Vous êtes ici

Roadburn 2012 : journal de bord jour 04 - « Trop c'est comme pas assez »

Portrait de William
Roadburn 2012 : journal de bord jour 04 - « Trop c'est comme pas assez »

La dernière journée du festival était déjà à nos portes. Le temps file beaucoup trop vite lorsque nous sommes à Tilburg, les groupes passent sous nos yeux à la vitesse de l'éclair et nous nous retrouvons à L'Afterburner de ce festival avec une nostalgie déjà palpable. Le concept de cette quatrième journée de festivités est différent, les billets sont vendus séparément et il y a beaucoup moins de groupes. Seulement deux salles sur quatre sont utilisées et la marchandise est déplacée à l'intérieur du complexe 013. Cela n'empêche pas la possibilité d'avoir du plaisir et parfois même plus, puisque les groupes se superposent beaucoup moins fréquemment et nous avons le temps de voir chacun d'eux si l'énergie et la volonté sont encore présentes.

Personnellement, j'ai entamé cette journée de façon beaucoup plus tranquille que les précédentes, le premier groupe qui m'attira fut The Mount Fuiji Doomjazz Corporation. Ce fut un périple psychédélique fantastique, beaucoup d'émotions émanaient de leur jazz déjanté. Des projections hallucinantes recouvraient de noirceur cette mélodie inquiétante que les musiciens créaient avec douceur et chaos. Une musique composée en montagnes russes, des moments puissants flirtant avec des passages doux et apaisants. La vidéo qui englobait les musiciens était fabuleuse, je n'ai jamais rien vu de tel. Ce fut la chose la plus effrayante et inoffensive que j'ai eu la chance de visualiser. Des formes et des objets étranges se faisaient la guerre dans une suite d'événements incompréhensibles. Il fallait y être pour comprendre, mais je n'ai jamais rien vécu de tel, nous étions tous complètement abasourdi et égaré par ce film. Chapeau à Mount Fuiji pour ce moment inoubliable, définitivement la performance la plus intrigante du festival.

Après ce premier concert, nous sommes allés prendre le dernier repas de cette aventure. Un "bon" hamburger nous attendait dans un restaurant avoisinant, quoi de plus logique que de commander un "Bongripper Burger" juste avant de les voir interpréter Satan Worshipping Doom? En réalité, n'importe quoi aurait fait un meilleur choix puisqu'ils étaient complètement immondes, nous nous sommes fait avoir pour une dernière fois dans ce pays de la sous-alimentation. Heureusement, quelques minutes plus tard nous étions devant le groupe et les premières notes de "Hail" furent entendues. Ce furieux périple sonore commençait et j'en avais des frissons. La lenteur de cet album me plaît totalement sur album, cependant la version live me laissa beaucoup plus indifférent que je ne l'aurais cru. C'était massif à souhait, purement jouissif, mais à la condition de ne pas les avoir vus la veille faire un concert englobant leur plus vieux matériel. Le concert actuel était mémorable puisqu'un album était joué en entier, mais entre vous et moi, il est bien plus intéressant d'assister à un concert composé de morceaux que les musiciens préfèrent jouer. L'énergie ne semblait pas y être, les musiciens semblaient en mode survie plutôt qu'en mode attaque. Je conviens que cet album représentait un défi plus important à reproduire que le reste de leur matériel qu'ils sont habitués à jouer pendant les tournées. La grandeur de la scène et de la salle n'aidait en rien sur cet aspect, l'intimité que nous avions avec eux semblait totalement perdue. Ce fut divertissant, mais ce concert passa inaperçu en comparaison à la claque démoniaque qu'ils nous ont donné vingt-quatre heures plus tôt. Malgré tout, Hail Satan! Worship Doom!

À la suite de cette prestation nous avons appris que nous quittions sous peu le festival et que nous n'aurions le temps que pour un seul groupe supplémentaire, heureusement Yob étaient en préparatif sur la scène principale. Par conséquent, cette mauvaise nouvelle annonçait que nous allions manquer Black Cobra en fin de soirée… j'aurai au moins l'occasion de me reprendre en juin à Montréal. Peu importe, nous avions droit à une prise deux en compagnie du groupe ultime, Yob! Je savais moins à quoi m'attendre, puisque l'album Catharsis avait beaucoup moins tourné sur ma platine que leurs plus récents opus. Malgré tout, ce fut une énorme gifle de leur part. La lenteur de Catharsis semblait alourdir encore plus puissamment leur sonorité. Les longs passages vocaux de Aeons glaçaient le sang des spectateurs, les coups de guitares qui s'en suivaient n'en étaient que décuplés. C'était à la puissance dix, un voyage en surface des enfers. Un flirt avec le diable, le malin, bref Satan. C'était magnifique, la voix de Mike Scheidt est encore plus fantastique sur cet album, beaucoup de passages clairs sont utilisés et cela ne réduit en rien l'opacité ténébreuse et mystérieuse de Yob. Les rois du doom psychédélique se couronnaient eux-mêmes sous notre regard. Ils ne font rien comme les autres, ils sont eux-mêmes, mais ils planent très haut dans la sphère de la musique lourde. Positivisme, respect et puissance. Voici Yob en trois mots, faites vos devoirs et découvrez-les si ce n'est pas déjà fait.

C'était terminé, à peine quelques minutes après ce dernier concert nos bagages étaient dans la voiture et nous filions vers Paris. Ce fut grandiose, le Roadburn me rendit heureux et je commençai à me sentir chez moi. Malheureusement, ce périple ne dure jamais assez longtemps et nos compatriotes disparaissent une nouvelle fois pour une longue année. Mon retour en 2013 se confirmait déjà dans ma tête, surtout après avoir entendu les bonnes nouvelles : Godflesh jouera "Pure" en entier et Electric Wizard sera le curateur. Vivement avril 2013, d'ici là passez une année qui saura combler votre dose de doom!

Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio.

Ajouter un commentaire