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Spektr - Cypher (2012)

Portrait de Martin
Spektr - Cypher (2012)

Déjà un troisième album pour le groupe français Spektr et celui-ci est sans aucun doute le plus expérimental de leur courte discographie. Particulier et assez difficile à la première écoute, il s’apprivoise tout de même en cours de route, si bien sûr nous gardons une oreille ouverte. Il est très rare que je qualifie un album de « bizarre » en première écoute mais Cypher a mérité ce qualificatif avec aplomb.

Car, bien que Spektr nous ait habitué aux sonorités dithyrambiques de black, d’ambiant et de sonorités glaciales, industrielles et post-apocalyptiques, cet album-ci sonne comme si toutes les références étaient démolies et mises de côté. Il y a quelque chose d’hyper-contemporain comme approche dans cet amalgame d’album, il se retrouve davantage aux côtés de Negativland que des formations black habituelles. C’est un ensemble de collages qui forme un tout assez spatial et éthéré. Le groupe l’a qualifié de « psychédélique » et on peut facilement comprendre le pourquoi de la chose.

Cypher est un album « instrumental », outre les échantillonnages de films qui offrent un clin d’œil aux formations industrielles des belles heures. Ce qui a toujours été un attrait certain chez Spektr, c’est le son des guitares, très bien maitrisées dans leur apport de sonorités aigues, distortionnées et compressées, on reconnait facilement la distinction de ce son parmi d’autres artistes du même genre. Les effets ajoutés (tel « tremolo » et « flanger ») les maintiennent séparément du son traditionnel. La basse, habituellement reléguée au second plan dans tout ensemble conventionnel, tient la route par elle-même, les tournures et les harmonies sont particulièrement définies et c’est raffraichissant.

Si la production est nette mais corrosive, l’assemblage des sons, lui, fait donc fi des conventions. La spatialité stéréo est merveilleusement utilisée, il y a peu de place lorsque tout brasse comme il se doit. Cependant, les variantes ambiantes et atmosphériques apportent des répits mérités. La batterie est lointaine dans le mix mais rajoute un aspect plus atmosphérique dans le tout sonore, comparativement à un aspect plus « rock » dans les formations habituelles. Elle est aussi froide et glauque, très loin des batteries acoustiques traditionnelles, et c’est sans aucun doute voulu.

Les échantillonnages sont aussi particuliers. Il y a cette obscure boîte musicale qui donne le ton à l’album et qui met la table pour le reste, les voix de films (j’ai cru reconnaitre un échantillonnage de « The Twilight Zone » en ouverture de la pièce « The Singularity ») viennent offrir une vision étendue des pièces proposées. Heureusement, le groupe a su en faire une judicieuse utilisation, il n'y en a pas trop et ils sont très bien placés pour faire le maximum d’effet.
Il faut voir les pistes de Cypher comme de grandes expérimentations progressives, les amateurs de black habituel n’aimeront possiblement pas la chose, mais ceux qui aiment les choses sortant de l’ordinaire et ceux qui désirent éviter les clones de Burzum trouveront sans aucun doute la chose intéressante.

Il est fascinant de voir comment cet album fait progresser le groupe dans une voie particulière, à mi-chemin entre le black et la musique contemporaine et avant-garde. Il sera intéressant de constater le parcours du groupe au fil des ans.

Spektr - Cypher (2012)
Spektr
Cypher
Hermetism
Teratology
The Singularity
Solitude
Antimatter
Solve & Coagula
Cypher
Decorporation
Le Vitriol Du Philosophe
À saisir.

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