Sur une terrasse, rue St-Denis, on se tape quelques bières avec une bonne bouffe, avant de s'enligner vers les Foufs. Le devoir éthique qui accompagne les attestations média nous appelle même si, parfois, les groupes d'ouverture ne sont pas à la hauteur, notre responsabilité de chroniqueurs et de photographe nous intime de nous y pointer, question de rendre compte de tous les groupes en place, surtout lorsqu'il s'agit de groupes montréalais. La scène locale est importante et nous faisons très souvent d'agréables découvertes/rencontres. Voilà pour le laïus.
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Montréal
La soirée d’ouverture de la troisième édition du festival Rrroooaaarrr avait beaucoup à offrir pour les fervents de musique lourde. Un programme double prenait place à La Vitrola et à la Sala Rossa, Bastard Noise et Pharmakon dirigeaient la première tandis que Windhand et Thou gouvernaient la deuxième. C’est finalement sur la seconde salle que notre coeur bascula afin d’expérimenter une magnifique soirée à thématique doom féminin, puisque quatre des cinq groupes comprenaient des musiciennes.
Cette fois-ci, je n'allais pas rater ma chance. Historiquement, les astres ne semblent pas s'aligner pour Crowbar et moi. À chacun de leur passage, je ne peux y participer pour diverses raisons. Le karma, probablement... Si je fouille, j'ai l'impression que ça remonte à l'été 2000, à la tournée de Black Label Society, de Crowbar et de Sixty Watt Shaman (qui venait de sortir Seed of Decades) qui s'arrêtait aux Foufs. J'avais décidé de rester peinard à la maison à contempler la lune et à compter les étoiles et les bouteilles de bière qui s'accumulaient autour du feu. Je l'ai regretté longtemps. Mais voilà, j'ai enfin la chance de me reprendre et de conjurer le sort. Direction Sala Rossa, boulevard Saint-Laurent.
Dix-neuf heures quarante-cinq, le soleil n'est pas encore couché. Ça fait tout drôle de le voir se refléter dans les miroirs du bar où j'ai pris place, tranquille sur mon tabouret. Show of Bedlam monte sur scène. La projection fait dérouler des formes, des couleurs sur l'écran. La voix de la chanteuse se promène au-dessus d'un brouillard de doom psychédélique. D'où je suis, je ne la vois pas. Elle est accroupie. Puis je l'aperçois, elle passe une main dans ses cheveux courts, elle crie, c'est lourd, c'est lent. De façon surprenante, le son est vraiment bon pour un premier groupe, ça vibre et c'est excellent.
Depuis plus d’un an, un nouveau visage commence à faire sentir sa présence dans la métropole québécoise. En effet, la nouvelle agence d’organisation de concerts Broken Chord fait vibrer la scène locale à un rythme étonnant. Deuxième d’un total de trois événements au mois de mai, la soirée faisant l’objet de cette chronique était certainement la plus violente de la jeune existence de cette maison de production. Le post métal hurlant de Goetia et Rhino allait croiser le fer avec la décharge de haine de Dark Circles, qui lançait par ailleurs la version vinyle de son plus récent album, MMXIV.
Odeurs d'épices et épaisses volutes de fumée, c'est ce qui nous attendait le 11 avril dernier aux Katacombes de Montréal où Dopethrone avait décidé de lancer son dernier album Hochelaga (ndlr : quartier populaire de Montréal où est implanté leur QG), programmé le 22 avril chez Totem Cat Records. Après une introduction sous le signe du rock experimental avec Squalor et du math/post-rock foutrement bien exécuté avec Tumbleweed Dealer, ça a donc été au trio québécois de retourner l'audience avec ses anciennes et nouvelles compositions. Retour en quelques photos sur l'événement, et si vous voulez y ajouter du son, l'album est disponible depuis peu sur Bandcamp. 'Sti.
Le 21 octobre 1983, j'ai 15 ans et j'assiste à mon deuxième ou à mon troisième concert, je ne sais plus. Les empreintes s'effacent. Black Sabbath est au légendaire Forum de Montréal. Une horde de poils envahit le métro et squatte le square Cabot juste en face. On s'installe en plusieurs groupes pour faire la fête, bien se préparer une tête avant d'entrer dans le Temple. Nous entrons, l'attente perdure. Le groupe de première partie, Nazareth, prend un temps incroyable avant de monter sur scène. Les rumeurs s'intensifient. Certains parlent d'overdose, d'autres de problèmes techniques. Ça buzze, ça boit. Plus de trente ans plus tard, tandis que j'attends sagement J à la station de métro Berri, c'est sur la page Facebook du spectacle que les rumeurs font surface. Satan's Satyrs ne jouera pas. N'y aura-t-il que deux groupes ? Devant moi, une nouvelle génération de rockers prend d'assaut les wagons. Eux aussi se rendent au Corona pour voir Electric Wizard, c'est certain. Jeans, manteaux de cuir, vestes de jeans avec patches, chaînes, cheveux longs. Ça fait du bien à voir cette relève, ça fait du bien de voir que non, nous ne sommes pas seuls.
L'hiver a été froid. L'hiver a été brutal. « C'est le printemps », chante la chanson. La dernière fois que les gaillards norvégiens d'Enslaved ont tenté d'emmener leur tournée à Montréal, une tempête a empêché les deux autres groupes qui les accompagnaient (Royal Thunder et Ancient VVisdom) de rejoindre les Foufounes Electriques. Seuls Enslaved, fidèles à leurs origines Vikings, sont parvenus à bon port pour monter sur scène avec un considérable retard et réserver à une poignée de braves spectateurs une prestation qu'on m'a dit mémorable. Cette fois-ci, avec le printemps qui se pointe timidement le nez, aucune inquiétude. Tous les groupes sont sur place.
Nous sommes en 2014. Je n'ai pas écouté ce qu'a produit le vieillissant Danois King Diamond depuis les belles années de Mercyful Fate, depuis mes années d'adolescence, de mes années de longs cheveux frisés, de jean ultra serré, d'espadrilles blanches avec la grande langue sale qui pend par devant et qui fait la grimace, les années glorieuses de cette veste de jean délavée aux manches coupées, ornée de patches et de noms de groupes dessinés au feutre portés comme de fiers graffitis ou les honneurs d'une guerre occulte dont l'origine s'est perdue dans l'épaisseur du temps. J'ai rendez-vous avec le maître de l'occulte kitsch qui a su influencer autant Marilyn Manson que Ghost.
C'est par un maussade dimanche de mi-septembre cisaillé par des températures d'arrière-saison et fleurant bon les feuilles mourantes, que les deux formations Illinoises de Russian Circles et The Atlas Moth ont décidé de venir visiter Montréal de nuit. Oui, c'est hot Montréal la nuit.