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High On Fire + Goatwhore + Primate + Lo-Pan 27/11/2012 @ La Tulipe, Montréal

Portrait de William
High On Fire + Goatwhore + Primate + Lo-Pan 27/11/2012 @ La Tulipe, Montréal

Après la décevante prestation d'Om la semaine dernière, il fallait désormais dérouler le tapis rouge pour le deuxième tiers de Sleep. Le dévastateur joueur de guitare Matt Pike transportait ses deux acolytes jusque sur la scène du cabaret La Tulipe. Le trio formant High On Fire avait un solide nouvel album à défendre et il était accompagné de groupes américains très solides en sous-carte.

Le premier groupe à fouler les planches était Lo-Pan, un intéressant quatuor stoner signé sur Small Stone Records. À leurs grand désarroi, la salle était pratiquement vide à l'heure où ils entamèrent les premiers riffs. Malgré tout, ils furent respectueux envers les plus curieux d'entre nous qui avaient envie de découvrir la formation. La première chose qui nous frappait chez ces rednecks fut l'imposante carrure des quatre musiciens, nous avions affaire à des Américains typiques. Sans révolutionner le genre, il faut dire que les compositions n'étaient pas décevantes pour autant. Les rythmiques me rappelaient d'excellentes formations comme Wo Fat ou Dozer, sans les longs segments instrumentaux toutefois. Voilà justement ce qui manquait à Lo-Pan, un chanteur qui ferme sa gueule. Comment voulez-vous prendre votre pied devant du stoner où les titres font à peine quatre minutes avec un vocaliste très ennuyeux qui ne cesse de l'ouvrir ? Malgré tout, le bassiste et le guitariste ne donnaient pas leurs places avec des rythmes effrénés. Même si le résultat était adéquat pour une première partie, ce fut une grande déception. Meilleure chance la prochaine fois !

La curiosité planait au-dessus de ce tout nouveau groupe de "grind stoner?" incluant des membres de Mastodon et de Brutal Truth. D'ailleurs, quel mot de cette première phrase ne vous titille pas un peu les méninges ? Dehors l'attente, le moment de l'expérimentation était venu. Le très moustachu Bill Kelliher, de Mastodon, ne devait pas être habitué à jouer devant une si mince foule, ce n'est pourtant pas cela qui semblait gâcher son plaisir. Les cinq musiciens débordaient d'énergie et les courtes compositions ravageaient la salle. La réception me semblait mitigée, nous avions droit à quelques headbangs à gauche et à droite, mais nous n'avions aucune fosse ou bousculade, seulement quelques cornes d'escargots brandies par quelques métalleux ici et là. Étions-nous prêts à ce grind mastodonesque ? Je ne crois pas, il ne s'agissait pas d'une superbe tournée pour un groupe comme celui-là. Le manque de cohésion avec le reste des formations les classait bien loin dans la hiérarchie de priorité des spectateurs. Quelques bons segments nous ont été offerts, mais les influences grindcore mixées avec les solos ennuyeux de Bill ne me faisaient pas beaucoup bouger. C'est à revoir dans les prochaines années, si l'étrange mélange de musiciens tient bon. L'album en vaut peut-être la peine, c’est à vous de voir, moi je zappe !

Le troisième groupe en liste m'était purement inconnu, les méchants musiciens de Goatwhore devaient livrer la marchandise pour racheter cette soirée ennuyeuse au cabaret La Tulipe. Les autocollants "Hail Satan" que j'apercevais sur leurs instruments me faisaient sourire, je savais que j'allais prendre plaisir à regarder cette formation de death metal. Sans être très original, je pouvais au moins dire qu'ils avaient un peu plus de couilles que les précédents. Leur grande expérience sur la route était apparente, la foule se compactait et l'ambiance s'élevait d'un cran. Les riffs extrêmement rapides étaient de purs aimants à torticolis, le hochement de tête était de mise pour ce carnage mixant speed, black et death metal. Étrangement, il s'agissait du groupe le plus similaire à High On Fire, l'amour des rythmiques titanesques se faisait sentir dans les deux cas. Sans prendre totalement mon pied, je n'ai rien à redire sur la prestation de ces quatre machines de guerre formant Goatwhore. De la pure musique qui vous donne envie de boire de la bière à une vitesse anormale et qui vous remplit les yeux de rapidité technique et de professionnalisme. C'était un peu ennuyeux vue la longueur de leur performance, mais nous avions au moins quelque chose à nous mettre sous la dent. Néanmoins, vivement le retour d'High On Fire à Montréal!

Après une interminable attente, l'un des apôtres de l'église du son fit son entrée. Le très légendaire, et vieux, et mal en point, Matt Pike n'avait que sa guitare pour cacher son corps affecté par les années de consommation excessive. Heureusement, ce survivant des abysses de l'alcool et de la drogue est maintenant sobre et débordant d'énergie. C'est à notre grande satisfaction que le trio infernal composant High On Fire ne nous laissa aucun moment de répit. Comment ne pas laisser la salive couler le long de notre bouche lorsque de magnifiques nouveaux titres comme Fertile Green ou Madness Of An Architect nous sont offerts pour la première fois ? Quel album monstrueux qu’est ce De Vermis Mysteriis, suis-je le seul à toujours croire que le prochain album du groupe sera décevant ? Dans tous les cas, prenez mes excuses et tentez par vous même l'expérience High On Fire. Sans être très spectaculaire au niveau visuel et énergie, les trois musiciens ne cessent de vous taper sur la gueule avec un son ridiculement puissant. Vos bouchons fondent et votre cerveau ramollit devant tant de décibels, vous êtes au paradis. Les classiques comme Rumors Of War, Devilution et même 10.000 Years n'avaient pas de quoi surprendre, mais bon Dieu que ces mélodies sont plaisantes à réécouter. L'ambiance était à son comble, la bière coulait à flot, la raison de notre présence dans cette salle ne faisait plus aucun doute. High On Fire restera un pionnier du genre et il lui reste encore quelques bonnes années devant lui, ne dormez pas et attrapez Matt Pike avant qu'il ne soit trop tard. En espérant vous voir plus nombreux lors de leur prochaine visite...

Crédits photos : Renaud Sakelaris

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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