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Kylesa + Blood Ceremony + White Hills + Sierra 13/06/13 @ Il Motore, Montréal
Les raideurs se font encore sentir sur ma nuque au moment où je vous écris ces lignes, pourtant le concert a eu lieu il y a déjà quelques jours. Je ne suis certainement pas le seul spectateur ayant eu des effets secondaires reliés à cette fantastique soirée de métal psychédélique proposée par l'extravagant festival Suoni Per Il Popolo. Affecté par quelques bières magiques, je dois avouer avoir vécu un moment particulièrement nostalgique lors du passage de Kylesa. L'ingurgitation de celles-ci me fit malheureusement rater la première partie de cette tournée, le trio expérimental Lazer/Wulf. L'heure hâtive à laquelle commença cette soirée contrecarra mon plan initial. Je consacre beaucoup d'importance à l'état d'esprit dans lequel je vais voir un concert, alors celui-ci requérait préalablement l'ingurgitation de quelques boissons fraîches.
Une fois la porte franchie, les White Hills s'installaient sur la scène. La chance jouait en ma faveur, puisque je me suis promis de ne jamais rater un passage de ce superbe trio new-yorkais. Les fanatiques de space rock avaient de quoi se mettre sous la dent, leurs sonorités tourbillonnantes et évasives s'emparaient progressivement du Il Motore. La longueur des morceaux différait toutefois de ce que à quoi nous avait habitués l'album, la courte durée de leur prestation l'obligeait. Je suis plutôt du genre à apprécier les longues divagations sonores qu'ils nous proposent sur des albums comme Drop Out ou H-P1. Malgré tout, ce genre de formation passe si rarement dans notre ville qu'il faut savoir chérir ces petits bonus que la vie nous offre. White Hills transpose l'essence du rock psychédélique provenant de formations comme Hawkwind, Amon Duul II ou Neu! en musique très actuelle et flamboyante. Lorsque nous les retrouvons sur une tournée, ils rehaussent grandement les standards de qualité. L'idée de les joindre à Kylesa était fantastique, je lève mon chapeau à la personne responsable de cette association.
Une présence canadienne n'est jamais de refus sur un concert comme celui-là, c'est avec grand plaisir que les Torontois de Blood Ceremony s'emparèrent de la scène tout juste avant Kylesa. Le quatuor regorge toujours d'énergie lorsqu'il performe dans son pays natal, nous en avions eu la preuve lors de leur dernier passage en première partie de Ghost. Encore une fois, les compositions de Blood Ceremony étaient livrées avec vigueur et acharnement, notamment par le bassiste qui sautillait dans tous les sens. L'étrange chanteuse Alia O'Brien semblait très à l’aise et n'hésitait pas à nous balancer des solos de flûtes en pleine figure. Oui, vous avez bien lu, elle utilise une flûte traversière afin de donner un peu de profondeur à ce que je qualifierais de doom efficace, mais légèrement banal. Les rythmiques de guitare sont parfois un peu faciles et résonnent comme des riffs qui auraient pu être joués des centaines de fois auparavant. Le manque de lourdeur de la part du guitariste était presque ridicule, j'adore entendre vibrer les amplis lorsque j'écoute du doom comme celui-ci. Malheureusement, le mix un peu trop propre de Blood Ceremony ne parvint pas à me séduire lors de cette dernière prestation. Cela me rappelle des groupes comme Witch Mountain et Mount Salem, l'imagerie et l'énergie y sont, mais la vraie claque ne vient jamais réellement.
Setlist
- Witchwood
- I'm Coming With You
- Return To Forever
- My Demon Brother
- The Eldritch Dark
- Goodbye Gemini
- Oliver Haddo
Après plus de deux ans d'attente, Kylesa était enfin de retour pour nous en mettre plein les yeux. Je devrais dire plein les oreilles plutôt, parce que la fougue d'antan est loin derrière et il n'y a plus grand-chose à voir. Le constat était clair, ils sont devenus de vieux routiers qui n'enchainent pas les tournées avec la même passion qu'auparavant. Cela n'enlève rien à la qualité de leurs compositions, mais je dois avouer être nostalgique de voir Philip Cope avec des cheveux longs. Cette fois-ci, il compensait sa faible pilosité par une structure très étrange avec laquelle il faisait du bruit, à l'intérieur de celle-ci nous avions même une guitare skateboard. Le temps d'observer était derrière nous, les premières notes de Tired Climb vinrent percuter nos carcasses. Après maintes réflexions, je suis toujours d'accord pour dire que ce premier titre de l'album Spiral Shadow est la meilleure façon de débuter un album ou un concert. Non mais… quelle tuerie, le refrain est viscéral et le riff meurtrier. Malgré les mines basses qu'affichaient les musiciens, spécialement les batteurs, la sonorité et l'ambiance étaient à leur summum.
Ma plus grande surprise fut la faible représentation de nouveaux titres issus d'Ultraviolet, à peine trois morceaux furent joués, soit Quicksand, Unspoken et Long Gone. Cela ne me posait pas problème puisque ce tout nouvel album ne m'embarque pas autant que les précédents. Depuis Static Tensions, je ne suis pas certain d'apprécier le virage que prend Kylesa, disons simplement que la hargne ne se ressent pas autant dans les compositions. Je n'ai certainement pas eu l'occasion de me plaindre puisque la setlist était très bien construite, mes hochements de tête répétitifs étaient incontrôlables et la nostalgie qui s'éveillait en moi lorsque de fabuleux titres comme Unknown Awaress, Hollow Severer et Where The Horizon Unfolds furent joués était une superbe sensation. Ce moment magique avec Kylesa fut beaucoup trop court, j'aurais facilement pu en prendre encore pendant une trentaine de minutes. Pour être franc, je ne me lasserai jamais d'entendre Laura Pleasants crier à quelques mètres de moi, parions que je ne suis pas le seul. Espérons tout simplement qu'ils ne mettront pas autant de temps avant de revenir nous voir à Montréal, d'ici là je vais tenter de me faire à ce nouvel album qui a encore un peu de mal à passer.
Setlist
- Tired Climb
- Said And Done
- Don't Look Back
- To Forget
- Quicksand
- Bottom Line
- Nature's Predators
- Unspoken
- Unknown Awareness
- Long Gone
- Scapegoat
- Hollow Severer
- Running Red
- Where The Horizon Unfolds
Crédits Photos : François-Carl Duguay / Laligneaharde.com
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
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