Une lourde tâche que de faire un review d'un DVD de deux heures, mais la tâche se facilite lorsque le groupe en question est le légendaire septuor suédois Cult Of Luna, un de mes groupes préféré, tout style confondu. Un travail encore plus simplifié du au fait que j'ai vu en personne le même spectacle l'an passé lors de leur passage au Heavy Montreal, alors que le lendemain de leur magnifique prestation en fermeture du premier soir du festival sur l'île Sainte-Hélène, le groupe nous avait donné rendez-vous au théâtre l'Astral à minuit, pour une prestation complète de l'album fleuve Somewhere Along The Highway.
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Johannes Persson
"Mariner was never supposed to be played live"
Dès la sortie de Mariner, le message avait été très clair : l’expérience réunissant Cult of Luna et Julie Christmas ne dépasserait jamais le stade de l’album. A force de le répéter à tort et à travers, Johannes Persson avait fini par nous convaincre qu’il n’y aurait pas de tournée commune. Sauf qu'en Juin dernier une petite phrase change tout. Cinq dates sont annoncées dans la foulée, pas une de plus. Accompagnés de nos confrères Metal Sickness, nous avons eu la chance de rencontrer Julie Christmas et Johannes Persson à Lausanne. L’occasion de revenir sur ce projet un peu fou, des origines au grand final scénique dont nous serons témoins quelques heures plus tard.
Quand j'avais 18 ans, un pote s'amusait à sortir des idées de collaborations musicales de rêve, genre "hey, imagine si Tool et Nine Inch Nails faisaient un album ensemble ? Ou Cult of Luna et Battle of Mice ?". Je lui répondais "t'es con, pourquoi pas Nirvana et Jimi Hendrix tant que tu y es", avant qu'il reparte chez lui en mob. Autant vous dire que lorsque j'ai appris que ça allait arriver, ce fût pour moi la réalisation d'un fantasme d'ado. A partir de là, impossible de louper ce concert, même si ça implique de se taper quelques heures de route et shooter avec une main suite à une récente fracture du poignet. Aucun regret, ce show aura été une branlée de bout en bout, que ce soit niveau prestation ou présence scénique, avec une Julie survoltée et possedée, mais toujours parfaitement juste. Chevron et Cygnus, putain !
Entre le groupe estampillé « post-metal » le plus célèbre d’Umeå et moi, ç’a été une longue et fructueuse romance… Du genre projets de fiançailles à foison dans une paisible ferme suédoise au son du séculaire clocher tors, plutôt qu'un match Tinder d’un soir pour une amourette sans lendemain. A vrai dire, depuis notre rencontre au détour d’une page chronique d’un webzine orgiaque il y a plus de onze ans maintenant (ça nous rajeunit pas tout ça ma bonne dame…), au son de la profonde complainte « Leave Me Here », la présence ténue mais salvatrice de nos Krisprolls favoris n’a cessé de hanter mes rêveries de concassage sonore les plus débridés autant que mes plus célestes spleen embrumés.
Un jour, on m’a dit que mon comportement vis-à-vis de Cult of Luna relevait de la dévotion. Sur le moment j’ai trouvé le mot un peu fort, presque insultant. Dans mon esprit, il était associé à des réactions extrêmes dans lesquelles je ne me retrouvais pas et que je condamnais intérieurement. Mais après réflexion, j’ai bien été obligée d’admettre qu’il y avait une part de vérité là dedans : Cult of Luna n’était plus un simple groupe dont j’étais fan ; il était devenu quelque chose de beaucoup plus.
On vous en avez parlé ici et sur les réseaux sociaux, on savait l'intégralité du passage de Cult of Luna capturé par les équipe du Hellfest Festival, et bien ça vient juste de tomber. Une heure trente, 7 morceaux, du désormais classique Ghost Trail, Finland ou Dark City Dead Man (!) à l'immense pièce Vicarious Redemption issue de leur album Vertikal paru cette année, et des retours par dizaines de festivaliers comme ceci étant LA prestation du festival de la part des suédois, ce concert était attendu de bien des absents.
Pour celui qui n'est pas spécialiste de la géographie helvète, savoir où se trouve Le Locle en Suisse peut sembler un peu ardu. Petite ville nichée à la frontière franco-suisse, Le Locle de par sa taille plutôt restreinte peut surprendre par le fait d'abriter ce festival. En effet, qui peut se targuer d'avoir fait jouer Meshuggah, Neurosis, Mogwai ou encore Gojira dans une ville de moins de 50 000 habitants ?
5 ans, c'est le temps qu'il aura fallu à Cult Of Luna pour sortir un nouvel album ! Bien qu'officionados convaincu de la première heure lors des sorties de leurs albums The Beyond (2003) ou de Salvation (2004), les deux longs formats suivants m'ont laissé plutôt indifférent, énième redite d'un style certes maîtrisé mais usé par une armée de seconds couteaux tous désireux de croquer la pomme du hipster postrock à tendance métallisée. Curieux de voir ce qu'ils avaient gravé sur leur nouveau long format, je me sors les doigts du colon et je tapote sur mon clavier pour voir si les internets ont la possibilité de m'offrir le sésame sonore... Sans problème, la toile a réponse à tout, voire plus encore, je lance donc ce sixième krisprolls dans mes enceintes.
Je me suis toujours demandé quel genre de public lit les reviews de concerts. S'agit-il de gens qui y étaient mais qui veulent avoir l'avis d'un journaliste random ? Ou alors est-ce essentiellement adressé à ceux qui ont loupé le concert en question ? Parce que si c'est le deuxième cas, dans un monde idéal cette review n'aurait pas lieu d'être. Pourquoi ? Parce que tous les lecteurs de ce webzine auraient dû y être. Oui, même toi, le lecteur paumé au milieu de la campagne. Ça valait le déplacement, crois-moi.
« Good news everyone ! » les Suédois de Cult of Luna reviendront avec "Vertikal" début 2013. Comme "Eternal Kingdom", "Vertikal" sera un concept album inspiré de l'oeuvre cinématographie de Fritz Lang :Metropolis (tiré du roman d'anticipation utopique de la romancière Thea von Harbou). En attendant un peu plus de matos à découvrir, vous pouvez toujours aller lire la très cool entrevue d'un des guitaristes/chanteurs du groupe sur Metalorgie.com.
Voici les commentaires du groupe :
Les art-rockeurs suédois de CULT OF LUNA publieront leur nouvel album studio en cinq ans, intitulé “Vertikal”, début 2013. L’album est dit comme influencé par le film “Metropolis”, avec une toile de fond hypnotique de machines et de répétitions. Le groupe commente : « Avant de commencer à composer, nous désirions trouver une thématique qu’il serait possible de démontrer à travers la musique, et nous espérons avoir réussi. Nous avons développé des structures claires - très linéaires, refusant de compliquer encore plus le processus d’écriture. Nous avons réalisé que notre public avait attendu pendant très longtemps que nous remontions sur scène, mais nous ne voulions pas y retourner sans avoir de nouvelles compos. Il y a eu des changements, et nous voulons revenir à nos propres conditions avec quelque chose de totalement nouveau. C’est très important pour nous de transposer l’idée d’un nouvel album avec sa représentation scénique, de ne pas faire du sur place, et d’inclure notre public dans ce sur quoi nous avons travaillé. Et vous entendrez ça très prochainement. »