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Rhino + Alam-Al Mithal + Memories Of An Old Man 10/10/2015 @ La Passe, Montréal
Par moment, il est bon de quitter le confort d’une véritable salle de spectacle pour vivre des expériences hors du commun. C’est exactement le cas de l’étonnant lieu culturel connu sous le nom de La Passe. Ce mystérieux édifice sert de librairie, musée, salle de conférence et probablement une panoplie de choses que je n’ai pas encore découvertes. Une fois entré, il faut se faufiler dans les divers couloirs et les nombreux escaliers pour trouver la minuscule salle de spectacle ayant des allures de petite église située au fond d’un rang québécois.
Memories Of An Old Man
Le premier groupe provenait de Sherbrooke et semblait avoir eu un trajet difficile, les musiciens n’étaient pas encore présents lors de l’ouverture des portes. Heureusement que les spectateurs montréalais ont la réputation d’arriver tardivement aux concerts puisque la salle était inondée de matériel lorsque la formation arriva enfin sur place. Les nombreux cabinets et instruments occupaient tout l’espace, cette soirée s’annonçait lourde avec autant de puissance sonore dans un si petit lieu.
Une fois installé et le public bien en place, Memories Of An Old Man se lançait pour une vigoureuse prestation d’une trentaine de minutes. Leur post-métal ravageur avait du mordant, pour une formation qui a traversé plusieurs changements de personnel dans les dernières années, le résultat impressionnait la foule. La détermination vocale du chanteur rappelait les premiers albums de Neurosis, l’époque où chaque phrase semblait provenir du plus profond de leurs viscères. Malgré quelques passages où le chant clair occasionnait des problèmes techniques, la prestation de Memories Of An Old Man ressemblait à un écureuil qui traverse la rue au mauvais moment, c’était court et douloureux.
Alam Al Mithal
Les nombreux spectateurs continuaient leur ascension vers la salle lorsque les cinq musiciens d’Alam Al-Mithal débutèrent les premières notes d’une prestation qui allait être complètement folle. Costumé de manière totalement ridicule, j’avais du mal à prendre le groupe au sérieux. Fallait-il vraiment célébrer l’Halloween le 10 octobre ? Il faut croire que oui, puisque ce fut l’une des performances les plus électrisantes que j’ai eu la chance de voir de la part d’une formation québécoise.
Je n’aurais pas cru que leur musique instrumentale sombre allait engendrer un aussi grand sourire sur mon visage. Tous les éléments y étaient, absolument tous. Le batteur dévastateur semblait avoir consommé 75 canettes de Red Bull avant de prendre place sur son instrument, les deux guitaristes déguisés en sorcières douteuses nous lançaient des rythmiques hallucinantes. La violoncelliste et le bruiteur, arborant le costume de banane enflammée le plus viril de tous les temps, complétaient à merveille le trio déchainé. Rares sont les performances sans faille, mais celle-ci en était une, un groupe à découvrir si ce n’est pas déjà fait. J’ai eu la vague impression d’avoir assisté à un concert intime des Master Musicians Of Bukakke, c’était tout simplement impressionnant.
Rhino
Après des groupes d’ouverture aussi efficaces, c’était rassurant de savoir qu’une valeur sûre comme Rhino était en charge de clôturer la soirée. La formation montréalaise commence à avoir du vécu et son matériel est bien rodé, le temps était venu pour eux de prendre la place de prédilection d’un spectacle pour tester la réponse du public. Une réponse qui fut positive sur toute la ligne, une salle remplie, un son d’enfer et une ambiance magistrale.
L’ajout d’un éclairage personnalisé permettait au post-métal bien étoffé de Rhino de surpasser l’ambiance euphorique du groupe précédent. La vivacité du chanteur faisait trembler le plancher de la salle, le pied de micro virevoltait dans tous les sens et les spectateurs du premier rang pouvaient sentir l’émotion à l’état pur. Nous avons même eu droit à un avant-goût de la prochaine parution de Rhino avec la nouvelle pièce "Latitude Ø". Le rendu démontrait que la jeune formation montréalaise se dirige vers un son plus personnel dans un style où la comparaison avec les piliers est fréquente. Espérons qu’ils cesseront de subir les nombreuses comparaisons avec les Cult Of Luna, Isis, Rosetta et Mouth Of The Architect pour acquérir le respect définitif des mélomanes.
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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