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C R O W N - Natron (2015)

Portrait de Mathieu
C R O W N - Natron (2015)

Godflesh avait pour habitude de terminer ses albums par une chanson qui annonçait la direction à venir sur le prochain, et C R O W N a visiblement fait de même.

Avec Natron ils embrassent enfin des mélodies afin de faire respirer leurs riffs les plus lourds.

Aussi remarquables que puissent être les concerts de C R O W N et la cohésion dégagée par le trio autour de sa boite à rythme, le premier album s’essoufflait assez vite en primant sur la lourdeur plutôt que l’émotion. Avec Natron ils embrassent enfin des mélodies afin de faire respirer leurs riffs les plus lourds. Ainsi, à chaque fois que les guitares et la boite à rythme reviennent, elles frappent l’auditeur avec d’autant plus de force plutôt que de l’assommer et en deviennent aussi plus mémorables.

Passer de parties calmes à des passages plus intenses n’a rien d’exceptionnel en soi, surtout après avoir été utilisé jusqu’à l’écœurement par les groupes de neo metal après Korn, mais cela ne veut pas dire que ce n’est plus une technique efficace. Sur Natron, C R O W N utilise ses parties les plus atmosphériques pour attirer l’attention de l’auditeur avant de frapper de nouveau plus fort avec une rythmique lourde et un riff accordé bien grave. Le chant est aussi beaucoup plus prenant grâce à un duo de voix inspiré par Steve Von Till et Scott Kelly de Neurosis.

Durant les passages les plus apaisés, les textures et les rythmiques rappellent beaucoup le travail de Dominick Fernow dans Vatican Shadow (The word you speak are not your own). Toutefois, quand C R O W N repart à plein régime, ses riffs évoquent un Meshuggah en plus mécanique avec des tempos plus simples mais le même grain de guitare, sombre et oppressant.

Parmi les innovations de l’album on trouve aussi des blast beats et de trémolos black metal, deux éléments peu commun dans le doom. Toutefois, quand ils rencontrent des parties plus percussives et étouffantes, ils offrent un regain d’agressivité qui aurait été perdu avec les nombreuses parties atmosphériques. On trouve aussi sur ce disque des influences post punk à la Joy Division sur le morceau Fossils où le groupe élargit encore plus son registre vers des territoires plus mélodiques.

Natron est aussi plus court, ce qui est en soit une excellente décision tant l’impact de Psychurgy tendait à diminuer au fur et à mesure du fait de sa trop longue durée.

C R O W N a développé son talent d’écriture pour créer des morceaux plus mémorables et un disque plus cohérent

Couplé à une couverture beaucoup plus évocatrice que celle de son premier album, orné d’un simple graphisme très banal, C R O W N a développé son talent d’écriture pour créer des morceaux plus mémorables et un disque plus cohérent. Le groupe continue dans une veine proche de Godflesh et Neurosis mais tout en se rapprochant aussi de l’univers de Blut Aus Nord. Une association d’influences on ne peut plus réjouissante qui promet de meilleurs concerts et un troisième album encore plus passionnant.

C R O W N - Natron (2015)
C R O W N
Natron
Serpents
The Words You Speak Are Not Your Own
Wings Beating Over Heaven
Fossils
Apnea
Tension of Duality
Flames
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale).

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