Aluk Todolo et Aqua Nebula Oscillator ont tout à fait leur place à l’Étrange Festival. Parce qu’ils sont occultes, parce qu’ils déchaînent la transe, parce que leur musique ne s’écoute pas “comme ça”. Parce que la blonde derrière moi, lorsque je m’excuse de lui gâcher la vue, me répond d’un débonnaire “t’en fais pas, je suis pas venue pour assister à un ballet”.
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Black-metal
Le Black-metal est loin d'être un style à la traîne en France et surtout dans ses incarnations les plus avant-gardistes. Entre Deathspell Omega, Aluk Todolo, Spektr, Blut Aus Nord, The Austrasian Goatet de nombreux autres que j'oublie certainement, l'Hexagone recèle nombre de groupes qui, au travers d'expérimentations stylistiques, tentent constamment de repousser les limites et la forme d'un style musical qui a aujourd'hui 20 ans passés.
Du hardcore, d’accord. Mais pas n’importe lequel. Cela pourrait être le leitmotiv de l’asso Old Town Bicyclette qui honore le public parisien d’un plateau assez éclectique ce soir à la Flèche d’Or. Si le nom de Celeste nous a convaincu de nous pointer, la date offrait un plateau de cinq groupes assez différents chacun dans son genre. Une excellente idée puisque cette date s’est avérée fraîche et dansante, à déguster idéalement un verre de mojito à la main et le paréo autour des hanches. Le son de l’été, quoi.
Déjà un troisième album pour le groupe français Spektr et celui-ci est sans aucun doute le plus expérimental de leur courte discographie. Particulier et assez difficile à la première écoute, il s’apprivoise tout de même en cours de route, si bien sûr nous gardons une oreille ouverte. Il est très rare que je qualifie un album de « bizarre » en première écoute mais Cypher a mérité ce qualificatif avec aplomb.
H.V. Lyngdal, jeune homme islandais, a sorti quelques démos ces derniers temps sous le nom de Wormlust. Du black-metal comme il s’en fait de nos jours, on est accoutumé aux variantes et aux nombreux clones qui parsèment l’univers monolithique des froideurs nordiques, du plus primitif au plus technologique. Cependant, Wormlust produit des réalisations justes et intelligibles. L’intérêt de « The Feral Wisdom » est qu’il se distingue par de nombreux aspects ordinairement absents d’autres productions du genre. Les « stop and go » de la première pièce, « Sex ogu, tolf stjömur », ainsi que les sons de claviers sont judicieusement placés. C’est très bienvenue, ça permet à cette pièce de 10 minutes de bien respirer avant d’achever son assaut. Même si le vocal est inaudible (et en islandais), bourré de réverbération pernicieuse, l’ensemble est totalement cohérent.
Après la décevante prestation d'Om la semaine dernière, il fallait désormais dérouler le tapis rouge pour le deuxième tiers de Sleep. Le dévastateur joueur de guitare Matt Pike transportait ses deux acolytes jusque sur la scène du cabaret La Tulipe. Le trio formant High On Fire avait un solide nouvel album à défendre et il était accompagné de groupes américains très solides en sous-carte.
Maints écrits font figure de vénération pour ce groupe qui niche des vétérans de la scène black metal française, l'encensement sait se justifier par les apports audibles des trois musiciens qui ont su bien fignoler la primitivité du black à celle un peu plus sophistiqueé du krautrock, car influences allemandes il s'en trouve.
Comment ça on ne vous a jamais parlé de Blut Aus Nord ? Bon, on va rectifier le tir, mieux vaut tard que jamais, Blut Aus Nord est un quatuor originaire de Normandie (France), opérant dans ce qui se rapproche d'un Black metal étiqueté "avant-gardiste" ou selon moi "qui encule". D'après la bio du groupe, ils n'ont pas forcément envie d'être rapproché des artifices de la scène en question, mais ne sont en rien contre le rapprochement s'il évoque plutôt une forme de subversivité. C'est en 2011 que le groupe a entamé une trilogie affublée du chiffre "777" avec l'album Sect(s) puis The Desenctification. Deux albums aux relents black et industriels, rappelant les bonnes oeuvres de Godflesh, oui, n'ayons pas peur des comparaisons, c'est mérité. Ils reviennent cet automne avec Cosmosophy, dernière pièce de la trilogie 777 donc, disponible à partir du 21 septembre via Debemur Morti Productions puis dans toutes les bonnes crémeries. Un morceau tiré de chacun des albums vous attend dans la suite du billet, histoire de bien enfoncer le clou et de vous faire regretter de n'avoir jamais donné sa chance à cet excellent projet.
Du black caverneux et bestial, soyons tout de même plus éloquant : il s’agit d’une petite bombe à neutrons misant sur les ambiances glaciales qui bougent dans le temps l’espace de trois titres. Occulte, décimant les pilliers de la bonne âme, Muknal présente ses armes et bracelets à clous en profitant de la vieille école comme refuge au cas d’urgence.
Oreilles meurtries, mais joyeuses, des deux précédentes journées, j'arrive assez tôt au Cabaret Sauvage, aka le chapiteau de cirque, au fin fond du parc de la Villette. La vision d'une population dansante sur des rythmes latino-cubains sur une péniche à quelques mètres seulement vaut son pesant de cacahuètes. Ce soir, ouais, ça va swinguer, mais ce sera avec Godflesh.