Godflesh avait pour habitude de terminer ses albums par une chanson qui annonçait la direction à venir sur le prochain, et C R O W N a visiblement fait de même.
Vous êtes ici
Chronique
Après avoir recueilli un certain succès critique avec son premier album entre black metal et sludge, Regarde les Hommes Tomber revient sans son chanteur original, U.W. d’Otargos, et avec un second album plus black-metal que sludge. Malgré l’accueil très positif fait à leur premier disque, je n’avais pas été emballé par celui-ci. Pas très original à mon goût, me semblant trop proche de AmenRa et de Celeste, sans la noirceur dégagée par chacun, et handicappé par une production assez boueuse. Regarde les Hommes Tomber n’avait pour moi qu’un nom plutôt cool, ce qui est déjà pas mal.
A leur manière, Kool Keith et L’Orange sont deux extra-terrestres dans le monde du rap. Le premier posait des rimes absurdes et surréalistes dans Ultramagnetic MCs depuis 1984 avant de passer en solo et de se prendre, entre autre, pour un chirurgien (Dr Octagon) ou pour un conducteur de camion (Diesel truckers). De son côté, L’Orange n’a pas encore rencontré de problèmes d’identité musicale mais s’est forgé un style en dehors des influences de Pete Rock, Madlib ou J Dilla, préférant puiser dans les atmosphères des salles de bal des années 60 (The orchid days), comme si Gotan Project s’était décidé à faire de la bonne musique.
En 2015, Entombed a remplacé Slayer dans le cœur des coreux comme le prouve le nombre toujours grandissant de groupes avec une production façon Sunlight (le studio préféré de Entombed, Dismember et consort). On a mis de côté ses posters de Jeff Hanneman et on riffe désormais façon Uffe Cederlund en appuyant bien fort sur ses pédales de distorsion pour avoir le crunch si caractéristique de l’époque.
S’il y a un groupe qui a tout compris à la marche du monde, c’est bien The Butcherettes. Moderne ? Sans conteste, à un niveau frisant le génie. Pourquoi s’inspirer des grands, quand on peut les inviter sur son album ? La filiation n’en sera que plus évidente. Shirley Manson et Henry Rollins étaient les invités de l’avant dernier album. Pour A Raw Youth, Iggy Pop et John Frusciante sont convoqués au banquet.
"Why don’t you just take a seat and start from the beginning". Ambiance feutrée, voix de cowboy, bruits de comptoir, notes de piano… Le décor du « Doom Saloon » est posé. Psychic Warfare se lance sur la plus douce introduction qui soit, s'accordant volontiers une dimension cinématographique. Deux ans après le magistral Earth Rocker, Clutch trouve encore le moyen de captiver, de fasciner, de passionner. Depuis 1991, les Américains collectionnent les succès. Si la crainte de la déception guette le fidèle et intrépide auditeur à chaque nouvel album, ce même amateur voit ses envies continuellement satisfaites. Mais quelle est donc la recette de Clutch ? Comment le groupe parvient-il, une fois de plus, à conquérir nos sensibles oreilles ?
Rares sont aujourd’hui les groupes que l’on découvre et qui deviennent pourtant si vite identifiables. Big Brave est venu jusqu’à moi avec Feral Verdure il y a peu, et depuis je peux facilement affirmer être happé par leur musique. Le trio montréalais détient un élément essentiel pour en faire un projet important : une identité propre, unique et reconnaissable. Avec Au De La, le nouvel album, Big Brave conserve ses sonorités, en signant qui plus est chez Southern Lord Records.
Un concept de super-vilain rappeur ? Si cela ne vous rappelle pas le plus grand vilain du rap, DOOM (anciennement MF DOOM), l’homme que l’on n’épelle qu’en majuscule, c’est que vous vous êtes endormis pendant ces vingt dernières années. De même, bien avant cela, Afrika Bambaataa & The Soulsonic Force endossaient l’équivalent de costumes de super-héros. Partout sur les murs ou dans les textes, les super-héros des comics ont toujours fait partie des références classiques du rap et de la culture hip-hop. Pourtant, Czarface réussit à se distinguer assez bien de ces influences évidentes.
Vous ne connaissez peut-être pas encore son nom (ou alors, vous confondez avec le dessin-animé les Thundercats), mais Thundercat, aka Stephen Bruner, est partout. Après avoir sorti l’un des meilleurs albums de 2013, Apocalypse, il a continué à bosser avec ses copains sur d’autres projets. Des copains comme Flying Lotus, sur l’album You’re dead, ou Kendrick Lamar, sur To pimp a butterfly. Il a de bonnes fréquentations le garçon mais c’est surtout parce que ce bassiste prodigieux est aussi doté d’une capacité miraculeuse à pondre des mélodies entre jazz et soul tout simplement magiques.
Le seul nom de Chelsea Wolfe suffit à nous évoquer quelques tambours de guerre, le souffle du vent, lourd, glacé et indomptable, qui craquelle la peau alors que l’on regarde la mer se déchaîner comme sur une toile de Caspar David Friedrich. Teasé à coup de morceaux tous plus bons les uns que les autres, le nouvel album de l’Américaine, Abyss, n’en finissait plus de se faire attendre. En 2013, elle parvenait déjà à effectuer une transition réussie, laissant sa folk dronesque derrière elle pour expérimenter ses affinités avec le métal, le post-punk et les musiques électroniques. Maniant habilement le mélange des genres, la louve s’enfonce encore un peu plus dans l’exploration de l’obscurité et de la mélancolie dans son nouvel opus estival, à n’écouter que la nuit.