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Neurosis - Fires Within Fires (2016)
D'entrée de jeu, tenez-vous le pour dit, Neurosis a toujours le feu sacré. Le onzième et nouvel opus, Fires Within Fires, qui souligne les 30 ans du groupe, est magistral. Ils poursuivent le cheminement entamé avec "A Sun That Never Sets" c'est-à-dire des passages musicaux clairs/obscurs, des tendances folk sur les bords, quand même moins présentes que par le passé. Ne vous inquiétez pas, la lourdeur est toujours au rendez-vous.
Les paroles sont clairement audibles, chose que j'ai toujours aimé chez Neurosis, tout en ne sacrifiant pas de leur agressivité vocale ou bien la teinte ténébreuse de leur cris. Steve Von Till et Scott Kelly ont le feu dans la gorge, mais sont également capables de passages plus doux et posés. La production assurée par Steve Albini, qui en est à sa sixième collaboration avec le groupe d'Oakland, est fidèle à son habitude : organique, ouverte, chaude et enveloppante. L'Electrical Audio est ici un instrument de plus dans l'arsenal du groupe, puisque la pièce dans laquelle le quintette enregistre se fait entendre et donne une personnalité particulière à ce nouveau disque. Les jeux de guitares de Kelly et Von Till sont lourds et justes, parsemés d'effets et de réverbération. La basse d'Edwardson et la batterie de Roeder construisent une fondation solide sur laquelle s'appuie les claviers et échantillonnages de Noah Landis qui colle le tout avec brio.
Cet album me donne l'impression d'avoir été créé pour être écouté en un tout, telle une fresque qui se peint elle-même sous nos yeux, et non pas pièce par pièce ça et là. C'est un album qui commande notre attention dès le début, nous tient à la gorge, et ne lâche pas avant la dernière note. J'ai aussi remarqué une urgence nouvelle dans ces morceaux tout neufs, ils sont très directs et vont droit au but, contrairement à un album comme " The Eye Of Every Storm" où les pièces prenaient un peu plus de temps à se faire voir dans toute leur splendeur, et les mouvements plus lents et ambiants avaient beaucoup plus de place.
Ici, les gars ne niaisent pas avec la "puck", et directement en ouverture, nous savons très bien dans quoi nous nous sommes embarqués. La batterie de Jason Roeder est lourde, présente et frappe fort, la marque de commerce d'Albini, marquant le tempo que ses comparses se chargent de remplir, nous amenant dans une transe musicale dense comme seulement Neurosis peut le faire. Seule déception ici, Dave Edwardson ne semble pas vraiment prendre part aux parties chantées. Personnellement j'ai toujours aimé la façon dont il ponctuait les parties vocales de Kelly et Von Till par le passé, avec son chant guttural à la death metal.
Bref, Neurosis frappe fort sur ce onzième album, et encore une fois mettent la barre haute pour la myriade de groupes qui, depuis des années, s'acharnent à assimiler le son du groupe sans vraiment arriver à les rejoindre (à quelques exceptions près). Rien de moins que ce à quoi on pouvait s'attendre du mythique groupe californien, en ligne avec leurs deux dernières offrandes "Honour Found In Decay" et "Giving to the Rising" tout en continuant de pousser leur son vers l'avant, tel que promis. Certains seront possiblement déçus de ne pas trouver un Through Silver in Blood II, mais Neurosis fait de la musique non pas pour se répéter et faire plaisir, mais bien pour continuer de canaliser cette force élémentaire qui les pousse depuis 30 ans vers un son propre à eux-mêmes. Viscéral, transcendant, enveloppant, instinctif, remarquable, Neurosis.
Batteur pour Nous Étions et Argument, bassiste pour Valeri Fabrikant et The Band Of Peace, père de famille, maniaque de musique en tout genre. |
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