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Intronaut + Scale The Summit + Mouth Of The Architect + Unbeing 17/06/13 @ Il Motore, Montréal
L'expression « Tous les chemins mènent à Rome » est bien connue, mais dans le jargon musical montréalais nous devrions plutôt dire « Tous les chemins mènent au Il Motore ». Dernièrement, j'ai l'impression qu'un concert sur deux y prend place. Cette fois-ci, ce sont les prog-metalleux de Intronaut qui nous donnaient rendez-vous dans le cadre de la tournée promotionnelle du nouvel album Habitual Levitations. Étant fanatique du groupe depuis les premières heures, je me régalais à l'avance de les voir enfin en tête d'affiche dans une salle montréalaise. Pour un maigre 18$, nous avions droit en prime à la surprenante présence du groupe américain de post-metal Mouth Of The Architect et des virtuoses de Scale The Summit.
Les premières notes furent jouées par la formation locale Unbeing. Il s'agissait du seul ajout ayant pour but de mettre un peu de viande autour de cette tournée déjà bien en chair. Le style offrait des similarités avec Scale The Summit et Intronaut, le choix était donc judicieux. Les deux guitaristes exécutaient beaucoup de solos et de passages complexes, le bassiste était très technique et dissonant, rappelant évidemment la tête d'affiche de ce concert. Ce genre de musique instrumentale évoque des ressemblances avec des leaders du genre comme Animals As Leaders et Intervals, avec un aspect un peu plus progressif fourni par l'énergique claviériste Martin Labelle.
Même si je ne porte pas ce style dans mon coeur, je ne peux cracher sur la performance solide de ce groupe québécois. Leur justesse et leur professionnalisme ne me permettent pas d'ajouter des commentaires négatifs à ce paragraphe, leur présence en finale du concours « En route vers le Heavy MTL » confirmera mes propos. Si vous êtes un amateur de metal progressif étourdissant et bien ficelé, vous trouverez chaussure à vos pieds avec Unbeing. De mon côté, je préfère tout simplement porter une autre paire de souliers.
La vie nous réserve parfois de belles surprises, l'une d'elles fut le passage inespéré de Mouth Of The Architect à Montréal. Il s'agit d'un groupe de post-metal que j'ai connu grâce à mes recherches obscures sur la maison de disques Translation Loss Records à l'époque de la webradio Pelecanus. Bien qu'existant depuis 2003, le groupe a toujours évolué dans l'ombre des grands noms du genre comme Rosetta, Isis et Cult Of Luna. Malgré tout, il a su se forger une bonne réputation au fil des années avec quelques bons albums comme Quietly et The Ties That Blind. L'attente de trois ans fut interminable entre leur dernière parution et leur tout nouvel album Dawning.
Pour ma part, je croyais le groupe mort à la suite de cette longue incertitude et de cette restructuration. J'ai réalisé que leur retour était bien réel lorsque j'ai aperçu le mur d'amplificateurs Emperor et Sunn en arrière-plan. Les cinq musiciens étaient fin prêts pour nous foutre la raclée du siècle. La lourdeur était une certitude, c'était un déclassement total par rapport à tous les autres groupes de la soirée. Mouth Of The Architecht possédait les secrets de la puissance sonore, mais la redondance de leurs compositions et la prévisibilité de celles-ci ne me plaisaient pas autant que prévu. Les nouveaux morceaux de Dawning ne réinventaient certainement pas le style, la structure post-metal typique nous était proposée sans trop de surprises. Les trois chanteurs rappelaient l'agressivité, le contraste et la force des derniers albums de Neurosis. À l'exception de quelques riffs étonnants en milieu de morceaux, le courant ne passait pas entre mon cerveau et Mouth Of The Architect. Il s'agit d'un groupe qui a permis de créer le style post-metal, mais qui n'a décidément pas réussi à le faire évoluer.
Dommage, je m'attendais à beaucoup plus de leur part et les avis de quelques fans fidèles qui étaient présents dans la salle vont dans mon sens. La belle époque est sans doute révolue pour cette formation.
Le moment où la soirée se gâchait était à notre porte. Malgré tout le respect que je peux avoir pour un guitariste qui manipule son instrument avec un doigté de génie, la virtuosité s'avère généralement ennuyeuse. Scale The Summit résume parfaitement la phrase précédente puisque les quatre musiciens étaient impressionnants, mais l'énergie ne parvenait tout simplement pas jusqu'à la foule. Je suis sans doute un peu sévère, puisqu'une bonne partie du public semblait apprécier le concert. En réalité, mon plus grand plaisir fut de regarder les visages des gens présents à l’intérieur de la salle durant leur performance. Disons simplement que c'est un groupe qui ne laisse personne indifférent, soit vous aimez beaucoup, soit vous avez envie de vous mettre un fusil à pompe en pleine bouche. Je vous laisse deviner la catégorie dont je fais partie.
Malgré mon amour pour un groupe comme Cynic qui sait bien mixer les influences metal, progressives et jazz, je trouve que Scale The Summit ne présente que les clichés du style instrumental progressif. Les éternels segments de « tapping » des guitaristes étaient terriblement énervants, mon cerveau ne voulait tout simplement pas emmagasiner une quantité aussi ridicule de notes en un si cours laps de temps. Je suis désolé pour ma franchise, mais je ne suis pas fait pour ce genre de musique. Je donne tout mon respect au talent qu'ont ces gamins, encore une fois je préfère chausser une autre paire de souliers.
Vivement Intronaut.
Disons que je n'étais pas le seul à avoir eu l'idée de me pointer à cette soirée, la salle était remplie à pleine capacité. C'était très étonnant pour un lundi soir de juin, de plus, Intronaut passait pour la première fois en tête d'affiche dans notre ville. J'avais hâte de voir ce qu'ils avaient dans le ventre, leur réputation de groupe peu énergique pouvant facilement nuire à une performance de clôture de soirée.
D'étranges projections habillaient l'arrière-plan et permettaient à notre esprit de s'évader un peu, l'idée était excellente et camouflait bien la stabilité des musiciens. Les ayant vus à plusieurs reprises, je dirais que le résultat dépend uniquement de leur setlist. Les quatre musiciens ne débordent jamais d'énergie, mais ils sont toujours souriants et généreux avec le public.
Le problème est simple, aimez-vous mieux la période plus agressive et étincelante des premiers disques ou plutôt la tangente progressive qu'ils ont pris avec Valley Of Smoke ? Malgré quelques bonnes pistes sur leurs deux plus récentes parutions, je dois dire que je n'écoute pas beaucoup le matériel post Prehistoricisms. Le chant généralement clair des guitaristes Sacha et Dave n'a jamais été d'un grand intérêt pour mes cellules auditives. Je respecte toutefois leur choix de carrière, ils réussissent malgré tout à proposer du matériel très original et fidèle à leur sonorité.
Contrairement à son compatriote Kylesa, de passage la semaine précédente, Intronaut nous a balancé une liste de chansons majoritairement issues de son dernier album. Ce n'était pas la meilleure idée pour mettre la foule dans sa poche, mais le désir de jouer les vieux morceaux semblait totalement absent. L'expérience que propose désormais le groupe se rapproche plutôt de groupes de rock progressif comme Tool et Porcupine Tree que de ce à quoi il nous avait habitués.
Je classe désormais Intronaut dans la catégorie des groupes qui m'ont fait vibrer à une certainement époque, au même titre que Russian Circles par exemple, mais qui ne me rejoignent plus du tout quelques années plus tard. J'espère que vous ne vivez pas la même situation que moi, parce que Intronaut offre encore de la musique d'une très grande qualité, mais très différente du Intronaut que je m'imaginais voir évoluer au fil des ans.
Setlist Intronaut
- Killing Birds With Stones
- Milk Leg
- The Welding
- Core Relations
- Sore Sight For Eyes
- Harmonomicon
- Prehistoricisms
- Gleamer
Crédits Photos : François-Carl Duguay / Laligneaharde.com
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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