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Desertfest Londres 2015 : Le jour du Koko!

Portrait de Floriane
Desertfest Londres 2015 : Le jour du Koko !

Troisième et dernier jour de fête du désert… Alors que certains s'attardent encore dans le vaste Camden Market, d'autres cherchent un foie. Cette journée est particulièrement riche en émotions puisque pour la première fois dans l'histoire du Desertfest, le théâtre du Koko nous ouvre ses portes. Je pourrais décrire ce superbe endroit des pages et des pages durant, mais j'en perdrais plus d'un. Pour faire court, la salle est un ancien théâtre réhabilité, avec des balcons accessibles, une magnifique moquette rouge que le Festival de Cannes lui envie avec ferveur, une acoustique frôlant la perfection, une petite terrasse, et un service d'ordre VIP qui ose offrir une carte de visite mettant en garde le spectateur contre d'éventuels pickpockets. C'est donc totalement ébahie par tant de volupté que je me place, une bonne heure avant le début des concerts, à mon « spot », lequel aura été longuement étudié auparavant.

« le Koko flotte quelque part au-dessus de l'Inde, bercé par des riffs plus psychédéliques les uns que les autres. »

Lorsque résonnent les premiers accords de My Sleeping Karma, je suis au bord de l'infarctus : mon Dieu c'est parfait ! Les conditions sont réunies et c'est en quelques secondes seulement que le Koko flotte quelque part au-dessus de l'Inde, bercé par des riffs plus psychédéliques les uns que les autres. Dans un style très atmosphérique tout droit sorti d'une B.O de road-movie américain des années 60, le clavier vient poser une patte très originale. Si ses notes apportent une certaine douceur aux compos, elles renforcent la profondeur et le côté mystique. Le show de My Sleeping Karma s'approche plus de la méditation que du head-banging forcené, et plonge son auditoire dans un état de transe que viennent illustrer les motifs psychés projetés derrière la scène. Mais attention, ce n'est pas à une façon de dire que je me suis ennuyée car bien au contraire ! Je me suis délectée de la perfection sonore et du charisme du quatuor allemand.

« La bûche divine s'abat sur un Koko hors d'haleine. »

Impossible de quitter mon «spot » ! Après un premier essai aussi concluant, je me dis que voir Karma To Burn du même endroit peut être assez agréable. Même s'il me faudra malheureusement quitter le lieu de perdition pour les interviews... K2B présente un nouveau bassiste. Cela n'étonne personne, d'ailleurs les réactions dans l'assemblée ressemblent plutôt à « c'est qui le nouveau bassiste ? » qu'à « tiens ils ont un nouveau bassiste ». Bref, j'aimais bien Irish Rob des Exploited, mais notre nouvel invité n'est pas en reste, bien que totalement inconnu de mes fichiers. Il a parfaitement capté l'esprit du combo : brut de décoffrage ! La bûche divine s'abat sur un Koko hors d'haleine. Et c'est en plein feu de l'action que je dois me frayer un chemin vers la sortie… Dommage.

« c'est une voix très rauque qui scande une armée de riffs massifs, portés par deux guitares excitées. »

C'est sur les hauts tabourets du bar du Purple Turtle que je pose mon short en jean. La bière est tout à fait abordable pour un goût absolument similaire aux autres « venues ». Je m'installe. Les Desert Storm sont déjà sur scène. Je pense intérieurement qu'il faut vraiment interdire les générateurs automatiques de nom de groupes Stoner. S'il vous plaît les gars, arrêtez. Ceci dit, c'est une voix très rauque qui scande une armée de riffs massifs, portés par deux guitares super excitées. On navigue dans le Heavy groovy, tantôt bluesy, tantôt psychédélique, mais suffisamment méchant pour susciter des démangeaisons au niveau des cervicales.

« The Order Of Israfel affiche une technique parfaitement maîtrisée et démonstrative. »

Quelques bières plus tard (quoi?), c'est au tour de The Order Of Israel de monter sur scène. Le premier rang des Stoned Gatherings est en place et représente fièrement. Entièrement féminin et déchaîné, le front raw en question fait une fois de plus forte impression. Il faut dire que les Suédois portent d'admirables pantalons en jean à patte d'Eph', plutôt moulants… Le Classic Doom Metal du quartet assomme la tortue violette qui agite ses cheveux dans tous les sens. Mené par Tom Sutton (ex Church Of Misery, Horisont et Night Viper), The Order Of Israfel affiche une technique parfaitement maîtrisée et démonstrative. Leur show est aussi dansant que noir. On ne sait littéralement plus où donner de la tête. On Black Wings A Demon, le titre phare de l'album Wisdom (Napalm Records – 2014), est magistral. Un véritable morceau de Heavy Metal comme on n'en fait plus. Je quitte le Purple Turtle comblée !

« On peut dire que les Italiens ont retourné le Koko avec splendeur et ostentation ! »

Exit le long moment de solitude qui caractérise le début du set de Ufomammut suite à un problème technique, on peut dire que les Italiens ont retourné le Koko avec splendeur et ostentation ! Un show grandiose ponctué par des Temple, Daemons ou encore Stigma, retentissants. Toujours postée sur mon perchoir, je regrette l'animation de la fosse et me sens quelque peu dépassée par cet amas de gros son. Le « spot » sans doute. J'apprécie néanmoins et à sa juste valeur le volcanique God qui clôt le show.

Les deux précédentes nuits de débauche commencent à se faire méchamment sentir, je décide donc de rassembler mes dernières forces pour Sleep. Honneur à l'Italie, je file à la pizzeria...

« Le trio a trouvé l'équilibre idéal entre groove et lourdeur, une juste harmonie présente tout au long du show. »

« Sleep au Koko. Je vais voir Sleep au Koko. Et toi ? Ah t'as été au Roadburn ? Bravo. Sinon, je t'ai dit que j'allais voir Sleep au Koko ? Parce qu'en fait je vais au Deserfest à Londres, et Sleep passe au Koko. » Au cas où vous n'auriez pas compris, j'avais hâte de voir Sleep au Koko. Nichés devant un mur d'amplis (chacun !), Matt Pike et Al Cisneros ne font qu'une bouchée du Koko galvanisé. Il est toujours aussi impressionnant de voir comment le bassiste émérite arrive, avec tact et finesse, à produire un aussi massif déluge de gras. Dragonaut est tout simplement éblouissant. C'est les larmes aux yeux que le public applaudit le talent du trio (ok, j'exagère peut-être un peu). Holy Mountain est lui aussi empreint de beaucoup d'émotion. La salle entière assiste cérémonieusement à une pièce maîtresse du genre ! Le son, une fois encore, se place au summum. C'est pesant, lent, pachydermique. Le trio a trouvé l'équilibre idéal entre groove et lourdeur, une juste harmonie présente tout au long du show. Sleep demeure à ce jour mon meilleur concert de 2015. Merci pour la bûche, je reviendrai !

Setlist :

  • Dopesmoker
  • The Clarity
  • Dragonaut
  • Sonic Titan
  • Holy Mountain
  • From Beyond
  • Cultivator/Improved Morris

Ainsi se referme l'édition 2015 du Desertfest, des étoiles plein les yeux (et de la bière plein l'estomac). Trois jours de pur délice à naviguer dans Camden et à voir s'ouvrir les portes du psychédélisme à chaque coin de rue… Merci aux promoteurs de rassembler ainsi une même famille, et de lui prêter un tel terrain de jeu !

 

Crédits photos : Patrick Baleydier

Journaliste - rédactrice, à l’affût des nouveautés rockailleuses venues du désert et d'ailleurs...

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