Je n’avais pas eu l’opportunité de revoir Blackthread ces dernières années, mais force est de constater que la prestation de vendredi soir tenait vraiment la route. Son attitude posée sur scène est cohérente avec le minimalisme de cette formule musicale axée sur la combinaison d’un laptop et une machine de l’enfer sur laquelle il pique et repique des fils au gré des titres.
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Rock expérimental
La Bay Area de San Francisco est un sol fertile en ce qui attrait à la musique, des groupes très importants ont des racines dans cette région du nord de la Californie. Neurosis, Faith No More, Primus, The Residents, pour ne nommer que ceux-là. C'est aussi le territoire de chasse privilégié d'un tout autre type d'animal sauvage, un groupe qui depuis plus de trente ans pousse et repousse les limites du rock, du métal, du delta blues, de la musique de chambre, du nihilisme, psychédélisme et de l'art de créer le malaise.
Il y a quelques années, un ami qui n'avait pas une grande compréhension de l'univers du métal m'a questionné au sujet du style musical que j'écoutais alors avec assiduité, le Stoner rock. Il croyait que le nom de ce style musclé se rapportait à son côté primitif, le stoner rappelant l'«âge de pierre». Je songeai immédiatement au film La guerre du feu, je nous resservis du vin et lui annonçai que, malheureusement, il était bien loin de la véritable définition du genre qui a plus à voir avec la consommation d'une certaine épice qu'avec l'Homme de Néandertal.
C’est à l’occasion de la sortie de Lost Voices, leur cinquième album, que le collectif montréalais signé sur Constellation Records a invité ses fans et amis à la Sala Rossa. Esmerine est une formation troublante d’attraction. Leur gracieuse musique se questionne alors sur scène, à l’heure où cet album se targue d’être le plus viscéral qu’ils aient produit.
Rares sont aujourd’hui les groupes que l’on découvre et qui deviennent pourtant si vite identifiables. Big Brave est venu jusqu’à moi avec Feral Verdure il y a peu, et depuis je peux facilement affirmer être happé par leur musique. Le trio montréalais détient un élément essentiel pour en faire un projet important : une identité propre, unique et reconnaissable. Avec Au De La, le nouvel album, Big Brave conserve ses sonorités, en signant qui plus est chez Southern Lord Records.
Il y a dans l’expérimentation d’un concert en live, un paradoxe appréciable. À bien des égards, la musique est une expérience empirique, faisant directement appel à — au moins – l’un de nos sens : l’ouïe. Pourtant, dès l’instant où nous essayons de mettre des mots sur ce qu'un air nous fait ressentir, les descriptions deviennent approximatives. En témoigne la propension exacerbée des chroniqueurs musicaux à l’utilisation du champ lexical de l’onirisme. De cette contradiction entre réel et irréel, objectif et subjectif, naissent les sonorités martiales de Swans, formation quasi trentenaire de titans du rock expérimental et de la No Wave, à voir sur scène avant de mourir.
Le trio montréalais Big Brave surfe sur une magnifique vague depuis sa création. Le premier album complet du groupe, Feral Verdure, a complètement ébloui la scène rock québécoise l’an dernier. Le sublime noise rock de la formation a même trouvé son chemin jusqu’aux oreilles des dirigeants de l’excellente étiquette Southern Lord Records.
Le peuple français partage avec ses voisins italiens le même mal, assez proche de la constipation chronique : un amour crasseux pour l’eurodance et la chanson populaire mercantile. C’est moche, très moche, quand, à l’instar de notre pays, on s’enorgueillit d’une culture séculaire et d’une renommée artistique dans maints domaines. Dieu merci, il reste de braves gens.
25 ans de carrière musicale, 10 albums studios… La longévité de Dylan Carlson peut encore surprendre. Tout ceux qui auront visionné le documentaire Kurt & Courtney (Broomfield, 1998) se rappelleront peut-être d’un fantôme à la peau cireuse, couverte d’ulcères, d’un homme au bout du rouleau parvenu au dernier stade de la toxicomanie. Entendre Carlson s’entretenir avec Broomfield des problèmes de santé de Cobain était douloureux, tant il semblait évident qu’il serait le prochain sur la liste de la faucheuse. Bonne surprise, cela n’est pas arrivé.
Étonnamment, je mets un temps record à traverser une partie de l’île de France pour me retrouver au milieu de la capitale, pas trop encombrée de bouchons en ce début de week-end printanier. J’imagine que mon prochain périple similaire sera une vengeance du destin et que je mettrai probablement une plombe à m’extraire d’une circulation bien trop dense. Petit bonus : je ne tourne même pas autour de la rue Boyer, je trouve de quoi parker mon automobile en un temps, lui aussi, record. Je fais une croix dans l’agenda. Lecteur, tu te dis que tu te fous royalement de mon histoire. Tu auras raison. Mais il faut bien introduire un article qui raconte un concert et à part t’expliquer que l’audience est massivement composée de jeunes gens habillés en noir –pas un scoop- je n’aurais pas grand chose d’autre à écrire. Sur place je retrouve rapidement mon co-équipier du pélican, Andrey, votre fournisseur iconographique mesdames et messieurs, et je constate qu’il a encore grandi depuis notre dernière rencontre. Il me soutient que non, je suis persuadé que c’est une ruse.