Alors qu'ils seront dans une poignée de semaines à Montréal épaulés par Converge et Amenra, Neurosis, les titans du post-metal étaient de passage au Roskilde Festival 2017 qui avait lieu en ce début de mois au Danemark. Au programme quelques classiques et surtout 3 nouveaux morceaux issuent du dernier album Fire Within Fires publié l'année dernière. Je vous laisse savourer, et surtout n'oubliez pas d'acheter vos places pour le concert du 1er août chez vos disquaires favoris.
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Scott Kelly
D'entrée de jeu, tenez-vous le pour dit, Neurosis a toujours le feu sacré. Le onzième et nouvel opus, Fires Within Fires, qui souligne les 30 ans du groupe, est magistral. Ils poursuivent le cheminement entamé avec "A Sun That Never Sets" c'est-à-dire des passages musicaux clairs/obscurs, des tendances folk sur les bords, quand même moins présentes que par le passé. Ne vous inquiétez pas, la lourdeur est toujours au rendez-vous.
A l’écoute du premier Corrections House, nous étions nombreux à nous demander si cet emballant projet resterait du one-shot, les talents de ce super groupe fourmillant de projets individuels et avec de groupes respectifs. Mais non, récidive ! Se tenir à carreau semblait trop leur demander, et nous sommes repartis pour un nouveau séjour carcéral « Dog Pound style » (un petit hommage pour l’occasion à Kim Shapiron, réalisateur français lui aussi intenable).
9 morceaux, 45 minutes, c'est à peu près ça qu'il faudra à Corrections House, soit Scott Kelly (Neurosis), Bruce Lamont (Yakuza), Mike IX Williams (Eyehategod) et Sanford Parker (Minsk), pour venir vous saloper les oreilles avec leurs compositions fleurant bon les meilleurs moments de la musique rock industrielle (Ministry, Skinny Puppy...). Know How To Carry A Whip repousse encore plus loin la profondeur et la négativité sonore de leur premier album, Last City Zero, publié en 2013, osant même sur celui-ci un interlude folk avec le sublime morceau Vision Divide. Disponible le 23 octobre via Neurot Recordings, Know How To Carry A Whip est définitivement un album de 2015 sur lequel il faudra approcher une oreille afin d'être happé dans l'univers joyeux de compositions telles que I Was Never Good At Meth ou Burn The Witness hmmm...
Tandis que je cheminais vers La Flèche d’Or, féérie de Noël oblige, entre sequins de lumière et cloches tintinnabulantes, je croisai Métro Simplon de sympathiques gentlemen en train de se fumer une bonne pipe de crack devant une foule de voyageurs pas très impavides. Quand l’un des ces lords s’agenouilla en poussant des cris de banshees pour recueillir compulsivement les miettes qui avaient pu lui échapper, je me fis la réflexion qu’il était grand temps de prendre mon train, pouvant encore sursoir à la fréquentation d’un camé en pleine crise de manque. Moyennant quoi, j’avais trouvé la métaphore de la soirée : la chimie.
À la fin de 2012, l’annonce d’un super-groupe composé de membres de Neurosis, Eyehategod, Minsk et Yakuza faisait jubiler. Le début de 2013 nous donnait un vidéoclip pour le morceau « Hoax the System ». Avec un visuel tout en noir et blanc et une certaine esthétique influencée neo-folk-Death-In-June, le titre démarrait en trombe dès la première minute avec ses effluves industrielles et sa rythmique martiale.
Comme chaque année le Hellfest propose, après son édition annuelle, des captations de très grande qualité des sets donnés durant l'évènement. Les premiers à ouvrir le bal ne sont autre que les Oaklanders de Neurosis pour 26 minutes de live. D'après ce que nous avons lu dans les méandres de la toile, une des captations Hellfest lives series devrait proposer un des sets qui a le plus marqué l'audience de notre communauté cette année : Cult of Luna.
Audacieux plateau concocté par la Villette cette année, puisque comme l’an dernier, le festival se paye une soirée rock agressif, metal, post machin, bref, ce que tu veux, mais qui, de fait, fait du bruit à base de guitares. L’audace se trouve dans l’affiche puisque 2013 voit la scène être partagée par Neurosis d’une part, groupe cultissime et essentiel, référence incontournable pour tous les manchots incapables de dépasser le 100 bpm sans se luxer un doigt, moult fois plagié et rarement égalé ; et Swans de l’autre côté, groupe cultissime et essentiel, référence incontournable pour bien des formations à travers le globe, y compris… Neurosis ! Le truc est d’autant plus curieux que Michael Gira ne cache que difficilement son manque d’amour total pour le metal, et qu’avec Neurosis il a de quoi être servi avec du rab et encore un doggy bag derrière. Enfin, Jarboe, ex-madame Swans a jadis enregistré un album avec Neurosis que Gira s’est toujours fait une joie de ne pas commenter. Tout le monde devait être décontracté en coulisse.
C’est dans la chaleur de la Californie, étonnamment, que nait Neurosis dans les années 80. Dans un élan créatif de jeunes gens qui, typiquement, s’emmerdent profondément, Scott Kelly, Dave Edwardson etJason Roeder, toujours membres, fondent le groupe pour jouer un punk hardcore teigneux et appliqué. Les mecs écoutent Amebix et Black Flag, prennent de la drogue (on est dans la banlieue de San Francisco), et publient deux albums que l’on qualifiera de dispensables, voir de seconde zone. Mais ce sont les multiples avancées qui feront l’identité et la puissance du groupe en devenir.
Le 22 décembre dernier, j'étais à Bruxelles pour la release party de Mass V d'Amenra quand Hugues de Castillo m'a proposé de filmer une interview de Scott Kelly présent pour l'occasion. Je n'avais croisé Scott Kelly que furtivement entre deux concerts, l'homme me semblait sympathique mais ce n'est pas le genre d'interview où tu arrives les mains dans les poches en sifflotant. Nous étions quelque peu, pas forcément intimidés, mais plutôt craintifs quant au déroulement de l'entretien à tel point que je n'ai malheureusement même pas essayé de lui demander de nous installer ailleurs que dans les loges roses et rouges de la salle qui n'étaient pas du mieux assorties. Bref après quelques frayeurs face, au début, à un Scott Kelly peu bavard voilà ce qu'il restera de ce moment finalement magique, humain et tellement touchant que je me fais une réelle joie de partager aujourd'hui, presque un mois plus tard. L'interview est suivie d'un extrait du concert de Neurosis à Paris dont j'avais filmé quelques extraits alors que j'étais venue pour capturer le concert d'Amenra qui ouvraient ce soir là la soirée et qui n'a jamais été posté sur le net jusqu'à maintenant. Photographie : William Lacalmontie