S’il y a un groupe qui a tout compris à la marche du monde, c’est bien The Butcherettes. Moderne ? Sans conteste, à un niveau frisant le génie. Pourquoi s’inspirer des grands, quand on peut les inviter sur son album ? La filiation n’en sera que plus évidente. Shirley Manson et Henry Rollins étaient les invités de l’avant dernier album. Pour A Raw Youth, Iggy Pop et John Frusciante sont convoqués au banquet.
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2015
"Why don’t you just take a seat and start from the beginning". Ambiance feutrée, voix de cowboy, bruits de comptoir, notes de piano… Le décor du « Doom Saloon » est posé. Psychic Warfare se lance sur la plus douce introduction qui soit, s'accordant volontiers une dimension cinématographique. Deux ans après le magistral Earth Rocker, Clutch trouve encore le moyen de captiver, de fasciner, de passionner. Depuis 1991, les Américains collectionnent les succès. Si la crainte de la déception guette le fidèle et intrépide auditeur à chaque nouvel album, ce même amateur voit ses envies continuellement satisfaites. Mais quelle est donc la recette de Clutch ? Comment le groupe parvient-il, une fois de plus, à conquérir nos sensibles oreilles ?
Rares sont aujourd’hui les groupes que l’on découvre et qui deviennent pourtant si vite identifiables. Big Brave est venu jusqu’à moi avec Feral Verdure il y a peu, et depuis je peux facilement affirmer être happé par leur musique. Le trio montréalais détient un élément essentiel pour en faire un projet important : une identité propre, unique et reconnaissable. Avec Au De La, le nouvel album, Big Brave conserve ses sonorités, en signant qui plus est chez Southern Lord Records.
Un concept de super-vilain rappeur ? Si cela ne vous rappelle pas le plus grand vilain du rap, DOOM (anciennement MF DOOM), l’homme que l’on n’épelle qu’en majuscule, c’est que vous vous êtes endormis pendant ces vingt dernières années. De même, bien avant cela, Afrika Bambaataa & The Soulsonic Force endossaient l’équivalent de costumes de super-héros. Partout sur les murs ou dans les textes, les super-héros des comics ont toujours fait partie des références classiques du rap et de la culture hip-hop. Pourtant, Czarface réussit à se distinguer assez bien de ces influences évidentes.
Vous ne connaissez peut-être pas encore son nom (ou alors, vous confondez avec le dessin-animé les Thundercats), mais Thundercat, aka Stephen Bruner, est partout. Après avoir sorti l’un des meilleurs albums de 2013, Apocalypse, il a continué à bosser avec ses copains sur d’autres projets. Des copains comme Flying Lotus, sur l’album You’re dead, ou Kendrick Lamar, sur To pimp a butterfly. Il a de bonnes fréquentations le garçon mais c’est surtout parce que ce bassiste prodigieux est aussi doté d’une capacité miraculeuse à pondre des mélodies entre jazz et soul tout simplement magiques.
Le seul nom de Chelsea Wolfe suffit à nous évoquer quelques tambours de guerre, le souffle du vent, lourd, glacé et indomptable, qui craquelle la peau alors que l’on regarde la mer se déchaîner comme sur une toile de Caspar David Friedrich. Teasé à coup de morceaux tous plus bons les uns que les autres, le nouvel album de l’Américaine, Abyss, n’en finissait plus de se faire attendre. En 2013, elle parvenait déjà à effectuer une transition réussie, laissant sa folk dronesque derrière elle pour expérimenter ses affinités avec le métal, le post-punk et les musiques électroniques. Maniant habilement le mélange des genres, la louve s’enfonce encore un peu plus dans l’exploration de l’obscurité et de la mélancolie dans son nouvel opus estival, à n’écouter que la nuit.
D’après mes observations, les deux facteurs capables d’attirer l’attention de non amateurs de rap sur le rap sont les rappeurs accompagnés de groupes (The Roots, Public Enemy, Black Milk et plus récemment Action Bronson) et tous ceux capables d’atteindre des vitesses supérieures à la norme des rappeurs radio (Busdriver en tête et toute une floppée d’autres tacherons sans flow bien derrière). Lyrics Born (de son vrai nom Tom Shimura) réussit à réunir ces deux facteurs qui le destinaient à une reconnaissance bien méritée quand on considère le temps qu’il a passé dans l’underground.
Troisième album, troisième chanteur. On parierait en vain sur la décollation de la section voix du Groupe Ghost B.C., celle-ci renaissant à l’identique avec la constance d’une hydre. Une pensée émue pour les deux premiers Papa Emeritus ? Des clous (de neuf pouces) ! On distingue les goules selon leur sexe (incube ou succube) et c’est à peu près tout. Tant qu’elles chantent, pas la peine d’être trop regardant. Les maîtres des forges de l’enfer savent ce qui est bon pour nous, pauvres pécheurs complaisants.
Bien que cela fasse peu de temps qu’une chronique d’un album de Ras G a été publiée sur le site, le producteur ne perd pas de temps à composer et produire de nouveaux morceaux. Pour preuve, voilà qu’arrive le quatrième volume de sa série de compilation Raw fruit disponible en version cassette et numérique. Une obsession pour les vieux formats contredite par la négation de cette attirance pour la physicalité que l’on retrouve dans l’introduction où une discussion sur la valeur des cassettes est suivie par un sample d’une des plus fameuses vidéos youtube de la série Thug life. Cette contradiction résume pourtant très bien la musique de Ras G, à la fois basée sur la découverte d’un héritage musical à coups de samples et toujours tournée vers l’avenir en construisant un nouvel univers très personnel.
Adaptation cinématographique de l'Hôte, une nouvelle d'Albert Camus (L'Exil et le royaume, 1957), Loin des Hommes est de nouveau l'occasion pour Nick Cave et Warren Ellis de nous proposer un joyau de bande-sonore qui nous fera voyager bien plus loin encore que les plaines de l'Atlas algérien.