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Desertfest Londres 2015 : Camden à l'heure heavy…

Portrait de Floriane
Desertfest Londres 2015 : Camden à l'heure heavy…

Pour la deuxième année consécutive, le volatile franco-québécois traverse la Manche pour tenter d'assouvir son besoin de fuzz : le très animé quartier de Camden lui ouvrant ses portes pour trois jours… L'édition 2015 du Desertfest affiche de belles promesses, de nouveaux aménagements, de nouvelles salles, et toujours plus de plaisir. Quelques jours plus tôt, Jake (le promoteur du festival) a prévenu qu'il faudrait retirer son pass devant le Black Heart, l'un des bars/scènes, et que la rue serait réservée à cet effet. Il a omis de préciser que l'on y trouverait aussi un bar extérieur, des stands restau et merch', et surtout une ambiance totalement folle !

Le Desertfest prend rapidement une allure de kermesse stoner barrée, qui commence officiellement lorsqu'une jolie rousse tatouée scelle un noir bracelet sur mon poignet. Au programme de la journée : Dopethrone, Floor, The Atomic Bitchwax, Orange Goblin et Red Fang.

En route pour l'Underworld, Dopethrone fait ses balances !

 

Une poutine dans ta face

La grande famille du heavy est déjà entassée dans la salle, Angie la sondière des Stoned Gatherings s'installe tranquillement derrière sa table. J'ai l'impression d'être à la maison. Le front raw de Dopethrone ressemble lui aussi beaucoup à celui du Glazart, et ce n'est pas pour me déplaire. Une main sur le retour, l'autre sur l'épaule de ma voisine (fort aimable mais au coup de boule facile), je me prépare à recevoir la sainte bûche. Au regard des différents shows du groupe auxquels j'ai pu assister, je dirais que celui-ci est un peu mou. Cependant, sur la divine échelle de la poutre, il se situe très en haut. Les Canadiens provoquent une bagarre générale dès les premières notes, transformant le mosh pit en une masse informe de cheveux affolés. Le nouvel album, Hochelaga, met à genou les plus réticents. Lorsque Gareth Kelly (Gurt) monte sur scène pour se frotter sensuellement à Vincent Houde, tel un chat sur les jambes de son maître, le public exulte. Dopethrone retourne l'Underworld au coup par coup, sans oublier le traditionnel Ain't No Sunshine, leur célèbre slow crasseux interdit aux fillettes. Un sans faute.

Setlist :

  • Dry Hitter
  • Riff Dealer
  • Sludgekicker
  • Reverb Deep
  • Dark Foil
  • Scum Fuck Blues (Featuring Gurt's Gareth)
  • Legalize Murder
  • Ain't No Sunshine (Bill Withers)

 

La pop qui fait trembler le sol

Floor en live est pour moi une nouveauté. Leur dernier album Oblation, ayant trouvé grâce à mes oreilles, je décide de m'approcher de l'Electric Ballroom où ils jouent. Steve Brooks a la moustache bien affûtée derrière sa guitare. Sa voix claire et mélodieuse se pose sur une épaisse rythmique soutenue par l'infatigable Henry Wilson à la batterie.  Le rendu est très pop malgré les gimmicks stoner et le son très dense. Floor sort du lot, suscite l'attention, mène vers de nouveaux chemins. Après Dopethrone, c'est presque une caresse auditive.

 

Cosmicité à toute épreuve

Le show de The Atomic Bitchwax se place d'avance haut dans mon estime. Chris Kosnik, Bob Pantella et Finn Ryan proposent rarement des sets déceptifs. C'est devant un large écran parsemé de motifs psychédéliques que le trio entame un show ultra cosmique, mené par la basse bienfaitrice de Chris Kosnik. Mention spéciale à So Come On qui décidément ne vieillira jamais, mais aussi à Sexecutioner, le nouveau titre issu de l'album Gravitron, qui a su captiver son auditoire. Belle reprise également des Pink Floyd, One Of These Days en live est une vraie leçon de groove et de rock. Aussi sensuel que perché, le morceau est agréablement reçu. On en reprendrait bien encore un peu !

Setlist :

  • Hope You Die
  • Hang Me
  • 45
  • It's Alright
  • Giant
  • Coming In Hot
  • Kiss the Sun
  • War Claw
  • Gettin' Old
  • Shit Kicker
  • So Come On
  • Destroyer
  • Sexecutioner
  • One of These Days
  • (Pink Floyd cover)
  • Force Field

 

Vingt ans de booze, bongs, birds, bikes, boobs

Ben Ward n'est pas venu ni pour cueillir du muguet ni pour acheter du terrain. Lorsqu'Orange Goblin fait son entrée, je suis tassée au premier rang, attendant patiemment de me faire secouer par une horde de metaleux hors d'haleine. Dès le premier morceau je fuis la panique ambiante pour me réfugier sur le côté. L'un des guitaristes de Red Fang semble avoir trouvé le bon spot. Je m'incruste donc gentillement... Pour les 20 ans du groupe, le combo reprend The Big Black en entier. Orange Goblin fait de l'Electric Ballroom son champ de bataille. La guerre bat son plein tant dans la fosse que sur scène. Ben Ward est très impressionnant, son charisme inonde le public qui ne sait plus s'il doit danser, hocher la tête, hurler ou taper son voisin. Les repères sont perdus, seul le heavy guide les fidèles !

Setlist :

  • Scorpionica
  • Quincy the Pigboy
  • Hot Magic, Red Planet
  • Cozmo Bozo
  • 298 kg
  • Turbo Effalunt (Elephant)
  • King of the Hornets
  • You'll Never Get to the Moon in That
  • Alcofuel
  • The Big Black
  • Into the Void (Black Sabbath)

 

Comment enchaîner après un set d'Orange Goblin ?

Toujours à l'Electric Ballroom, il est temps pour mon voisin de concert de monter sur scène. Red Fang au top de sa forme livre un set à son image : déjanté et survolté. Si le quintet de l'Oregon n'a en aucun point déçu le public du Deserfest, il ne l'a toutefois pas surpris. Le show bien calé a repris les principaux succès du groupe, à savoir Wires, Malverde, Prehistoric Dog, Doen, Blood Like Cream, No Hope, etc. Tout est parfaitement organisé pour qu'aucune nuque ne reste insensible et on ne peut pas leur enlever ça. Le fait est que jouer après Orange Goblin fêtant ses 20 ans de carrière n'est pas une mince affaire, et Red Fang a sérieusement accusé la difficulté. Le show est tout de même largement assez tonique pour se motiver pour l'after party au Black Heart.

Quel plaisir de déambuler le soir tombé dans les rues de Camden, envahies de vestes à patchs, de couleurs de cheveux non naturelles et de tatouages plus fous les uns que les autres. Le Desertfest c'est d'abord une programmation exaltante, mais c'est aussi un attroupement officiel du clan underground, qui ripaille dans un anglais parfois très approximatif mais toujours très chaleureux. Les festivaliers ont de multiples occasions de lancer des « cheers » à monsieur Ward, fidèle à la scène comme à sa choppe de bière. Les Steak se promènent eux aussi sur le fest, tout comme les Gurt ainsi que bien d'autres groupes à l'affiche ou non. Le but étant d'être ensemble et de s'amuser. C'est aussi simple que ça !

 

Crédits photos : Patrick Baleydier

Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

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