14 ans se sont écoulés depuis le dernier album d’EYEHATEGOD, ce qui peut paraître un tantinet long. Avant de taxer l’ensemble du groupe de feignasses accomplies, il faut considérer l’actualité brûlante du frontman Mike Williams, rincé par l’ouragan Katrina, incarcéré pour possession de stupéfiants (so what ?) et désintoxiqué à l’arrache dans une pittoresque prison dont les USA ont le secret. Bref, rien de vraiment étonnant pour le légendaire Mike IX dont les étapes de la vie sont si semblables aux cases d’un certaine idée du jeu de l’oie, version poisseuse et scabreuse bien entendue. D’ailleurs, artistiquement parlant, cela ne l’a guère ralenti : à son actif, ces dernières années, un premier roman aux accents Burroughsien (Cancer as a Social Activity), un second en cours d’écriture, et diverses collaborations dont le mémorable Corrections House (voir chronique de l’album par Martin). Du travail studio, certes. Mais pour avoir vu EYEHATEGOD en live au Glazart en août dernier, puis Corrections House à la Flèche d’Or en novembre, difficile de reprocher à Williams de ne pas tenir une forme impériale.
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La Nouvelle-Orléans
On dirait que les choses prennent de la vitesse du côté des vétérans du sludge de la Nouvelle-Orléans. La perte de leur batteur Joey LaCaze n'aura donc pas signé la fin du projet puisque Eyehategod sera le nom de leur prochain album, et ce, 13 ans après leur dernière sortie, Confederacy of Ruined Lives. La galette, elle, dont le producteur n'est autre que Billy Anderson (à l'oeuvre derrière des albums de Sleep, Orange Goblin, Secret Chiefs 3 et bien d'autres) sera publiée via Housecore Records (le label de Phil Anselmo) le 27 mai prochain. Un extrait et les impressions de Mike Williams traduit par nos soins sur ce nouvel album sont disponibles à la suite de l'article. Un clip devrait aussi surgir dans pas long, dirigé par... Josh Graham, gardez l'oeil ouvert !
"Je dois avouer que je ne crois pas que nous ayons loupé la moindre étape de la création de cet album et je pense que ces nouveaux morceaux sont une pure combinaison d'un EYEHATEGOD classique mixé avec notre meilleure production, mixage et écriture en 13 ans. La principale et tragique cassure dans la chaîne, fut évidemment le décès l'année dernière de notre grand ami et batteur Joey LaCaze. Quoiqu'il en soit, ses pistes de batterie originales sont bel et bien présentes dans l'enregistrement final et nous en sommes vraiment heureux... Tout comme nous n'avons aucunement hésité à travailler avec Housecore, nous l'avons fait naturellement. Nous avons toujours été une famille, et nous en serons toujours une."
Mike D. Williams IX, hurleur d'Eyehategod : « J'étais SDF pendant l'enregistrement mais j'en garde un bon souvenir, celui d'une créativité collective que rien ne pouvait freiner. Les chansons de "Take as Needed For Pain" ont pour la plupart été enregistrées en une prise ou deux par cinq individus voulant étaler l'immondice de la réalité aux gens assommés par leur télé. Le fait d'avoir été sans domicile à cette période n'était pas si important, je squattais parfois un appartement abandonné au dessus d'un club de strip-tease sur Bourbon Street...»
Je démarrerai par ce constat non-objectif et primaire : Eyehategod est le meilleur groupe de la terre... Dans sa catégorie, on peut en être persuadé, et en général, j'aime me persuader que c'est vrai (rire). Alors évidemment, des légions de personnes ne seront pas d'accord avec cet état de fait, mais le quintet les a déja enculé à ce moment-là, sans qu'ils s'en apercoivent.