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Cult of Luna : "Nous considérons Mariner comme un testament de nos valeurs [...]"

Portrait de Boris
Cult of Luna : entrevue Thomas Hedlund 14/04/16 @ Roadburn Festival 2016, Tilburg

Entre le groupe estampillé « post-metal » le plus célèbre d’Umeå et moi, ç’a été une longue et fructueuse romance… Du genre projets de fiançailles à foison dans une paisible ferme suédoise au son du séculaire clocher tors, plutôt qu'un match Tinder d’un soir pour une amourette sans lendemain. A vrai dire, depuis notre rencontre au détour d’une page chronique d’un webzine orgiaque il y a plus de onze ans maintenant (ça nous rajeunit pas tout ça ma bonne dame…), au son de la profonde complainte « Leave Me Here », la présence ténue mais salvatrice de nos Krisprolls favoris n’a cessé de hanter mes rêveries de concassage sonore les plus débridés autant que mes plus célestes spleen embrumés.

En 2012 déjà, au détour d’un concert impromptu de nos Scandinaves à Gävle dans leur Suède natale - concert malheureusement avorté à cause des conditions météorologiques, l’occasion nous avait été donnée pour un premier tête-à-tête tout ce qu’il y a de plus chaste avec Johannes Persson, guitariste/chanteur/leader et tête pensante des adorateurs de la lune… Prélude à une première entrevue enjouée et sincère qui laissait présager du meilleur quant à la conclusion d’une union légitime sous le regard bienveillant de l’Eternel en son Royaume peuplé d’une faune obscure aux mille yeux malins et terribles…

Les bases étaient posées, la fondations du vertical édifice pouvaient continuer sous de favorables auspices… Et finalement, quelle meilleure occasion pour consommer les noces qu’une rencontre improvisée au coeur du temple sélénite, la Messe des Messes des doomeux, stoners et autres démons psychédéliques… L’édition 2016 du Roadburn en région alliée, comme point culminant pour notre lune de miel !

Et ainsi soit-il… Ce jeudi béni des dieux, premier jour du festival le plus emblématique des scènes underground aventureuses et enfumées, nous avons pu nous entretenir au cours d’une interview courte mais intense en échanges avec Thomas Hedlund, l’un des batteurs du groupe, en marge de leur concert-destruction massive de l’après-midi, pendant lequel quelques chanceux dont nous faisions partie ont pu assister à la représentation intégrale de leur album culte de 2006 « Somewhere Along The Highway »

Où l’on apprend que Thomas rêves de chimères squelettiques, n’écoute que du hip-hop, et enregistre des percussions cheloues dans les escaliers…

(Le TM nous accueille avec Estelle et Andrey dans une petit loge en marge de la Main Stage. Il nous accorde 20 minutes d’entrevue avec Thomas, l’un des batteurs de CoL, Johannes devant se consacrer à la conférence SATH.)

P: Salut Thomas, j’ai préparé quelques questions…

T: Cool ! Installez-vous, je vous en prie.

(Thomas nous offre des bières, de l’eau et propose même du café… On s’installe, je prends une chaise en face de Thomas, Estelle s’assoit accroupie à côté de lui, Andrey reste debout en retrait derrière nous. J’accepte une bière avec plaisir, la dépose à côté de moi, n’ayant pas encore terminé mon gobelet en plastique encore à moitié plein de Stella locale.)

P: Tu te sens prêt pour commencer l’interview ?

T: Oui parfait, quand vous voulez.

P: Félicitations pour votre concert de cet après-midi…

T: Merci beaucoup !

P: Nous attendions tous cet évènement avec impatience et franchement vous nous avez mis une claque, c’était un super show… D’autant que vous en êtes à votre 6ème jour de tournée, comment te sens-tu ?

T: (posé) Tout s’est passé merveilleusement bien jusqu’à présent. Aujourd’hui c’était la première fois que nous ne jouions que l’album (SATH)

(Thomas s’interrompt et insiste pour proposer sa chaise à Estelle qui a pris place sur le sol à côté de lui. Devant son refus poli, je lui propose ensuite mon siège, mais elle préfère rester sur place à côté de Thomas.)

T: Je suis vraiment désolé pour ça… Pourquoi diable n’y a-t-il que deux chaises dans cette loge ? (rires) Mais bref… Comme je vous le disais, c’était le premier concert pour lequel nous n’avons joué que l’album en intégralité, les autres soirs nous interprétions quelques chansons issues des anciens albums, nous nous arrêtions puis on enchainait avec tout SATH… On a passé des moments intenses, c’était génial.

P: Comme j’ai raté votre show à Paris, quelles chansons ai-je manqué à tout jamais ?

T: Eh bien on a joué quelques chansons de « Salvation » (ndt: « Echoes » et «Waiting For You ») et « Vertical » (« The Weapon »)… Un peu de tout en gros. A l’exception du nouvel album… ce qui est très étrange (rire) !

P: Oui en effet, votre collaboration avec Julie Christmas… J’espère que nous aurons le temps d’y revenir. Mais avant, pourrais-tu nous en dire plus au sujet de ce projet de tournée autour de « Somewhere Along The Highway », 10 ans après la conception de cet album charnière pour votre groupe?

T: Eh bien, c’est un album dont nous nous sommes toujours sentis très fiers… Je ne saurais pas te dire pour quelle raison exactement… Mais c’est comme s’il avait capturé un moment particulier dans nos existences, en tant qu’individus mais aussi en tant que groupe. Je pense que c’est le premier album au sujet duquel nous avons tous pu nous dire « Okay, voilà une super bonne galette. » Parce que sur tous nos disques précédents, il y avait toujours quelque chose qui nous chiffonnait… Par conséquent, cela faisait sens pour nous de célébrer son anniversaire en organisant une tournée… Bon bien entendu, l’idée ne venait pas uniquement de nous, l’agent de booking a eu son mot à dire évidement, ainsi que notre manager… Tous ces gens semblaient penser que mettre en oeuvre les moyens financiers nécessaires pour organiser une telle tournée était justifié, et nous sommes très contents d’y être parvenus tous ensemble.

P: Super… et au-delà des motifs financiers, penses-tu qu’il y ait une raison, peut-être plus profonde à cette idée de tournée? Je veux dire, SATH représente un jalon de votre carrière… Peut-être y avait-il une volonté de votre part de faire honneur à cet album en lui attribuant une nouvelle fois la place de marque qui est la sienne : la scène?

T: Il est rare de toujours porter dans son coeur un album si ancien et d’avoir encore envie de le jouer en intégralité sur scène, tout en ayant le sentiment d’en retirer une nouvelle fraicheur, une énergie renouvelée… Donc oui, d’un point de vue émotionnel, l’idée de rejouer cet album en intégralité sur scène était tout à fait cohérente.

P: C’est effectivement le sentiment que nous avons eu cet après-midi, vous aviez l’air de vous éclater à jouer, ça faisait plaisir à voir…

T: Oui c’était top, merci… (à ce moment là, leur ingélumières et manager, Alexis Sevenier, entre dans la loge et sinstalle derrière Thomas). Oh voilà « le Français » (en français dans le texte)

P: Bravo mec tes lights étaient folles !

Alexis: Merci!

P: En parcourant les liners-notes écrites par Johannes (ndt: Persson, guitariste, chanteur et leader du groupe) pour la nouvelle édition vinyle de SATH, j’ai appris que vous vous étiez littéralement coupés du monde en vous enfermant dans une ferme à la campagne, non loin d’Umeä - votre ville natale, et vous étiez confinés dans votre bulle rurale en plein processus de création… Cet environnement a très certainement contribué dans une large mesure à accoucher de cet album agreste aux sonorités rurales typiques de votre enfance… Mais, d’un autre côté, n’aviez-vous pas un peu tendance à perdre pied avec la réalité dans cet environnement clôs, à l’abri des appels incessants de la ville ?

T: Oui je m’en souviens bien, pour moi ces sessions furent intenses mais dans mon souvenir assez détendues aussi parce qu’on pouvait consacrer toute notre attention à l’enregistrement… Et aussi, comme tout cela s’est déroulé il y a dix ans, aucun d’entre nous n’avait d’enfants, on était plutôt jeunes et insouciants, c’était ambiance détente. Donc je garde en mémoire les bons souvenirs d’avoir pu me plonger corps et âme dans ce projet à l’époque. Et je me souviens que l’endroit était magnifique (ndt: comme en témoignent les nouvelles photos illustrant la réédition vinyle de SATH)… Et l’album sonne superbement… C’est Magnus qui a eu l’idée d’organiser les sessions d’enregistrement dans cette ferme.

P: Et c’est Magnus (ndt: Lindberg, batteur du groupe et ingéson) qui avait loué tout le matériel d’enregistrement pour l’occasion ?

T: Oui exact ! L’ambiance était folle… On dormait sur le sol à même la grange la nuit, on n’avait aucun confort urbain dans cette ferme… On vivait en pleine nature… Tu te levais le matin, jetais un oeil à la fenêtre et tu ne voyais rien d’autre que des champs et des arbres à n’en plus finir…

P: Et est-ce que vous avez véritablement aperçu cette vieille femme à l’aspect squelettique qui s’était mise à danser toute seule dans un marais à côté de votre ferme, la nuit même où vous avez enregistré « And with her came the birds »?

T: Ah oui Johannes en a parlé dans le livret… A vrai dire, je devais être endormi lorsque c’est arrivé… J’ai dû rêver d’elle… (rire général)

P: Peut-être peux-tu nous dire quelques mots au sujet de la bataille avec votre ancien label Earache Recordings pour pouvoir ressortir vos deux albums Salvation et SATH?

T: A vrai dire je n’en sais pas plus que toi sur cette histoire… (il se tourne vers Alexis) Tu en sais peut-être plus?

Alexis: C’est compliqué parfois de travailler avec certains labels qui détiennent vos bandes. Et pour ces albums-là en l’occurrence, COL n’est pas propriétaire des masters, c’est-à-dire que leur musique ne leur appartient pas. A partir de ce moment-là, parce que le label a payé pour la production, ça peut devenir compliqué de pousser pour certains choix, et eux sont motivés principalement par des raisons financières, et ça rend les choses difficiles parce que le groupe n’a pas le contrôle… Tu vois finalement tout s’est bien terminé car le groupe a pu sortir les vinyles. Mais ça a été pas mal de discussions.

P: Ok merci ! Et revenons un instant à votre nouvel album en collaboration avec Julie Christmas, « Mariner », je trouve qu’il sonne superbement bien, un album qui se déguste sur le long terme et dont toutes les subtilités d’arrangements et de production nécessitent de nombreuses écoutes pour être découvertes et appréciées dans toute leur subtilité.

T: Merci, ça fait plaisir.

P: Déjà, en tant que batteur du groupe, je voulais te poser une question en rapport avec ton jeu de batterie… J’ai l’impression que, depuis plusieurs albums déjà, votre jeu, à Magnus et à toi, est de plus en plus influencé par les rythmiques hip-hop… Je veux dire qu’on est très loin des canons du « batteur metal »…

T: Oh mec ! Je prends ça comme un immense compliment.

P: Est-ce intentionnel ? Ecoutes-tu beaucoup de rap, de musiques extérieures aux sphères metal classiques?

T: Je n’écoute quasi-exclusivement que du hip-hop ! De la pop et du hip-hop. En fait je n’écoute pas de metal du tout (rires). Magnus en écoute plus en revanche ! Mais bon sur « Mariner » je suis le seul à jouer… Il ne joue pas du tout sur cet album, donc j’ai pu donner libre cours à mes propres influences.

P: Sérieusement, Magnus n’a pas joué sur cet album ?

T: Ni sur celui-ci, ni sur les derniers… Il a dû jouer une chanson sur SATH… Mais notre relation tient véritablement de la collaboration, on s’entend tellement bien tous les deux, et on est tout à fait complémentaires… il n’y a pas de notion de « prestige » ou quoi que ce soit… Il travaille en tant qu’ingénieur du son, il produit tous nos albums, donc c’est moi qui assure la batterie, à moins que nous partions en tournée avec CoL, auquel cas nous jouons tous les deux bien entendu. Mais la batterie c’est mon boulot, de telle sorte qu’il nous a paru tout à fait naturel de séparer les tâches de cette manière, et cela fonctionne plutôt bien. En studio c’est Magnus derrière la console, et moi qui joue les parties de batterie, c’est une affaire qui roule.

Alexis: Oui mais vous avez composé tous les arrangements de batterie à deux…

T: Oui, tout à fait… A vrai dire j’ai commencé à composer les parties de batterie, puis il est intervenu dans le processus assez tard, ce qui est une excellente chose, car cela donne une sorte de recul sur les compositions. « ça c’est de la merde, ça c’est cool, tu devrais garder ça etc… ». Donc Mangus et moi, c’est une collaboration fructueuse !

P: je crois savoir qu’il refuse le terme de « producer », il se considère comme un ingénieur du son avant tout…

T: Tout à fait, nous « produisons » l’album tous ensemble. Mais c’est un tel luxe que d’avoir au sein du groupe un musicien qui est aussi ingénieur du son, producteur, mixeur… Il mixe et masterise tous nos albums… C’est le pied.

P: C’est énorme…

T: Et c’est pas cher! (rire général). Non mais c’est une collaboration très spontanée, je joue, il enregistre et supervise le tout, c’est très naturel finalement… Mais bref, je suis très content que tu aies repéré mes influences « hip-hop » , ça fait très plaisir (rires).

P: Continuons sur les arrangements de l’album alors. On sait que votre ancien claviériste Anders a dû quitter le groupe pour des raisons personnelles, et que vous l’avez remplacé par le mec de PG Lost, Kristian Karlsson… Et il me semble que les textures, les ambiances y ont gagné un côté organique, intense, spatial… encore plus prépondérant que sur Vertikal et vos anciens albums… Comment s’est passée cette collaboration avec Kristian ? Vous lui avez laissé carte blanche ?

T: D’une certain manière oui. Totalement. je veux dire dans le cas de « Mariner », comme nous voulions faire un « album spatial », cela faisait sens d’accorder une importance de premier ordre aux synthés! (rires) Et d’en faire un élément proéminent du mixage. Mais plus généralement, on a toujours tenté d’enrichir nos compositions au fil des albums, et intégrer plus de sons synthétiques semblait comme une progression naturelle de notre son. Après, en ce qui concerne la question des arrangements, quel que soit l’instrument, chacun apporte son grain de sel, et on tente de s’entendre tous ensemble. Je dirais que c’est véritablement un travail de groupe, un boulot coopératif en quelque sorte. Kristian a vraiment apporté un nouveau souffle… Au départ, c’est un bassiste, qui joue aussi de la guitare, ce gars est tellement talentueux… c’est aussi un « producer » de talent, ce qui est appréciable car cela lui permet de savoir de quelle manière marier ses parties des claviers avec le reste des instruments au sein d’un mixage.

P: C’est top merci. Et j’avais une question perso à te poser, il m’a semblé que les arrangements de guitare à la fin de « Approaching Transition » (sur Mariner) étaient très proches de la fin de « Deliverance », sur votre album « The Beyond »… Est-ce un clin d’oeil ? Ou bien quelque chose de l’ordre de l’inconscient ? Ou peut-être juste une interprétation foireuse de ma part ?

T: Oh ! Cela tient certainement de notre inconscient alors. Car bien que nous tâchions de nous renouveler à chaque album, et d’expérimenter de nouvelles choses, nous restons comme prisonniers d’un certain schème de pensée qui est le nôtre depuis les premiers albums… Tout se passe comme si nous développions les mêmes structures esthétiques depuis nos débuts. Les conditions d’enregistrement, la production peuvent bien évoluer… Mais si tant est que nous cherchons à faire de notre mieux pour proposer une oeuvre nouvelle à chacune de nos sorties, il ressort toujours un canevas de compositions auquel nous ne pouvons échapper, quels que soient nos efforts pour nous en détacher… On se retrouve toujours dans une esthétique claire et unique, l’écriture est toujours le travail et l’aboutissement de la confrontation des mêmes être humains, on suit toujours le même fil conducteur… Donc oui, cela fait sens que tu trouves des similitudes entre différents éléments, que tout soit lié… Mais non ce n’était pas un clin d’oeil réfléchi… Peut-être juste notre manque d’imagination (rires).

P: Le résultat déboîte en tout cas ! D’ailleurs en parlant de la production de l’album, Johannes m’avait confié lors d’une interview à l’occasion de la sortie de Vertikal que vous vous étiez beaucoup amusés en studio à enregistrer toutes sortes de sons insolites, en frappant des barres de méetal contre les poutres du parking de votre studio par exemple, pour produire ses sonorités typiques de l’univers urbain de cet album… Pour « Mariner », avez-vous aussi expérimenté des techniques inhabituelles pour coller au thème cosmique de l’album ?

T: Tout à fait ! On essaie toujours de créer des sonorités « customisées », en particulier en ce qui concerne les sons percussifs… Et là, en studio, il y avait par exemple cet escalier, dont nous avons utilisé l’acoustique pour produire ces sonorités bizarres… En un mot comme en cent, on essaie de faire preuve d’imagination en studio. Mais comme on peut difficilement transporter un escalier avec nous en tournée (rires)

P: Vous le samplez ?

T: Pas tout à fait, on devient vite fous en studio, et on a tendance à utiliser tout ce qui nous passe par la main, mais on se calme un peu quand on part en tournée… On n’utilise pas tellement de samples en live.

P: As-tu eu l’occasion de rencontrer Julie en personne ?

T: On l’a rencontrée lors de notre concert à New-York à l’automne dernier oui… Mais pour une raison ou pour une autre, je n’ai pas eu l’occasion de la rencontrer personnellement, mais elle a beaucoup parlé avec Johannes…

P: En ce qui me concerne, votre collaboration est un véritable succès, je trouve que la mariage de sa voix et de votre univers a engendré un enregistrement unique et époustouflant, pourtant, au départ, quand j’ai entendu parler de votre projet de collaboration, je n’étais pas du tout certain du résultat…

T: (rires) Moi non plus tu sais ! Mais ça faisait partie du truc… On ne savait pas vraiment où tout cela allait nous mener. Ce qui, d’un certain côté, n’est pas plus mal, on ne se pose jamais trop la question de la réaction du public… Mais dans ce cas précis, on n’avait jamais été aussi peu assurés de la réception de notre travail…

P: J’ai l’impression que la critique a été unanime jusqu’à présent, et a salué votre oeuvre dans son immense majorité…

T: Oui, la critique a été très sensible à l’album, ce dont nous sommes très fiers. Nous considérons cet album comme un testament de nos valeurs, tout ce à quoi nous croyons dur comme fer… Et cela nous intrigue, d’une certaine manière… Avec un peu de chance les auditeurs l’apprécieront aussi, et s’ils ne l’aiment pas, c’est bien aussi…

P: En tout cas nous sommes conquis… Thomas, peut-être pourrais-tu nous révéler quelques secrets de fabrication à propos d’une piste de l’album en particulier, la deuxième track « Chevron », où les différentes pistes de voix de Julie se chevauchent et s’entrelacent d’une manière tout à fait fougueuse…

T: Ah oui… Elle a pris les choses très à coeur sur ce morceau, elle est littéralement devenue folle sur ce titre, d’un point de vue artistique… Elle a proposé des tonnes d’idées, elle a tout donné pour ce morceau… Ensuite, ce qu’on jette et ce qu’on conserve, on peut toujours en discuter plus tard mais c’était drôle car on lui avait écrit quelques grandes lignes sur ce qu’on voulait à certains endroits précis… Et elle les a lues, puis (il mime un grand balayage de la main) « Ok… Je ferai ça à ma sauce quoi qu’il en soit ! ». C’est une chanteuse unique qui a sa propre « vibe ». Si elle le sent, alors elle le fera comme elle l’entend, quelles que soient les directions proposées… Ce qui est cool, c’était certainement ce dont nous avions besoin, car nous pouvons être des « control-freaks »… Hum… Nous sommes des control-freaks assurément (rires) ! Donc bosser avec une personne qui a une confiance absolue en elle, qui ne se laisse pas imposer de lignes directrices, du genre « Voilà ce que j’aime, et voilà ce que je vais faire », c’était tout simplement parfait… C’est « elle » (rires). Mais tu devrais probablement lui demander ce qu’elle en pense (rires).

P: En tout cas vos deux univers se marient à merveille, voilà ce que l’on retiendra de cette collaboration !

T: Oui et au départ on était tellement sur les nerfs… On ne savait pas du tout quoi attendre de cette collaboration… Mais finalement Julie nous a conduit vers des régions inconnues dont nous n’aurions jamais pensé nous approcher !

P: Et dis-moi, s’il est vrai que vous avez déjà plus ou moins exclu la possibilité d’interpréter cet album en live, au vu des contraintes géographiques liées à la situation de Julie, sans compter les difficultés déjà présentes pour vous rassembler au sein de votre Suède natale, ne pensez-vous pas qu’un jour, une telle tournée puisse avoir lieu ?

T: ça dépend de combien tu nous payes mec. (rire général) Mais blague à part, dès le départ le concept était clair, cet album était a été conçu pour rester un album studio, sans préconcevoir de le transporter en live… Après, comme je l’ai dit, on a tout fait pour arracher la substantifique moelle de cet album, et avec un peu de chance, quelques auditeurs l’apprécieront. Ensuite, si on ressent un appel vers la scène, alors nous reconsidérerons les choses, et, oui, si on parvient à trouver un moyen de bien faire sonner cet album en live, et que nous sommes satisfaits du résultat, alors oui une tournée n’est pas exclue.

P: Mais j’imagine que répéter avec Julie représentera un obstacle de taille…

T: En effet, mais bon, aujourd’hui tout est possible…

P: J’aime beaucoup ta philosophie ! D’ailleurs je voulais aborder une question qui me tient particulièrement à coeur, c’est ce thème de la répétition, que vous développez inlassablement d’albums en albums, je veux parler de ces paysages sonores que vous peignez et développez si soigneusement, avec tant de patience, et qui s’étirent vers des hauteurs spirituelles dignes de véritables messes chamaniques… On est loin des schémas d’écriture du style « couplet/refrain/couplet/pont/refrain »… Comment abordez-vous le processus d’écriture au sein de Cult Of Luna? Pour toi, le travail est-il très différent de, disons, ton écriture pour Phoenix, qui est plus orienté « pop »?

T: Un tout petit peu plus orienté « pop » on va dire (rire)… Je plaisante ! Je dirais que le processus global d’écriture, je parle de la dynamique des morceaux, étant donné que la plupart d’entre nous viennent d’une culture non pas typiquement metal, mais plus orienté « pop », dans le sens où nous écoutons tous beaucoup d’Inde rock etc… les structures de nos morceaux sont assez classiques en un sens, nous les étirons simplement sur de plus longues durées… Mettons que, au lieu de jouer une chanson de trois minutes, on joue une partie de quatre…

P: Oui et pourtant vos morceaux ne sonnent pas comme des improvisations échevelées, on distingue bien une structure et une évolution…

T: Oh, ça veut dire beaucoup que tu penses cela, merci. Mais tu sais, quand j’ai rejoint le groupe, j’écoutais l’album éponyme, et « The Beyond », et je me disais, mais c’est fou ! Vos parties ne peuvent pas durer si longtemps les gars ! Genre quand tu arrivais au beau milieu d’une partie, et tu te dis « Ok, les gars… maintenant on change de thème ? » et en fait pas du tout, elle n’en est qu’à la moitié ! Mais, comme tu dis, une fois que tu rentres dans cet aspect de transe, que tu acceptes cette perspective ultra répétitive, alors ce n’est plus un sentiment d’être assujetti à une contrainte qui domine, mais plutôt une idée de liberté totale qui affleure. Comme un sentiment de s’affranchir de toute astreinte et de véritablement se perdre dans la musique… Un sentiment magnifique… C’est très agréable à jouer… Et donc voilà un aspect de la musique que j’ai fini par accepter et désirer. C’est devenu tout à fait naturel pour moi. Bien entendu, au sein de chaque partie, nous tentons d’apporter de légers changements pour préserver l’attention des auditeurs. Je ne sais pas si cela répondait à ta question ?

P: Tout à fait, je souhaitais surtout comprendre ta perspective, et non pas connaître la vérité absolue sur votre processus de composition…

T: Exactement… Tu sais lorsqu’on trouve la « vérité absolue », alors le moment est venu de quitter l’aventure. Nous sommes en constante recherche de ce moment de surprise, d’inattendu, cette part d’imprévu propre à la création… Si nous savions exactement ce que nous faisions, nous devrions arrêter (rire).

P: Vous n’êtes pas des scientifiques…

T: Nous n’avons pas affaire à de la science, mais à de l’art (rires).

P: Pour terminer en revenant au concert de cet après-midi, j’ai personnellement été subjugué par votre interprétation de « Dim », une de mes chansons favorites de SATH, et il m’a semblé que l’alchimie entre vous tous était simplement parfaite… J’ai ressenti une grande intensité à cette interprétation particulière, j’étais au bord de la transe pendant ce morceau…

T: Wow merci. On a adoré jouer cette chanson aujourd’hui. Et peut-être parce que beaucoup d’entre nous sommes plutôt des gars branchés « indie-pop », et que « Dim » est un genre de chanson plutôt « indie »…

P: Sous quel aspect ?

T: Au niveau des harmonies, tout ça… Donc on a tous vraiment pris notre pied comme des malades à jouer cette chanson, et c’est sans doute cette joie communicative qui t’a fait ressentir cette transe !

P: Cool ! Thomas, malheureusement nous arrivons à la fin de cette entrevue et notre temps est écoulé, mais peut-être aurais-tu le temps pour une petite question bonus? J’aurais voulu savoir comment c’était de tourner avec les gars de Bossk en Angleterre ? J’ai l’impression que ce sont les gars les plus gentils du monde !

T: Oui ils sont adorables vraiment ! Tu sais c’est toujours étrange, car pendant la tournée, nous n’avons jamais de journée tranquille pour nous reposer… Quand cela arrive, nous pouvons traîner ensemble, mais sur cette tournée, malheureusement, cela n’était pas possible, par conséquent je n’ai pas pu passer autant de temps que je l’aurais souhaité avec eux… Mais ils ont été excellents, et Tom en particulier nous a beaucoup aidé sur plusieurs tournées, big up à lui!

P: Mec merci d’avoir pris le temps de répondre à nos questions. On te souhaite ainsi qu’à tout le groupe et votre staff le meilleur pour la fin de la tournée !

T: Merci beaucoup (en français).

 

/// ENGLISH VERSION ///

P: Congratulations for your show this afternoon !

T: Thanks a lot man.

P: That’s an event we’ve all been waiting for, and I have to admit it was a blast. What an awesome show ! So this is your sixth day of touring. How is it going guys ?

T: It’s been great actually. This was the first show though that we played only Somewhere Along The Highway .Up until today, we played a few other songs before, then we took a break and then we did the whole album. It’s been great.

P: I missed your show in Paris, so could you reveal which songs I didn’t have the chance to see ?

T: We played some songs from Salvation (ndt: « Echoes » and « Waiting for you »), some from Veritikal (ndt: « The Weapon »), a little bit of everything… Except the new album (ndt: « Mariner »), which is very weird ! (laugh)

P: I hope we’ll get the chance to come back to it, but first could you come up with some words about the whole concept of playing « SATH » back on stage, ten years after it was released ?

T: Well it’s always been an album that we’re particularly proud of. I don’t know why but it feels like it captured a moment in our lives, both as individuals, but also as a band… It might be the album we can all agree on, « Yes this was a good album », because on the previous ones, there was always something that we didn’t like. So it makes sense for us to sort of celebrate it… Though I guess the idea to make a tour out of it came through the booking agency and our manager, and that people seemed to think it was a good idea, and we were happy to do it.

P: And do you think that beyond the « economical » aspect of it there was a deeper meaning to this tour? I mean, SATH seems to represent a milestone in your career… Maybe there was a deeper will to do this album justice by taking it once again where it belongs, on stage?

T: It’s rare, in a way, to have an album that is that old, and that you’re still proud of, and you can play the songs and you feel like you get a fresh energy out of it. So yes for us emotionally, it made total sense.

P: That’s the energy we felt like this afternoon… You guys were playing it with passion and guts on stage, that was intense.

T: Yes that was a lot of fun, thank you… (at this moment, Alexis Sevenier, their light engineer, and manager, enters the room and sits behind Thomas) Oh ! « Le français » (in French) !

P: Hi ! Congrats for the light show !

Alexis: Thanks !

P: Speaking of SATH, when I read the liner notes written by Johannes for the new vinyl edition, I understood you were separated from the outside world, and got locked in a barn on the countryside, not far from your hometown, Umeå. It feels like this rural environment contributed to the sounds of this album. Could you tell us more about it?

T: Well it was both intense but also pretty relaxed because we could only focus on the music. And also this was ten years ago so none of us had kids and we were pretty young. Well, kind of young... So it was nice to just focus on this for a while, and this place is beautiful… And the album sounds great. It was Magnus (Lindberg, drums) who came up with the idea to record it out there.

P: Yeah I guess he just lent some recording stuff.

T: Yes ! We just slept on the floor and we did the whole thing… It was great, and you looked out of the window and it was just nature…

P: Did you really see that old thin lady dancing in the swamp the night before you came up with the recording of « With her came the birds »?

T: Oh you must have read that in Johannes liner notes! Well I was probably asleep! I must have dreamt about her (laugh)!

P: I know that the idea to come up with the new vinyl edition of Salvation and SATH was not « a long calm river », dealing with your former label Earache, can you say some things about the issue?

T: I don’t know much about this… (he turns up to Alexis) Do you know ?

Alexis: Sometimes, it’s complicated to work with certain labels which hold the legal rights of your music, and for these albums, CoL do not own the masters, which means their music isn’t theirs. It may be because the label paid for the production etc… It’s a complicated matter to push for some choices… Labels are motivated by economical reasons above all, which makes things complicated, because the band doesn’t have control over these topics. But finally, they released the vinyls and it all ended well, but that was a lot of talk…

P: Ok thank you for your input. Now let’s go back to your new album «Mariner », in collaboration with Julie Christmas. Firstly, because you play the drums in the band I wanted to ask you a question about your drumming style. I have the impression that, with Magnus, your playing in CoL seems more and more inspired by hip-hop rhythms… I mean we’re very far from the « metal drummer » one-o-one style…

T: (laughing) That’s a huge compliment actually.

P: Is it intentional? Do you listen to a lot of hip hop music?

T: Oh yeah! That’s almost everything I listen to… Pop and hip hop. No metal at all. Magnus listens to some metal, but on the album it’s only me playing so…

P: Oh Magnus didn’t play on this one?

T: Well he did one song on SATH, but it is really a collaboration because we’re so confortable with each other, and there is no prestige or whatever… But since he’s working as an engineer and producer, he doesn’t play drums… unless we’re touring with Col.. Whereas, for me, that’s my job… But it comes pretty natural for us to sort of collaborate in that way in the studio… he’s behind the desk and I’m playing everything.

P: So you pretty much did all the drumming parts on this album?

T: Yes, all of them but…

Alexis: You’re writing together.

T: Yes we come through it together. But he came pretty late in the process, which is a good thing too, because we need someone to oversee things, saying « This is shit.… and this is good… you should keep it »… So it’s fine.

P: I know he refuses the term « producer », he didn’t « produce » your album, he’s more of an engineer, or a mixer.

T: Yes we produced it together… But still it is a very luxurious thing to have a band member that is also a sound engineer, a producer… Someone who can master things. He mixes and masters everything.

P: That’s great.

T: And that’s cheap! (laugh) I’m kidding, but that’s the way we work, I do all the drumming but we talk everything through and it’s a super sort of easy process. So it’s cool… but i’m happy that you hear the hip-hop influences (laugh)!

P: Speaking of arrangements, I know that your former keyboard player Anders had to leave the band for personal reasons, and you got Kristian Karlsson (from PG lost) to replace him… And it feels like the synth parts, textures, ambiances have gained some aerial qualities on this album, even more cosmic than on Vertikal or your older albums…. How did this collaboration with Kristian come out? Did you give him carte blanche?

T: Sort of… For « Mariner », to make a space album, it makes a whole lot of sense to use synths, and to make that a prominent part of the mix… But it has always been a progression in trying to incorporate that. But yes, we have opinions about everything! Someone says « This is shit » or « Yeah that’s good ». It is a very collaborative kind of thing. So it’s great to have Kristian on board. Originally he’s a bass player, and he plays the guitar, and he’s super super skilled in every way… And he’s also a producer which is cool because he has that ability to sort of know how to fit certain elements in the mix.

P: It seems that the guitar chords and harmonies at the very end of « Approaching Transition » on your new album are very close to the end of « Deliverance » on The Beyond. Is it an allusion to this album? Or was it more an unconscious process? Or maybe it’s just my foolish brain connections?

T: Oh, I think it’s something unconscious…Even though we try to expand and do different things, we’ve always been in the framework of our sound. So it is a pretty clear esthetics in a way… The production might change but, in terms of songwriting, it always comes from the same guys, it puts us in a direction… So yes, it makes sense that certain elements are sort of « linked » together… But no it was not planned… It was just our… lack of imagination (laugh).

P: The results rock anyways! Speaking about the album production, Johannes had told me in an interview before the release of Vertikal that you’ve had a lot of fun in the studio recording awkward noises like banging metal plates on the parking of your studio to come up with these urban sounds typical of the atmosphere of this release… For « Mariner », did you also experiment in studio to find some « cosmic » kind of sounds?

T: Oh yes! We always try to do customized sort of percussion sounds and… We had this staircase… and we were like « that’s a cool sound , let’s record it », these kind of things… We try to be imaginative in the studio. And also, because obviously we can’t bring the staircase on tour…

P: You sample it?

T: Actually we don’t… We sort of separate the two things like we make the studio album, we go crazy and use everything that we can, in terms of sound, but then live is another thing. And we have to limit ourselves on stage. But we don’t sample that many things… in terms of percussions at least.

P: Did you have the chance to meet Julie Christmas in person?

T: Actually she came to our show in New York last fall, but for some reasons I didn’t meet her, she met Johannes and they hung out for a while…

P: The collaboration between you two guys ended up super great, I think her voice and your music match very well… and yet, when I first heard about this project, I wasn’t sure what the ending would sound like…

T: Me neither man! (laugh) Which was part of the thing… We wanted to do something that we had never done before and we didn’t really know were it would end up… Which is something we try to not care too much about but… we didn’t know what people would think about it.

P: Feels like the critic has been astonishing from now…

T: Yes, the reception had been quite overwhelming, which is cool… this album is like a testament to the fact that we don’t know - we just try to do things that we believe in and that intrigues us in a way. And hopefully people will like it, and if they don’t it’s fine.

P: Anyway we love it Thomas, maybe you can say a few words about the ending of the song « Chevron », the second track of the album, where the different Julie’s vocal tracks blend in a frenetic way… It just sounds super great…

T: She went pretty crazy on this one… She did tons of things, and she said like «Ok, I’m gonna just go for it »… And then, what you keep and what you don’t, we can sort of discus later, but in terms of the vocals arrangements … it was funny because we wrote some sort of guidelines like « This is what we want… » and she was like « Alright » (mimes tearing up a page) and « Now I’m gonna do my own thing »… She’s a very viby kind of singer. If she feels it then she’s gonna do it, which is cool, and that’s probably what we needed too because we can be pretty… we can be control freaks… Oh we are control freaks for sure (laugh)… so to meet someone who’s super confident like « Well I’m gonna do what I feel like… This is what I like. », it was perfect.. So, it’s « her ». You should probably ask her how she feels about this.

P: Anyway, your two sounds perfectly fit!

T: Yes thank you, but at the beginning it made us super scared, super anxious, but that’s what we wanted, we wanted to come to a place we we didn’t know what to expect…

P: And I know you’ve answered that question before but is there a chance that you team up once again with Julie on stage to play this album live one day?

T: It depends on the money man… (laugh) I’m just kidding, but the all idea behind the album was to make it just an album, and leave it at that.. As I said that’s how we work, we do an album, and we focus everything on that, and then if people want us to play the songs live, we will consider it… I feel that if we can do it properly, and do it in a way that sound well, then why not…

P: But I guess this would be difficult with Julie’s location in New York while you guys are in Sweden…

T: Yes but I mean… Everything is possible these days.

P: I really dig your philosophy man. And I wanted to finish with a subject that has always caught my attention closely when listening to your music, the theme of repetition… You develop these long, intricate parts for a very long time, with just a few things evolving over time , but the general feeling is that big shamanic vibe that overwhelms you… I was in trance sometimes during your show..

T: Oh cool…

P: So I wanted to know how do you approach this peculiar style of composition… Which is as far as the « verse/chorus/verse » classic pop scheme as it can be… Like you’re miles away from your style of composition for Phoenix for example, which is more pop oriented…

T: A little bit more « pop-oriented ». Just kidding… I mean, the overall structure with our songs, like the dynamics, are pretty basic… Because so many of us come from a pop background and we listen to indie music and stuff. The structures of the songs are pretty normal in a way, it’s just that they are longer parts, you know… You stretch it out… Like instead of a three minute song you play a four minute part…

P: And yet it never sound like a giant jam, it all sounds very orchestrated and always evolving…

T: It means a lot that you think that, that’s great, but it’s just… I don’t know… When I started playing with the band, obviously they made the self-titled album, then The Beyond, and I was like « but this is crazy… The parts can’t be this long… »  Like when you’re half into the part and « Ok now we should change… » and « No, actually it’s twice as long »… but when you get into it, as you say, like you get into a trance or the all repetitive kind of thing, it’s not a feeling of being tied into something, it’s more a feeling of freedom. There’s an element of just getting loose from everything and just going into it, which is beautiful. It’s very enjoyable to play. And at some point I really started appreciating it and now, it feels natural. Obviously, within the part we try to do small changes… Sorry I don’t know if it answered your question?

P: Yes I think it answered it quite well… I wanted to understand better your particular perspective, not seeking the « final truth » behind it…

T: When we find a final truth, then it’s time to quit, we’re always searching for that moment of surprise and not knowing and the unpredictable part of being creative… I mean if we knew exactly what we were doing we should quit.. It’s the search…

P: You’re not scientists…

T: It’s not science anyway… This is… Art.

P: I felt one of the highlights of this afternoon show was your performance of the song « Dim », one of my favorite songs out of SATH, and it almost seemed like the alchemy between all the musicians was just perfect…

T: We love to play that song really. I think probably because a few of us guys are more sort of « indie guys », and this is probably one of the most « indie pop » songs…

P: In which way?

T: In terms of harmonies and stuff… So it’s really enjoyable for us to play that song, so maybe that’s what you heard.

P: Unfortunately we arrive at the end of this interview, but it was a blast to have the chance to talk with you..

T: Likewise, nice to meet you.

P: Maybe we have time for some kind of bonus question? We would have loved to know how was it like to tour in England with the guys of Bossk? They seem like the nicest people open earth!

T: Yes, they are super sweet guys. I mean it’s always weird because we don’t have any days off… on the days off you get to hang out (laughs). But now we’re just doing shows, so I wasn’t able to spend that much time with them but yeah, it was a good vibe. And Tom especially has been helping us out for a couple of tours, big up to him and to Bossk.

P: Thank you very much Thomas to have taken the time to answer our questions. We wish you all the best for the end of your European tour!

T: Merci beaucoup ! (in French)

 

Crédits photos : CSAOH / Andrey Kalinovsky

Cult of Luna : entrevue Thomas Hedlund 14/04/16 @ Roadburn Festival 2016, Tilburg

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