bien croustillant.
Le groupe enchaîne sur Harper Lewis, et... bon sang, ça valait bien la peine d'attendre quatre ans pour voir ça ! Je ne tiens plus en place, ma nuque commence déjà à me faire mal, et ce n'est que le deuxième morceau ! Cependant, mes ardeurs seront un poil calmées par la suite de la setlist, piochant dans les deux derniers albums (que j'avoue avoir délaissés, fan inconditionnel des deux premiers). Ceci dit, les morceaux en question (309, Geneva et Batu) sont exécutés avec la même aisance que les deux premiers, et ça reste un excellent moment (surtout Geneva, qui m'aura fait échapper un "hey mais c'est vrai qu'elle est cool cette chanson"). Et c'est parti pour un retour dans mes morceaux préférés avec Youngblood, alternant tappings subtils et gros riffs qui tachent. Toujours aucun faux pas, et je commence à soupçonner Mike Sullivan d'être un robot (ce qui expliquerait aussi pourquoi son pouce est couvert de métal). Dans tous les cas, il assure, je ne cesserai de le répéter.
Le groupe finira son set sur Mladek, avant de revenir pour un rappel. Gros suspense pour ma part, il reste un morceau pour que cette setlist soit à mon goût parfaite, est-ce qu'ils vont le jouer ?.. ET OUI, C'EST DEATH RIDES A HORSE ! C'est donc reparti pour une dernière session de headbangs sur LE surprenant et intense morceau qui à mon gout décrit le mieux la sonorité de ce groupe. Je ne pouvais rêver mieux. Je repartirai donc ce soir totalement comblé (enfin, sauf pour les éclairages). Franchement, s'il n'y avait qu'un concert de post-rock à voir cette année, ça serait très sûrement celui-là, et si vous n'y étiez pas, j’espère vraiment que vous aviez une bonne raison.
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
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