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Kylesa + Sierra + Jagged Vision + Regarde Les Hommes Tomber 27/01/2014 @ La Maroquinerie, Paris
Au vu du plateau offert par la Maroquinerie se dessinait une soirée aux allures de gala de boxe, une rencontre au sommet entre un champion en titre (Kylesa) et son challenger (RLHT). Manque de bol certain, le match n'a pas eu lieu...
Regarde les hommes tomber
Faire passer RLHT en premier est une idée, mais pas exactement une bonne idée. Commencer à faire jouer le groupe quinze minutes avant l'heure indiquée comme étant l'ouverture des portes est à coup sûr une idée à la con. Paris, le retard perpétuel... Quoi que vous entrepreniez, préparez-vous à attendre, vous ne serez jamais à l'heure (merci le RER D). Je n'ai pas entendu une traîtresse note de RLHT. Frustration...
Kylesa
Dans l'autre coin du ring, Kylesa ne m'a guère convaincu. S'employer à jouer avec deux batteries dans le volume confiné de la Maroquinerie témoigne d'une volonté certaine de vérifier, MythBusters' style, si les murs de Jéricho se sont effectivement éboulés. La Maroquinerie a tenu bon, pas mes oreilles, désormais colonisées par de petites fées zonzonnant sans cesse. Je penche pour le modèle « pute », du fait des acouphènes.
Inutile d'être ingé-son pour déplorer le son du set. Pas loin de la bouillie sonore. Entendre la chanteuse tenait lieu de gageure, couverte par le fracas des fûts... Kylesa ? Indéniablement une avalanche bruitiste, l’impression d’avoir été aspiré par la turbine d'un A380...
Jagged Vision
Match principal, décevant donc. Dieu merci, c'est le match dit « secondaire » qui va sauver la soirée. Les Norvégiens de Jagged Vision, jouant en second, s’appliquent sitôt la première note émise à convaincre que Hardcore et Stoner n’ont rien d’incompatible. Guitaristes et chanteur (survolté, intenable sur la petite scène) en ligne et c’est parti. Feux roulants de guitares, morceaux courts, ramassés… Tout passe très vite, très violemment, et le groupe encore parvient à surprendre par une série d’accélérations à chaque pont. Final lourd et rythmé de toute beauté. Nous sommes conquis. Impossible de ne pas accueillir, sourire aux lèvres, Jagged Vision. Certains spectateurs dans la salle ne partagent visiblement pas mon point de vue. Pas très difficile de deviner l’argument à charge. Immature, le Hardcore ? Argument spécieux, ce serait faire insulte à notre jeunesse. Nous pouvons ne plus être en phase avec ce que nous écoutions, et pourtant nous souvenir de notre totale adhésion à l’époque. Une règle en tatouage veut qu’on conserve ses premiers encrages (ou qu’on les couvre à l’extrême rigueur, afin de faire l’éloge du palimpseste). La règle vaut également en musique. Nous pouvons nous dire que, si cela existe encore, c’est parce que nous savions déjà ce qui était bien. Pourquoi n’aurions-nous pas encore raison ?
Sierra
Pause rapide et les Canadiens de Sierra apparaissent sur scène. Nom de groupe bien choisi : je les vois très bien habiller l’espace entre des canyons. Aussi lourde soit la musique produite, impossible de lui reprocher une forme de sécheresse. Le trio produit un son compact, dense, et protéiforme. Si Sierra évoque la minéralité, il n’en est rien, nous nous situons davantage dans une relative impermanence qui ne fige jamais un morceau. Nous pouvons certes déplorer que la batterie soit un peu en deçà la basse (et quel bassiste !), amoindrissant un peu l’expérience, mais ce serait être bassement procédurier que de leur en vouloir. Je serais davantage curieux de les délocaliser et de les faire jouer sur une plage déserte, où la profondeur de leur son rencontrerait fructueusement celui de l’océan. Duna Jam ?
Crédits photos : CSAOH / Andrey Kalinovsky
J'aime les chats roux, les pandas roux, Josh Homme et Jessica Chastain. |
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