Il est 10h, Clisson s’éveille. À la rumeur excitée des deux premiers jours de festival, le dimanche matin étonne toujours par son calme relatif. On croise les sales mines des campeurs, éprouvés par trois jours de grande fiesta globale. Flottement étrange où les coreux en casquette et les vikings cornus ressemblent bien plus à des zombies de cinéma bis qu’à des guerriers.
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Théo
Si on n’a jamais expérimenté un festival musical open air tel que le Hellfest, il est difficile de comprendre le début de journée typique dans le camping du site. Le réveil dans la moiteur du sac de couchage, sous une tente bon marché. Le manque désespéré de caféine, l’agression de la lueur du jour. Puis cette première cigarette, dégainée comme un réflexe de défense primale face à l’odeur de bière forte qu’ingurgitent certains dès qu’ils sont sur pied… Mais plus encore la sensation étrange d’avoir passé tellement d’instants musicaux formidables la veille.
130 000 litres de bière. 10 000 litres de muscadet. Une demi-douzaine d’hectares réquisitionnés. Près de 160 artistes. Bref. Le Hellfest, nous y sommes désormais habitués, c’est lourd. Comment expliquer dès lors la couverture souvent très superficielle accordée par les médias généralistes à un festival affichant des chiffres aussi impressionnants ? Au passage, le fest de Ben Barbaud s’est hissé à la troisième place des festivals français en termes d’affluence en 2012, derrière les Vieilles Charrues et Solidays, mais devant Rock en Seine et les mythiques Eurockéennes. Cet article se veut un reportage du Hellfest axé sur de nombreux groupes au talent certain. Des sensations live souvent éblouissantes. Quelques notes jetées au gré du vent, depuis de vulgaires amplificateurs de son, qui peuvent changer une existence à tout jamais (je vous jure que ça arrive). Et ces groupes étaient souvent relégués au bas de l’affiche du festival de Clisson, là où pas un journal n’est allé vérifier, au-delà de leur ignorance, la qualité de ces groupes.
Tout s’est passé si vite. A peine annoncée la fermeture des Combustibles, l’accueillante maison qui a vu passer bien des légendes du stoner et du doom, on apprenait que l’organisation avait trouvé un nouvel écrin pour la douceur des progras Stoned Gatherings : les barbus patchés du monde entier en escale à Paris allaient désormais délivrer leurs sets furieux au Glazart, Porte de la Villette. Retour sur ce premier concert plutôt concluant.
Repêchage. C'était pas gagné d'avance. Avec la fermeture administrative du Point Ephémère par la préfecture de police du 10è, le concert d'Oxbow Orchestra semblait a priori annulé. Eh oui, dur dur de gérer un lieu alternatif à la programmation ambitieuse et d'être bien vu par les pouvoirs publics et les gentils voisins.