Bien qu'il ne sera pas dans mon top albums 2016, Earth Over Us d'Hexvessel a largement résonné dans mes enceintes cette année. Le groupe n'est plus aussi occulte et percutant que dans ses premières heures, certes, mais il reste source d'une musique qui, si elle est tournée vers des vibrations passées, est belle et bien en phase avec les enjeux actuels (le rapport à la nature et à sa protection entre autres).
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Century Media
14 ans se sont écoulés depuis le dernier album d’EYEHATEGOD, ce qui peut paraître un tantinet long. Avant de taxer l’ensemble du groupe de feignasses accomplies, il faut considérer l’actualité brûlante du frontman Mike Williams, rincé par l’ouragan Katrina, incarcéré pour possession de stupéfiants (so what ?) et désintoxiqué à l’arrache dans une pittoresque prison dont les USA ont le secret. Bref, rien de vraiment étonnant pour le légendaire Mike IX dont les étapes de la vie sont si semblables aux cases d’un certaine idée du jeu de l’oie, version poisseuse et scabreuse bien entendue. D’ailleurs, artistiquement parlant, cela ne l’a guère ralenti : à son actif, ces dernières années, un premier roman aux accents Burroughsien (Cancer as a Social Activity), un second en cours d’écriture, et diverses collaborations dont le mémorable Corrections House (voir chronique de l’album par Martin). Du travail studio, certes. Mais pour avoir vu EYEHATEGOD en live au Glazart en août dernier, puis Corrections House à la Flèche d’Or en novembre, difficile de reprocher à Williams de ne pas tenir une forme impériale.
Certaines semaines sont plus chargées que d’autres. Cet été, dans un espace de quelques jours, j’ai eu la chance de voir deux groupes qui me sont très chers, au même endroit, soit le Il Motore. Par deux fois, j’ai également eu la chance de m’entretenir avec ces musiciens dont les œuvres jouent si souvent sur ma platine.
On dirait que les choses prennent de la vitesse du côté des vétérans du sludge de la Nouvelle-Orléans. La perte de leur batteur Joey LaCaze n'aura donc pas signé la fin du projet puisque Eyehategod sera le nom de leur prochain album, et ce, 13 ans après leur dernière sortie, Confederacy of Ruined Lives. La galette, elle, dont le producteur n'est autre que Billy Anderson (à l'oeuvre derrière des albums de Sleep, Orange Goblin, Secret Chiefs 3 et bien d'autres) sera publiée via Housecore Records (le label de Phil Anselmo) le 27 mai prochain. Un extrait et les impressions de Mike Williams traduit par nos soins sur ce nouvel album sont disponibles à la suite de l'article. Un clip devrait aussi surgir dans pas long, dirigé par... Josh Graham, gardez l'oeil ouvert !
"Je dois avouer que je ne crois pas que nous ayons loupé la moindre étape de la création de cet album et je pense que ces nouveaux morceaux sont une pure combinaison d'un EYEHATEGOD classique mixé avec notre meilleure production, mixage et écriture en 13 ans. La principale et tragique cassure dans la chaîne, fut évidemment le décès l'année dernière de notre grand ami et batteur Joey LaCaze. Quoiqu'il en soit, ses pistes de batterie originales sont bel et bien présentes dans l'enregistrement final et nous en sommes vraiment heureux... Tout comme nous n'avons aucunement hésité à travailler avec Housecore, nous l'avons fait naturellement. Nous avons toujours été une famille, et nous en serons toujours une."
Ces derniers temps, mon appétit musical s’est atrophié tel un estomac en carence alimentaire. J’écoute toujours les mêmes groupes du même genre et j’en ai un peu ras le bol. Le problème est d’autant plus important que je n’ai pas le goût d’en découvrir d’autres! Je devrais sûrement consulter un gourou qui saurait m’insuffler de l’enthousiasme et me redonner le goût du nouveau à l’aide de médication douteuse. Ma seule attente du printemps fut, outre le nouveau Kylesa le 24 mai prochain, l’opus #4 d’Intronaut savamment intitulé Habitual Levitation (Instilling Words With Tones) ou pour simplifier « Album à écouter avec votre bong load quotidien ». Dès qu’Intronaut a sorti le single Milk Leg un peu plutôt cette année, je savais qu’à défaut d’avoir envie de découvrir de la musique inconnue par mes oreilles, je pouvais compter sur le quatuor de Los Angeles pour stimuler mon appétit musical. Telle une généreuse dose de tétrahydrocannabinol, le titre d’Intronaut m’a laissé dans un état d’euphorie intense avec les papilles gustatives bien mouillées. Bref, j’avais la dalle, grave… ou en acadien, j’avais les munchies, bad. Alors est-ce que Habitual Levitations dans son ensemble est un pur délire ou un badtrip ?
Mike D. Williams IX, hurleur d'Eyehategod : « J'étais SDF pendant l'enregistrement mais j'en garde un bon souvenir, celui d'une créativité collective que rien ne pouvait freiner. Les chansons de "Take as Needed For Pain" ont pour la plupart été enregistrées en une prise ou deux par cinq individus voulant étaler l'immondice de la réalité aux gens assommés par leur télé. Le fait d'avoir été sans domicile à cette période n'était pas si important, je squattais parfois un appartement abandonné au dessus d'un club de strip-tease sur Bourbon Street...»