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Michael Gira + Kristof Hahn 09/04/12 @ Point Ephémère, Paris

Portrait de Andrey
Michael Gira + Kristof Hahn 09/04/12 @ Point Ephémère, Paris

Si pour certains Scott Weinrich mérite l’appellation de Maître, pour moi c'est plutôt Michael Gira, leader du groupe Swans qui mériterait ce titre. Mais s'il est bien connu que Swans est Michael Gira, l'inverse n'est pas forcement vrai, puisque l'homme, loin de prendre sa retraite, officie aussi dans un nombre de side-projects plutôt considérable. Et c'est donc en solo que je vais le voir ce soir, au Point Ephémère.

D'entrée, alors que la salle est encore quasiment vide, on peut remarquer que l'ambiance n'est pas exactement la même que d'habitude, tout semble plus détendu et cordial. On voit ainsi à plusieurs reprises les deux artistes de ce soir, Michael Gira et Kristof Hahn (membre de Swans lui aussi), traverser la salle, leur dîner à la main, en s'arrêtant régulièrement pour bavarder avec le public et les gens du merch. De même, point d'agitation sur scène, en plein milieu de laquelle trône une chaise solitaire entourée par quelques amplis. On est effectivement loin des soirées avec quatre groupes et des tonnes de matériel à charger/décharger.

C'est Kristof Hahn qui commencera donc cette soirée, et force est de constater que sa prestation n'est guère différente de la fois où je l'avais vu ouvrir pour Swans. Exactement le même univers simple mais authentique, dégageant une impression de nostalgie, exactement la même attitude amicale, avec des remerciements et des sourires entre chaque morceau, et même la setlist m'a semblé à quelques morceaux près identique à celle de son set en juillet. Nous avons donc droit à des morceaux en anglais, en allemand et même en français (avec notamment la reprise de "Je suis amoureux d'une cigarette"), le tout avec grande aisance et décontraction. L'ennui n'est pas au rendez-vous, il m'est en effet toujours aussi agréable d'entendre ces mélodies détendues. Le public partage à priori mon avis et s'avère plutôt enthousiaste, même si l'effet de surprise, présent la dernière fois, n'est plus vraiment là.

Et oui, car si la dernière fois, en guise de plat principal nous avions eu droit à une véritable explosion sonore, cette fois la tête d'affiche officie dans un genre similaire. En effet, pas d'amplis 200 watts pour Michael Gira, juste une guitare acoustique et le strict minimum d'effets suffiront. L'homme, par ailleurs impeccablement habillé (tout comme Kristof, à croire que le dress-code était de rigueur), commencera son set par une reprise de Swans, qui sera le morceau Jim. 

Tout de suite, toute cette douce nostalgie accumulée au cours de la première partie quitte mon corps, et est rapidement remplacée par un poids. Car même si le volume est très loin du niveau des shows de Swans (pour ma part je n'ai pas mis de bouchons une seule fois), il y a un petit quelque chose dans la musique, suffisamment discret pour que l'on n'arrive pas à mettre de mots dessus, mais suffisamment perceptible pour créer une légère sensation de malaise. Et ce n'est pas le regard transperçant de l'artiste qui arrangera les choses, alors qu'il enchaîne les morceaux de Swans (Eden Prison, She Lives!, My Birth) et d'autres morceaux, tirés de son oeuvre en solo, tels que Oxygen et Promise of Water. Cependant, son attitude est des plus chaleureuses (en dehors de l'interruption d'un morceau pour engueuler les personnes filmant avec leurs téléphones), et l'homme n'hésitera pas à répondre au public et à plaisanter entre les morceaux. Ce qui donne des dialogues de ce genre-là:

-"I'm gonna play you a last song, I think you had enough already."
-"No ! Never enough !"
-"Oh shut the fuck up. Anyway, if I play five more minutes, they'll put me to jail. Not that I mind, best sex I ever had."

Le concert finira sur une excellente version acoustique de God Damn the Sun, et le Maître quittera la scène après avoir eu sa dose d'applaudissements. Si à mon goût ça ne vaudra pas un concert de Swans, cette soirée n'en a jamais eu la prétention, officiant dans un registre beaucoup moins mystique, et bien plus proche du public. A réserver donc en priorité aux fans du personnage, histoire de patienter jusqu'au prochain passage de Swans dans le coin. Et en attendant, j'ai quand même réussi à placer le mot "Swans" pas moins de dix fois dans cet article.

J'aime les ours, le whisky et les internets.

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