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Voivod 07/06/12 @ Sala Rossa, Montréal
Une magnifique soirée planait sur Montréal. Le vent chaud des soirs d'été me transportait comme par magie vers la Sala Rossa après une dure journée de travail. Le soleil se dissipait doucement à l'horizon et la silhouette de notre photographe favori se matérialisait à quelques centaines de mètres de moi. Nul besoin de le présenter, il arborait fièrement son patch de Motörhead et son vieil appareil photo. Nous étions définitivement prêts pour une critique improvisée de ce fameux concert de… « VOIVOD! ».
Pour une deuxième fois cette année, Voivod allait reproduire en intégralité l'un de ses célèbres albums, le fabuleux « Dimension Hatröss ». Superbe idée qu'a eu le festival, Suoni Per Il Popolo, d'inviter le groupe à recréer cet ultime classique dans son pays d'origine. Après une invitation de la part du célèbre Roadburn Festival en avril dernier, nous allions avoir droit à notre version montréalaise de ce moment magique de la carrière du groupe culte québécois.
Cette soirée était spéciale, puisque le groupe allait se produire dans une petite salle de 200 places, en plus de n'avoir aucun groupe d'ouverture. Que du Voivod! C'était très différent du contexte dans lequel j'ai eu la chance de voir Dimension Hatröss en Europe. Je m'attendais à une prestation beaucoup plus intime et puissante, je ne fus évidemment pas déçu. Vers 22h00, l'introduction mystérieuse d'Experiment fit rage dans la salle. Les trois musiciens firent leur entrée dans une ambiance survoltée, la foule semblait très enjouée de retrouver Voivod après plus de deux ans d'absence à Montréal. Après quelques minutes de bruits planants, Snake fit son entrée pour venir porter sa voix unique au riff magnifique de ce premier morceau.
La fougue semblait toujours être présente chez les quatre membres, malgré pratiquement 30 ans de carrière. Ils avaient le sourire jusqu'aux oreilles et prenaient un énorme plaisir à reproduire de vieux morceaux. Ils semblaient beaucoup moins stressés que lors de leur performance sur l'immense scène du 013, lors du Roadburn. C'était la première fois où j'avais la chance d'entendre le chanteur s'exprimer à la foule en français entre les chansons. Le rapport d'intimité en était encore augmenté et les interventions étaient toujours aussi maladroites malgré l'utilisation de la langue maternelle. C'est ce qui fait le charme de Voivod, de vraies personnes jouant de la vraie musique.
L'ultime pièce de thrash « Tribal Convitions » était la prochaine. Sérieusement, quelle introduction puissante! Avec ce titre, Voivod s'élevait bien au-delà des Metallica, Megadeth et Slayer de l'époque. Une dose de génie à l'état pur, un jeu de batterie simple mais parfait de Michel Langevin, un chant psychédélique de Denis Bélanger et la parfaite combinaison de la basse et la guitare de Blacky et Piggy. La finale monstrueuse où Snake chante à répétition « Who's god… Who's dog » fut un moment incroyable de la soirée. Nous étions devant de très grands musiciens, probablement le groupe le plus influent du Canada. Quelle tuerie!
La suite était prévisible, les deux morceaux terminant le prologue « Chaosmöngers » et « Technocratic Manipulators ». La seconde prit une saveur politique contextuelle, Snake nous fit part du contexte d'enregistrement de l'album, qui se déroula en 1987-1988 en Allemagne dans le climat encore actif du fameux mur de Berlin. Là où la liberté et les droits étaient constamment remis en question, un peu comme actuellement au Québec. Il conclut avec une phrase sarcastique disant que « la situation tombait bien » puisque l'album fut produit en temps d'oppression et que la reproduction de celui-ci se réalisait dans un contexte similaire.
La seconde portion du concert commençait, quelques blagues de Snake nous ont fait bien rire puisque nous devions tourner le vinyle de côté pour que le concert continue. La belle époque quoi! « Macrosolutions To Megaproblems » retentit avec ferveur dans la Sala Rosa. Les refrains très punk de celle-ci furent d'une rare intensité. Les fantastiques « This is it! It's finished! This is it! We get it! » prirent les nostalgiques à la gorge. Une attaque de souvenirs et de rage pour ces anciens metalheads qui ont dû vivre les plus belles fosses de leur vie dans les premières années de Voivod. La suite était tout aussi titanesque avec les sublimes « Brain Scan » et « Psychic Vacuum ». Ce dernier morceau me renversa totalement, la dissonance intelligente de la voix et de la guitare était à couper le souffle. Cet album est terriblement plus complexe qu'on peut le croire.
J'étais en totale communion avec ce qui se passait sur la scène, le dernier segment allait prendre forme. Snake l'appela « le boute fucké où des zombies tout nus mangent la face du monde, ciboire! », c'était sans doute en référence avec les récents événements qui ont eu lieu à Miami. Peu importe, la finale composée de « Cosmic Drama » fut très agréable. La sonorité était plutôt science-fiction/horreur selon moi, c'était très représentatif du cinéma de l'époque de la fin des années 80. Il ne manquait que des projections et le concert aurait été parfait. Malgré l'absence totale de visuel et de décor, ce fut le meilleur concert de Voivod que j’ai eu la chance de voir. Chaque minute se matérialisait en bonheur pur.
Puisque la foule semblait en extase, le concert ne s'est évidemment pas arrêté après l'intégralité de « Dimension Hatrôss ». Nous avons eu droit à deux autres vieux morceaux que je n'ai malheureusement pas pu identifier vue ma connaissance limitée des vieux albums de Voivod. Par la suite, nous avons eu un second rappel avec un tout nouveau titre de leur prochain album « Target Earth ». Le résultat était fantastique, un véritable chef-d'oeuvre de thrash expérimental. Enfin de nouvelles compositions qui semblent rendre justice à ce que Voivod a su bâtir au fil des années. Espérons que ce sera aussi bon une fois sur notre platine. Par la suite, ce fut le véritable dernier morceau et non le moindre : « Astronomy Domine ». Cette fabuleuse reprise de Pink Floyd qui se retrouve sur leur album Nothingface. Jamais je n'aurais cru avoir la chance de les voir faire ce morceau en prestation. Cette soirée fut grandiose du début à la fin, j'oublie trop souvent que Voivod est un groupe fantastique. Ne les manquez pas avant qu'il ne soit trop tard, ils seront d'ailleurs au Heavy MTL en compagnie de quelques autres artistes intéressants comme Gojira, High On Fire et Between The Buried And Me. Longue vie à Voivod!
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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