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Czarface - Every Hero Needs A Villain (2015)
Un concept de super-vilain rappeur ? Si cela ne vous rappelle pas le plus grand vilain du rap, DOOM (anciennement MF DOOM), l’homme que l’on n’épelle qu’en majuscule, c’est que vous vous êtes endormis pendant ces vingt dernières années. De même, bien avant cela, Afrika Bambaataa & The Soulsonic Force endossaient l’équivalent de costumes de super-héros. Partout sur les murs ou dans les textes, les super-héros des comics ont toujours fait partie des références classiques du rap et de la culture hip-hop. Pourtant, Czarface réussit à se distinguer assez bien de ces influences évidentes.
D’abord avec une pochette au visuel en hommage à Jack Kirby (créateur de la majorité des personnages classiques de l’univers Marvel ) réalisé par L’Amour Supreme (designer pour la marque de street wear Mishka), le groupe composé de Inspectah Deck (Wu-Tang Clan) et 7L + Esoteric (producteur et rappeur respectivement) se distingue par un univers haut en couleurs.
Force est de remarquer que ce deuxième essai dépasse aisément son prédécesseur à coups d’instrumentaux proches de l’efficacité d’un Gangrene (duo de producteur/rappeur composé de Oh No et d’Alchemist). Rythmiques montées sur ressort comme les bagnoles des clips de Dr Dre et samples de guitares rock, sans jamais tomber dans la fusion, les morceaux s’enchainent sans jamais lasser l’auditeur. De l’efficacité travaillée que l’on apprécie d’autant plus avec les températures estivales.
On y trouve aussi des rappeurs en pleine forme où même les invités semblent inspirés par l’occasion comme le prouvent les excellents couplets de Method Man (Nightcrawler), Meyhem Lauren (Deadly class), Large Professor (le banger World premier s’accrochera très vite à votre cerveau) ou l’excellent R.A. the Rugged Man (Good vilains go last). Même MF DOOM est de la partie sur Ka-Bang ! (avec même un sample déjà exploité par le rappeur sur Mmm… food), preuve que le groupe a su bien s’entourer pour ce second disque. D’ailleurs, bien que l’on retrouve ici des samples de dessin animé, comme chez DOOM, les musiciens ont aussi créé le leur, et en français.
Malgré tout, il faut tout de même admettre que Czarface n’est pas DOOM et que les talents de producteurs de 7L ne sont pas à la hauteur de comparaisons susnommées. Le disque se tient mais l’absence de la cohérence d’un concept aussi entrainant que sur Mmm… food ou Vodka & Ayahuasca font de Every hero needs a vilain un disque à placer en dessous de ceux-ci. Pas un chef d’œuvre, mais une bonne variation que les fans des artistes ainsi que les lecteurs de comics apprécieront sans doute. Czarface s’écoute avec autant de plaisir que l’on lit un bon volume haut en couleurs où des héroïnes et héros costumés se foutent sur la gueule. Tout est prévisible, mais on prend quand même son pied et on y retourne quand même.
25/02/82, 1m80, à peine 60 kilos et élevé pour parcourir le macadam parisien de refuge en refuge jusqu'à son déménagement à Londres. Chroniqueur rock de 2004 à 2010 sur Eklektik-rock puis sur la fille du rock depuis 2010, bibliothécaire 2.0 depuis 2008, passionné de musique (metal, jazz, rap, electro …) et de comics. Ecrit aussi en anglais sur Delay and Distorsion (Chronique musicale). |
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