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Celeste + General Lee + Le Dead Projet + Anteater + MNMTS 06/07/2013 @ OTB Fest, Flèche d'Or, Paris

Portrait de Théo
Celeste + General Lee + Le Dead Projet + Anteater + MNMTS 06/07/2013 @ OTB Fest, Flèche d'Or, Paris

Du hardcore, d’accord. Mais pas n’importe lequel. Cela pourrait être le leitmotiv de l’asso Old Town Bicyclette qui honore le public parisien d’un plateau assez éclectique ce soir à la Flèche d’Or. Si le nom de Celeste nous a convaincu de nous pointer, la date offrait un plateau de cinq groupes assez différents chacun dans son genre. Une excellente idée puisque cette date s’est avérée fraîche et dansante, à déguster idéalement un verre de mojito à la main et le paréo autour des hanches. Le son de l’été, quoi.

Je plaisante. C’était la guerre.

Et la guerre a commencé avec Anteater, un quintet screamo aux contours très métalliques. Arrivés quelques minutes après le début du set, on note avec plaisir que le rôle de brailleur est tenu par une fille, la seule à défendre les couleurs du hardcore ce soir-là. Et la jeune Hannah, par ailleurs, de mettre une volée à un paquet de chanteurs de hardcore. Mesdemoiselles, prenez exemple.

Quelques riffs bien ciselés, des compositions travaillées et un son bien lourd : en quelques minutes, les Allemands s’avèrent convaincants. En fait, il n’y a qu’un reproche à leur formuler : il ne se passe rien sur scène. Anteater est un des groupes de screamo/hardcore les plus statiques qu’on puisse rencontrer dans ce milieu. Au vu de la qualité indéniable de leur musique, c’est du gâchis. Regardez au moins le public plutôt que vos baskets, les gars.

 

Premiers mosh pits

Une pinte à 7€ plus tard, MNMTS (prononcez “Monuments” dans la langue de Shakespeare) déboule sur scène avec la nette intention de laisser sa trace dans l’esprit des coreux présents ce soir. Leur nom n’est pas inconnu pour qui traîne les webzines à la recherche de pépites du genre. Un screamo davantage orienté punk déferle alors sur la Flèche d’Or pour ce qui donnera lieu aux premiers mosh pits. Manifestement plus à l’aise sur scène que ses compatriotes d’Anteater, la vélocité des riffs et la hargne du chanteur conduisent le concert à un tournant.

En plus d’être une bonne découverte studio, MNMTS s’avère typiquement un excellent groupe de scène

Rien à dire sur la prestation, si ce n’est ce grand regret de n’avoir que très peu compris le hurleur à cause du retrait de sa voix du reste du mix. Erreur technique, probablement. En plus d’être une bonne découverte studio, MNMTS s’avère typiquement un excellent groupe de scène : chaleur, énergie brute, riffs sauvages et feeling punk. Tout ce qu’on est en droit d’espérer d’un bon groupe de hardcore.  

Encore un peu abrutis par la déferlante, on partage nos impressions (bonnes) à l’espace fumeurs. Il semblerait que MNMTS ait réussi, pour sa première date à Paris, à porter haut ses couleurs.

 

La classe à titre posthume

Le quartet est formé de véritables diplômés en Hardcore (option Violence) parmi lesquels d’ancien(s) Comity

Lorsqu’un groupe qui a écumé l’underground pendant 10 ans est sur le point de se séparer, on peut compter sur d’ultimes prestations marquantes. Ou carrément abrasives. C’est ce qui s’est produit pour Le Dead Projet. Le quartet est formé de véritables diplômés en Hardcore (option Violence) parmi lesquels d’ancien(s) Comity et commence son show en annonçant sa séparation imminente.

D’emblée, la salle s’enflamme pour le screamo noisy et très expressif des Frenchies, venus apparemment avec quelques copains. Galvanisé, le groupe délivre une performance de talent, alternant riffs frontaux et attitude négative dans un excellent travail de nuances. Leur hardcore est plombé tel le Spleen de Baudelaire. On pense à Unsane, Impure Wilhelmina ou encore Envy. Ce qui est loin d’être désagréable…

Leur album “Keep On Living” est en streaming et téléchargement gratuit sur leur bandcamp. Ce qui ne vous laisse pas beaucoup d’issues pour en réchapper. L’occasion de faire découvrir autour de vous ce très bon groupe.

Et oui, à titre d’hommage posthume, ça compte quand même.

 

Une autre vision du postcore

On ne peut malheureusement pas être aussi enthousiastes face à la prestation de General Lee. Les disciples du postcore de Béthune rencontrent un accueil tout de suite plus frileux que leurs confrères. Pourquoi ? Si vous aviez déjà écouté le sextet, vous sauriez pourquoi. Reproche numéro un : General Lee veut être Cult Of Luna.

Les Nordistes accusent d’un son lisse et de mélodies dans un mode mineur bien précis, toujours le même [...]

Et c’est bien dommage, car leurs compositions ne sont pas dénuées de savoir-faire. Mais les Nordistes accusent d’un son lisse et de mélodies dans un mode mineur bien précis, toujours le même. Au bout, c’est un peu agaçant. Une vision du postcore qui contraste nettement avec le culte au bruit du Dead Project et le kvlt maudit de Celeste. Entre lesquels ils sonnent comme un groupe de postcore… trop propre.

Hélas, le concert de General Lee ne se heurte pas qu’à notre propre ennui relatif. Mais aussi celui d’un grand nombre de coreux qui en profitent pour boire quelques pintes supplémentaires dehors, à la faveur de la chaleur estivale. Les gars ne se dégonflent pas pour autant et finissent leur set convenablement devant une poignée de jeunes fans visiblement enthousiastes.

 

De la haine sonore

Conséquence : l’impatience du public avant l’arrivée de Celeste. Dans la fumée et le noir total, chacun d’entre eux portant une unique lampe frontale. Visiblement attendus à la Flèche d’Or, les Lyonnais électrisent l’audience. Sonorisation froidement lourde, riffs secs comme du black metal, voix décharnée, stroboscope ultra-violent…

Voyez plutôt ça comme une purification de votre âme. Une purification par la haine.

Les ingrédients de la messe noire sont désormais les mêmes depuis longtemps. Mais force est d’avouer qu’on en reprend à chaque fois avec le même plaisir. Si cela vous arrive, n’allez pas à un concert de Celeste comme vous iriez à n’importe quel autre. Voyez plutôt ça comme une purification de votre âme. Une purification par la haine.

On note un changement de line-up : désormais le chanteur Johan occupe aussi le poste de bassiste. Une nouveauté qui n’entache pas les capacités redoutables du terrible brailleur. Comme toujours, Celeste offre une courte performance. Mais si fermement hostile à la race humaine tout entière que c’est sans importance. La haine, c’est délicieux.

Le concert prend fin. Comme à chaque point d’orgue d’un set de Celeste, on reste abasourdis après un tel condensé de violence par le bruit. À la sortie de la Flèche d’Or, l’agitation est digne d’un très bon concert. Ne reste qu’une chose à faire : checker son agenda et suivre de plus près les concerts organisés par Old Town Bicyclette.

Des concerts comme celui-là, on en veut tous les week-ends.

Crédits vidéos : Bizkitos Del Toro

Crédits photos : Andrey Kalinovsky / CSAOH.com

Affreux vilain metalhead incurable et rédac'chef

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