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Pelican : "Mon ambition c'était qu'on soit importants dans la scène punk de Chicago"

Portrait de William
Pelican : "mon ambition c'était qu'on soit importants dans la scène punk de Chicago"

Il y a de cela quelques mois, l'équipe de Pelecanus se trouvait à Tilburg aux Pays-Bas pour le Roadburn Festival. Par un heureux hasard, une demande d'entrevue avec Pelican nous a été formulée par une gentille attachée de presse. Après quelques jours de réflexion, je me suis dit que je ne pouvais pas rater la chance de rencontrer le groupe qui est à l'origine du site web. Ce fut donc une occasion pour nous de discuter un peu avec Trevor de Brauw, l'un des guitaristes, concernant leur passage sur le festival, leur nouveau EP et les nouvelles conditions de travail du groupe après une pause durant les dernières années. Voici l'intégralité de cette entrevue réalisée le 14 avril 2012 entre les concerts de Dark Buddha Rising et Church Of Misery.

Votre nouvel album est sorti plus tôt dans la semaine via Southern Lord Records, peux-tu nous dire dans quel contexte vous l'avez enregistré ?

 

On a pris une pause entre les albums, parce qu'après le dernier album et la tournée, on était vraiment crevés, on devait donc lever le pied, nous écarter du groupe et le considérer comme un engagement à mi-temps. On savait qu'il était temps de faire repartir la machine. On n'avait pas beaucoup de nouveaux morceaux mais on savait que c'était un signe pour qu'on s'y remette. Donc on a décidé de sortir un EP, histoire de nous remettre en route avant de sortir un LP.

 

Que signifie le titre Ataraxia/Taraxis?

 

C'est une référence à l'épicurisme. Les Épicuriens considéraient que le sens de la vie, c'était de vivre heureux et en paix, loin des sources d'anxieté. Ça c'est l'ataraxie (ataraxia). La taraxie (taraxis) c'est l'inverse. L'idée derrière l'album c'est qu'il y a une anxieté croissante dans notre société, en partie parce que l'humanité est dans un processus d'auto-destruction. Pour gérer ce genre de situation, les Épicuriens auraient préconisé de prendre du recul et d'être indifférents, et d'essayer d'ignorer ces forces, mais bien sûr cela n'apporte qu'une destruction plus rapide, ce qui crée encore plus d'angoisse au final. Il y a beaucoup de contradictions là-dedans.

 

Vous avez travaillé avec plusieurs artistes visuels par le passé, comme Aaron Turner et Seldon Hunt. Qui a créé le visuel du nouvel album ?

 

La photo a été faite par Andrew Weiss, qui avait fait la photo pour What We All Come to Need. L'artwork n'est pas étroitement lié au concept de l'album mais on voulait à tout prix un paysage, un lieu vierge de toute présence humaine. L'image de désert collait pas mal. On voulait aussi garder une unité par rapport à nos EPs sortis chez Southern Lord. La photographie est très importante dans la constitution de ces albums.

 

Tu as expliqué que vous aviez pris une pause suite à votre dernier album qui date de 2009, est-ce que c'est beaucoup plus difficile pour vous de faire un album ou de répéter maintenant que vous vivez dans des villes différentes ?

 

En fait on se voit en petits groupes. Avant on répétait à chaque fois qu'un concert approchait et quand on est en tournée on peut toujours répéter comme on veut. Maintenant, vu qu'on ne passe plus autant de temps ensemble, on se voit moins tous en même temps, mais plutôt en petits groupes. Bryan et moi on joue ensemble toutes les semaines et on travaille sur des idées. On a commencé en enregistrant et en envoyant notre travail. Cela a totalement changé notre manière de travailler. Il y a un morceau qu'on a créé comme ça. Bryan et moi on a fait une démo, qu'on a envoyé à Larry. Il a enregistré la partie de batterie. Ensuite on a pris la demo et ses enregistrements de batterie, on les a amené en studio où on a finalisé le tout, on a construit un morceau comme ça. Au final, on a créé quelque chose qu'on n'aurait jamais pu faire sinon.

 

Pour les albums précédents vous aviez sorti des clips, comptez-vous en sortir pour cet EP ?

 

En fait on a lancé un concours de vidéo, on a demandé à nos fans de réaliser une vidéo pour l'un des morceaux. On devait annoncer le gagnant jeudi dernier mais vu qu'on est en tournée on n'a pas eu le temps de jeter un œil à toutes les participations, mais on va l'annoncer bientôt.

 

Vous avez travaillé avec l'un de nos amis, Kenneth Thomas. Il a réalisé la vidéo de Lost in the Headlights et vous apparaissez dans son film Blood, Sweat & Vinyl : DIY in the 21st century. Quel effet ça fait d'en faire partie ?

 

En fait c'était la première fois qu'on rencontrait Kenneth, il est venu vers nous très tôt dans notre carrière. Il me semble qu'il nous a interviewé en 2005 ou 2006 et c'est comme ça qu'on a fini par travailler avec lui par la suite. Ça a été un réel honneur d'apparaitre dans son documentaire, et c'est très agréable de travailler avec lui. C'est quelqu'un de très inspiré.

 

Au moment où vous apparaissez dans le documentaire, vous étiez signés chez Hydrahead, puis vous avez rejoint Southern Lord. Comment tout cela est-il arrivé, comment avez-vous connu les gars du label ?

 

On connaissait Greg puisqu'on avait fait pas mal de concerts avec Sunn O))) et Larry avait un autre groupe, Lair of the Minotaur, qui a sorti des albums chez Southern Lord. Après trois albums chez HydraHead et plusieurs EP, on s'est dit qu'on avait peut-être donné tout ce qu'on pouvait auprès de ce label. On voulait voir ce qu'on était capables de réaliser ailleurs. Ça n'avait rien à voir avec une envie de devenir plus gros ou de rejoindre un gros label et d'être perdu au milieu de tout un tas de gros groupes. Donc on voulait travailler avec quelqu'un qui comprendrait notre vision, et surtout avec des artistes, comme c'est le cas auprès de Southern Lord.

 

Vous avez sorti quelques splits, est-ce qu'il y a un groupe avec qui tu rêverais de travailler ?

 

Il y a longtemps on a évoqué l'idée de faire un split avec Jesu. L'album aurait été composé de reprises et on devait commencer à enregistrer un morceau, puis l'envoyer à Justin qui l'aurait finalisé. J'aurais vraiment aimé que ça se fasse. On a commencé à en parler en 2005, et on n'a pas avancé d'un poil. Mais j'aimerais qu'on le fasse un jour !

 

De quel univers musical venez-vous ? Je sais que quelques membres de Pelican jouaient dans le groupe Tusk. Comment vous êtes-vous rencontré, et qu'écoutiez-vous à l'époque ?

 

On s'est tous rencontré via la scène punk et hardcore, puisque c'est là qu'évoluait Tusk. On était un groupe de grindcore et on jouait dans des sous-sols et des salles très DIY. On a monté Pelican parce qu'on avait des morceaux qu'on n'aurait pas pu jouer avec Tusk. Quand tu as 19/20 ans et tout plein d'énergie, ça ne pose pas problème d'avoir un deuxième groupe et surtout d'avoir deux fois plus de répétitions ! Donc on a commencé à faire des concerts, et le groupe a progressivement eu plus de reconnaissance que Tusk. Mais même à l'époque on continuait de jouer dans des salles punk.

 

À l'époque, imaginiez-vous faire des tournées mondiales ou jouer à un festival aussi renommé que le Roadburn ?

 

Non ! Perso, mon ambition c'était qu'on soit importants dans la scène punk de Chicago ! Du genre pouvoir aller manger gratuitement lors de lancements de films, des trucs comme ça !

Vous avez eu l'opportunité de signer chez HydraHead très tôt dans votre carrière, est-ce que vous pensez que cela a contribué à vous rendre connu ?

Je pense qu'avoir travaillé avec Hydrahead à cette époque a été aussi bénéfique pour eux que pour nous. Ils avaient perdu Cave In et Botch et ils n'avaient plus de gros groupes sous la main, non pas qu'on était gros quand on a signé, mais on dirait que le succès qui a suivi leur a apporté ce qu'ils cherchaient.

 

Comment avez-vous rencontré Aaron Turner ? Et quelle genre de relation entretenez-vous ?

 

Lors de notre troisième concert on ouvrait pour Isis à Chicago. On jouait, tout le monde nous regardait, même Isis, et tout le monde aimait ça même si on n'était pas très bons à l'époque. On n'avait rien enregistré encore et ils nous ont dit de leur envoyer une démo lorsqu'on en aurait une. C'est ce qu'on a fait et en quelques jours on était signé chez HydraHead. Aaron est depuis un ami proche, d'ailleurs je lui ai rendu visite il n'y a pas longtemps à Washington.

 

La première fois que je vous ai vu, c'était à Montréal en 2009 lors de votre tournée avec Tombs et Isis. Vous étiez déjà venus à Montréal avant ? Pensez-vous revenir ?

 

On a joué à Montréal en 2006 avec Mono et peut-être une autre fois aussi. On a également joué en 2008 avec Daughters. Pour le moment on n'a pas trop de plans de tournée dans la mesure où on a tous repris des emplois. On travaille sur le groupe seulement sur notre temps libre. Mais peut-être qu'on viendra l'an prochain si on a un nouvel album.

Pelican : "mon ambition c'était qu'on soit importants dans la scène punk de Chicago"
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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