Mercredi 21 janvier 2014. Les notes de “A Multiplicity of Doors” envahissent mon appartement depuis quelques minutes quand je réalise soudain que je n’écoute Earth qu’en deux occasions : en fond sonore discret, un bon bouquin dans les mains, et au casque le soir, attendant patiemment que Morphée fasse son apparition. En résumé, l’extrême inverse d’un concert… Le doute m’envahit. Quel peut bien être le rendu d’une musique aussi posée que celle de Earth en conditions live ? Et surtout, vais-je réussir à laisser mes habitudes de côté et à l’apprécier dans ce nouveau contexte ?
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Dylan Carlson
A l'occasion de son passage à Paris le 9 août dernier, Dylan Carlson, guitariste et compositeur des antédiluviens Earth, a reçu Pelecanus au Point Ephémère afin d'évoquer son actualité, en groupe et en solo. Rencontre avec une légende. Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com
Toujours surprenant, mais de plus en plus courant : voir une salle parisienne pleine à craquer à l’occasion d’un concert instrumental et contemplatif en plein mois des grandes chaleurs. Le Point Ephémère fut à nouveau victime de la popularité toujours grandissante du groupe de Seattle, accompagnant le vaste mouvement du stoner et des musiques expérimentales.
25 ans de carrière musicale, 10 albums studios… La longévité de Dylan Carlson peut encore surprendre. Tout ceux qui auront visionné le documentaire Kurt & Courtney (Broomfield, 1998) se rappelleront peut-être d’un fantôme à la peau cireuse, couverte d’ulcères, d’un homme au bout du rouleau parvenu au dernier stade de la toxicomanie. Entendre Carlson s’entretenir avec Broomfield des problèmes de santé de Cobain était douloureux, tant il semblait évident qu’il serait le prochain sur la liste de la faucheuse. Bonne surprise, cela n’est pas arrivé.
C'est encore une fois à travers les somptueux artworks ethnico-mystiques de Stacy Rozich que Earth nous propose le deuxième et dernier volet d'Angels of Darkness, Demons of Light. Est-il encore nécessaire de présenter la carrière étonnante de ce groupe devenu mythique tout au long de leurs parutions ? Je me surprenais même à découvrir il y a quelques temps (sur le site de la violoncelliste du groupe Lorie Goldston) que des chroniques d'album du groupe étaient présentes sur des sites comme le New-York Times, le Guardian ou BBC Music, je me demande donc au passage où sont les journaux français qui auront l'audace et le goût de nous faire un jour ce cadeau.
Ah, Earth. Mélodies très simples, mais rendues étonnement profondes par un subterfuge des plus obscurs, notes distillées au compte-gouttes comme les rations d'eau dans un désert aride, une ambiance unique qui sent bon le sable chaud et la chaleur étouffante ... Voici les images qui me viennent en tête lorsqu'on évoque ce groupe. Mais c'est aussi exactement le genre de groupes dont la musique est tellement personnelle qu'il devient très dur de juger de sa qualité en live, j'ai ainsi eu des avis très partagés de la part des personnes les ayant déjà vu. Alors, ça passe ou ça casse ?
Salut à toi jeune dépravé, bienvenue dans un monde merveilleux, pas celui de Whirlpool, mais plutôt celui de la dépravation degueulasse, de l’endoscopie du cerveau et du hachage menu des neurones. En cette belle année 1993, pendant que tu te trémoussais sur les dance-machines de Bercy, un groupe inventait à lui seul un genre musical : le drone.
Dylan Carlson fait partie de ces musiciens dont le talent n'a d'égal que leur invraisemblance. Armurier d'un triste jour pour Kurt Cobain, drug-addict ayant élevé la musique à un niveau métaphysique rare, Carlson est un homme aux goûts défrayant la chronique (cf l'influence du groupe Tuareg nommé Tinariwen dans les influences de Angels Of Darkness, Demons Of Light I ou la forte impact de son amour pour la musique Country ou Jazz dans ses dernières compositions). Voici donc une anthologie des albums l'ayant fortement impacté tout au long de sa vie publiée aujourd'hui sur le site Pitchfork.com et traduit instantanément par nos soins.
C'est en allant sur le compte de l'émission musicale We Have Signal que je suis retombé sur le live de très bonne qualité de l'énormissime groupe Earth au BottleTree Café, Birmingham.