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Corrections House – Last City Zero (2013)
À la fin de 2012, l’annonce d’un super-groupe composé de membres de Neurosis, Eyehategod, Minsk et Yakuza faisait jubiler. Le début de 2013 nous donnait un vidéoclip pour le morceau « Hoax the System ». Avec un visuel tout en noir et blanc et une certaine esthétique influencée neo-folk-Death-In-June, le titre démarrait en trombe dès la première minute avec ses effluves industrielles et sa rythmique martiale.
Bien que courte, la pièce donnait le ton de ce que l’on allait retrouver quelques mois plus tard. L’attente fût certes longue mais, à défaut d’utiliser le cliché, en valait la peine. Last City Zero est sans aucun doute un album éclectique mais fascinant, démontrant comment ces quatre visionnaires surdoués et imaginatifs ont pu produire un album qui se démarque et qui tient la route face à la renommée des groupes d’origine.
Le groupe a déclaré que l’album était un amalgame de leur projets solos individuels. Ça aurait pu sonner décousu. C'est plus que réussi.
On y retrouve des riffs ficelés au quart de tour. « Serve or Survive » commence avec une rhétorique bien sludge, la voix de Mike Williams (Eyehatod) passée dans le tordeur surexposé d’une distorsion bien grasse. En y donnant le ton, la batterie est tout ce qui a de plus industriel, sans tomber dans le piège facile du neo-industriel dansant ou de la power-electronics où les résultats peuvent facilement être peu convaincants. Corrections House a trouvé la juste mesure.
« Bullets and Graves » vient par la suite alourdir le ton. Une vraie agression viscérale, elle bousille le tout en tempo endiablé et riffs sombres et glauques. « Party Legs and Three Fingers » sonne tout comme l’enfant illégitime de Neurosis, Eyehategod et Minsk tandis que « Run Through the Night » ferait plaisir à tout fan de neo-folk. Encore là, l’influence Death In June est plus que palpable. Sans oser dire que c’est un calquage peu original, les membres ont su assimiler les influences et en sortir une pièce qui se démarque par sa guitare saturée en mi-parcours.
« Dirt Poor and Mentally Ill » vient confirmer la passion industrielle du groupe. Encore là, on a une rythmique électronique et métallique bien définie. Et que dire des échantillonnages vocaux, chose qu’on retrouve de moins en moins dans les parutions contemporaines. « Hallows of the Stream » est beaucoup plus ambiante et posée, avec des guitares atmosphériques et même un saxophone éthéré. Concernant la pièce titre, « Last City Zero », on y retrouve là encore une pièce ambiante à la guitare et un poème nihiliste récité par Williams. L’imagerie de ses propos frappe. Pour la dernière pièce, « Drapes Hung by Jesus », on a droit une lourdeur industrielle rappelant Godflesh ou Grey Machine. Superbe pièce osant incorporer le saxophone réverbérant, elle finira plus sombrement avec Williams déblatérant et, encore une fois, ses cris stridants qui foutent la trouille.
Corrections House a su mélanger les styles individuels de chacun des musiciens avec brio. Ce qui aurait pu être un capharnaüm grotesque et insignifiant a su se réaliser en devenant l’une des parutions les plus solides de 2013. C’est le type d’album dont en en voit peu et, à près de 47 minutes, on en redemande. Espérons que ce n’est pas qu’un « one shot deal » et que le groupe reviendra avec une autre œuvre bientôt.
À saisir. |
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