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Roadburn 2012 : journal de bord jour 01 - Vers la route enflammée du doom

Portrait de William
Roadburn 2012 : journal de bord jour 01 - Vers la route enflammée du doom

10 avril : Ça y est, le moment de faire mes valises était arrivé. Le temps passe à une vitesse incroyable, déjà un an s'était écoulé depuis le premier Roadburn auquel j'avais assisté. J'avais terriblement hâte de revoir tous les gens incroyables que j'y ai rencontré l'an dernier, mais surtout de revoir mes deux confrères et meilleurs amis de Pelecanus récemment exilés de Montréal et du Québec. Leur absence commençait à se faire ressentir dans ma vie et je savais que les revoir allait me faire le plus grand bien. Alors, c'est avec un grand sourire que je suis parti de Montréal pour une nouvelle expérience en Europe.

Le voyage en avion fut ennuyeux au maximum puisque j'étais seul à traverser l'Atlantique cette année, mais surtout… parce que Tetris On Flight n'était pas disponible dans ce modèle d'appareil qu'Air France utilisait ! Quelle déception! J'en ai profité pour préparer ma planification du festival, je déteste ce moment de la routine pré-Roadburn où il faut choisir mentalement ce que nous irons voir, mais surtout ce que nous n'irons pas voir. Avec mon bon vieux surligneur, je sélectionnai ce qui allait s'offrir à moi dans les prochains jours avec joie et déception. Mes voisins de siège semblaient ne rien comprendre à ce que j'étais en train de faire, tant pis pour eux! Par la suite, je me suis préparé à la seule entrevue que j'avais décidé de prendre en charge pour le festival, à savoir les bons vieux Pelican. Rien ne me semblait plus logique que de choisir le groupe sur lequel les fondations du site web s'étaient bâties. Une fois tout cela dans la poche, je me suis mis devant The Big Lebowski et j'ai attendu mon arrivée en France avec quelques Heineken dans le corps. Malgré tout, ce fut un excellent vol.

11 avril

Aussitôt arrivé à Paris, je me rendis à une station de métro où le grand Vincent Duke m'attendait dans un joli petit caroussel. Je sortis alors mes chips aux piments Jalapenos ainsi que du Jack Daniel's et notre séjour était alors entamé du bon pied! Le décalage horaire fut mis de côté à l'aide de quelques cafés fantastiques et cette première journée en France s'annonça plutôt bien. La beauté de la ville se mixa à de sublimes dégustations de pâtisseries parisiennes, nous avons continué la journée avec de bons fromages et du pain, surprenant? Pas vraiment, mais le moment clé de la soirée fut la poutine que nous nous sommes concoctée avec les ingrédients que j'ai pu ramener dans mes bagages. Ce fut amusant de gâcher autant de bonne nourriture avec une bonne vieille poutine grasse et réconfortante.

Après plus de 38 heures sans sommeil et une bonne dose d'alcool dans le corps, il était temps de tirer ma révérence et d'aller rêver que je me trouvais devant Sleep. La nuit passa beaucoup trop vite et nous nous sommes réveillés très tôt pour prendre la route en direction de Tilburg. Je m'étais définitivement ennuyé de cette magnifique ville qui pue le doom à plein nez.

12 Avril

Après quelques heures nous y étions déjà, l'ambiance se ressentait dans toute la ville comparativement à l'an dernier. Des drapeaux décoraient les grandes artères de Tilburg et un immense panneau occupait les abords de l'autoroute. Le Roadburn semblait être assumé par la ville comme jamais auparavant, et il était temps puisque le festival existe depuis 1995 et se déroule à Tilburg depuis le début des années 2000. Félicitions à Walter, l'organisateur, pour avoir réussi à diriger tous ces gens dans une même direction. Tout le monde met l'effort nécessaire pour que l'expérience soit fantastique; la ville, les commerces, les restaurants, les citoyens, les salles, les artistes et les fans.

Les festivaliers envahissaient déjà la ruelle la plus doom au monde, celle de la salle de spectacle du 013. Ce lieu de perdition où prend place le Roadburn est en quelque sorte le temple pour les trois milles chanceux qui réussissent à s'y rendre. En cette première journée, l'action commençait tout doucement avec une prestation intime de Kristof Hahn, des Swans, en solo avec sa guitare et sa bière. La prestation se déroulait dans une toute nouvelle salle, le Het Patronaat, qui est en réalité une ancienne église réaménagée en salle de concert de deux étages. Elle se trouve directement à l'arrière du 013, la salle principale, et remplace le défunt MIDI Theatre qui a malheureusement fait banqueroute durant l'année. Revenons-en à cette prestation acoustique qui avait lieu au rez-de-chaussée de la nouvelle salle et qui rassemblait une centaine de personnes devant ce musicien dérangé et ravagé par le temps. Bon Dieu que les mecs de Swans ont l'air d'avoir eu la vie dure, mais cela se reflète aussi dans leur musique et ce pour notre plus grand plaisir. Un folk très simpliste, mais extrêmement chargé en émotions se matérialisait devant nous. Malheureusement, je crois que cette lourdeur ne convenait pas à ce que j'avais envie de voir à 15h00 et cela semblait refléter la pensée de la majorité de l'auditoire.

Après une quinzaine de minutes devant Hahn, je décidai de me déplacer vers la salle principale pour voir la très improbable formation Disembowelment faire un retour inattendu sur scène pour le Roadburn. Ce groupe culte de Death/Doom a laissé paraître un seul véritable album en 1993 et ils se sont séparés ensuite. Je dois avouer avoir consommé beaucoup de Death Metal par le passé, des groupes comme Asphyx, Pestilence, Suffocation et Gorguts ont occupé des places de choix dans mon adolescence. Par conséquent, les performances sur scène de ce style musical ne me rendent plus vraiment heureux, la redondance du chant et la répétition du processus de composition me laissent définitivement de glace. La touche doom de Disembowelment ne me déplaisait pas, de gros riffs bien monstrueux et ultra-lents. Malgré cette variante à ce que l'on entend habituellement en Death, je décidai d'aller voir Horisont après une trentaine de minutes devant ce groupe australien. Il faut dire que ce n'était pas ce que j'ai entendu de plus "tight", le groupe ne semblait pas avoir pratiqué assez pour rendre honneur à ce chef-d’œuvre qu'est Transcendence Into The Peripheral. Next!

Je me suis faufilé jusqu'aux abords de la scène de la Green Room pour voir les Suédois de Horisont qui commençaient à peine à jouer. Ce magnifique groupe de rock savait comment mettre le feu à une salle, avec un son très similaire à ce que Led Zeppelin nous offraient dans les années 1970. Original? Pas du tout, mais bon dieu que c'est plaisant de voir ce genre de prestation avec des guitaristes ultras groovy et un chanteur en feu. Les vestes de jeans et les cheveux longs étaient aux rendez-vous sur la scène, ce fut un pur voyage dans le temps. Merci Horisont pour cette dose de rock extrêmement divertissante, c'était enfin une prestation digne du Roadburn. Le départ de ce festival commençait à être trop lent pour moi. Après la sublime heure de rock entraînant que nous venions de passer avec ce groupe, le choix était maintenant entre Michael Gira et Agalloch. Ce ne fut pas un choix difficile, puisque la prestation acoustique de Kristoph Hahn m'avait un peu saoulé, je ne voulais donc pas aller me remettre devant un autre Swans en solo aussi rapidement. Désolé Michael!

En quelques minutes, je me retrouvais déjà devant Agalloch et leur Black/Folk très unique. La salle principale était archi pleine, c'était mérité puisque le groupe affiche fièrement une discographie presque parfaite. Ils sont toujours fidèles à eux-mêmes malgré l'évolution sonore par laquelle ils sont passés. Je ne suis absolument pas fan de ce style habituellement, mais Agalloch est un groupe qui reviendra toujours dans ma bibliothèque musicale de temps à autre. Les longues compositions s'enchaînaient à merveille devant nous et le visuel était très agréable à regarder. Des images de natures mortes s'édifiaient en arrière-plan et le jeu de lumière était très intéressant, probablement le meilleur du Roadburn. L'exécution était fidèle, quoique très peu énergique, le public semblait être englouti dans un confort sonore apaisant et déstabilisant à la fois. Les influences post-rock sur des morceaux comme Limbs m'ont glacé le sang et la beauté de leur musique primait sur l'ambiance dégagée par les musiciens. Ce fut jusqu'à présent la meilleure prestation du festival, malheureusement pour eux… Om grimpait sur la scène principale à la suite. Depuis le temps que je voulais voir ce groupe!

La véritable tête d'affiche en cette première journée était à mon humble avis Om, ce groupe issu des racines de Sleep puisqu'il comporte Al Cisneros, l'un des membres de ce groupe légendaire. Par le passé, même le batteur de Sleep s'occupait de faire raisonner les tambours derrière Cisneros, mais depuis quelques années nous avons droit au très spectaculaire Emil Amos de Grails. Pour accompagner le duo lors de cette prestation, le talentueux musicien expérimental Robert A.A. Lowe venait ajouter du bruit, de la guitare et des percussions sur la musique très simple d’Om. Ayant précédemment eu la chance de le voir en solo avec son projet Lichens, j'étais très heureux de le revoir en compagnie de l'un de mes groupes favoris. Son ajout était fondamental, il apportait une énergie inexistante habituellement chez Om. La puissance du son de basse, mixé aux martèlements de Amos et de la fougue de Robert créaient un résultat bien au-dessus de tout ce que j'aurais pu imaginé. Ce fut l'une des plus grosses leçons sonores que j'ai eues de ma vie, la puissance que dégageait Al Cisneros avec son instrument était phénoménale et me donnait envie de me téléporter directement devant Sleep. Un nouveau morceau fut d'ailleurs joué, je vous avertis tout de suite, ce sera un album incroyable.

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Par la suite, je réussis à capter le dernier morceau des incroyables La Otracina. Ce concert avait l'air complètement fou, je suis terriblement déçu que Om se soit superposé à ce fabuleux groupe de Stoner/Psyché. Tôt ou tard, il faudra que je remette les pieds dans une salle de concert où ils auront la chance de jouer. Ce fut mon premier petit regret du festival… Je décidai d'aller purger ma peine devant les légendaires Killing Joke, c'est un groupe qui par moment est incroyable et aussi parfois complètement moribond. Je ne savais que trop peu à quoi m'attendre, mais au final le bilan fut partagé. Quelques bons vieux titres comme The Wait ou The Great Cull furent grandement appréciés par moi-même et le public en général. Cependant, l'énergie ne semblait pas être au rendez-vous sur chaque titre et seul le chanteur semblait être véritablement heureux de jouer devant nous. Un événement douteux s'est même produit durant mon absence, une bouteille d'eau fut lancée sur le guitariste et par la suite il reprit cette bouteille pour la lancer sur l'ingé son à la gauche de la scène… Je présume qu'il n'aimait pas le boulot effectué par celui-ci... Bref, rien de grandiose, next!

J'avais envie de voir un groupe qui appréciait réellement sa présence au Roadburn, alors je me suis déplacé vers les Américains de Orchid qui allaient terroriser le Het Patronaat avec leur rock à la Black Sabbath. Ce fut la même situation que pour Horisont, l'originalité mise de côté en fonction du bonheur et de l'efficacité. Bon Dieu que c'était bon, une véritable révélation. De l'énergie à l'état brut, des sourires partout dans la salle et sur la scène. Orchid n'avait jamais joué ce genre de concert, devant une foule de plus de 500 spectateurs en totale communion avec eux au deuxième étage d'une église. Satan était au rendez-vous plus que jamais! L'alcool et les riffs coulaient à flot dans cet ex-lieu de culte. Beaucoup de titres furent tirés de leur récent album Capricorn, un must-have pour tous les fans de rock old school. Nous avons même eu droit à quelques nouveaux titres qui ne m'ont pas autant percuté, probablement puisque je ne les avais jamais entendus auparavant. Bref, Orchid a livré la prestation la plus divertissante de cette première journée et comme il commençait à se faire tard, le choix du dernier artiste arrivait déjà.

Voivod, Chelsea Wolfe, Sigiriya ou JK Flesh? Définitivement JK Flesh, le fan de Godflesh en moi ne pouvait faire autrement. Ce fut le meilleur choix possible, bon dieu que c'était fort. L'un des concerts les plus puissants en décibels auxquels j'ai assisté. Justin Broadrick nous balançait des projections angoissantes reflétant des paysages hivernaux sur une trame de musique électro/dubstep et pour terminer nous avions droit à de la grosse guitare huit cordes et du chant crié pour conclure la mixture. Du pur délice, la foule était bouche bée. C'était la parfaite trame sonore pour nous détruire une fois pour toutes avant d'aller au lit. Je décerne la prestation la plus surprenante du festival à JK Flesh, quelle claque… bordel. Impossible d'aller voir autre chose par la suite, je suis donc rentré tout bonnement dans notre petit chalet et je vous raconterai la suite de ce Roadburn demain.

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

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