Vous êtes ici
Between The Buried And Me + Russian Circles + Unexpect 02/02/13 @ Club Soda, Montréal
Une soirée plus métallique qu'à l'habitude nous attendait au Club Soda. Les mythiques Between The Buried And Me se pointaient à Montréal pour promouvoir leur dernier disque The Parrallax II : Future Sequence. En toute honnêteté, mon appréciation pour cette formation de Caroline du Nord a dramatiquement chuté depuis quelques années. Néanmoins, je n'ai jamais raté leurs visites depuis la sortie de l’album Colors en 2007. Ces musiciens ont une grande ouverture d'esprit et ils invitent des artistes intéressants sur chacune de leurs tournées. Cynic, Devin Townsend et The Ocean sont les premiers noms qui me viennent en tête. Pour ce nouveau périple en sol nord-américain, nous avions droit à une recette tout aussi réussie avec le support de Russian Circles. Les deux formations étaient de passage à Montréal quelques jours avant de rejoindre les affreusement populaires rockeurs de Coheed And Cambria pour le reste de la tournée. Jamais je n'aurais cru voir Russian Circles sur ce genre de mégatournée honteuse. Les temps changent…
Sur l'affiche de la soirée, le nom de Russian Circles se retrouvait tout en bas. À notre grande surprise, ce sont les pionniers du métal québécois Unexpect qui montèrent sur scène en tout premier. Ils semblaient amers de ce changement d'horaire, parait-il que le gérant des Russian Circles n'aimait pas voir ses clients au bas de l'échelle. Quand la musique devient du business comme cela, normalement je me tiens loin de la salle… Bref, la troupe de dégénérés d'Unexpect n'allait pas se mettre à pleurer pour autant. Ils nous offrirent une incroyable prestation, énergique et précise à souhait. Leur musique complexe et étourdissante semblait encore attirer les foules, la salle était déjà bien remplie pour les accueillir. Les gens scandaient le nom du groupe avec vigueur et détermination et l'ambiance était à son comble dans l'assistance. Il y avait beaucoup de mouvements à l'avant du parterre et nous ressentions une belle communion entre les musiciens et le public montréalais. Une bande de surexcités du New Hampshire avait même fait le voyage des États-Unis, décidément certains jeunes ont beaucoup plus de courage que moi. Jamais je n'aurais parcouru une telle distance pour assister à un concert comme celui-là. Au moins, ils ont pu profiter des folies d'Unexpect pendant près de quarante-cinq minutes, beaucoup de morceaux étaient issus de leur plus récent album Fables Of The Sleepless Empire. J'étais un peu perdu puisque je n'ai jamais suivi le groupe après leur album culte In A Flesh Aquarium, paru en 2006. Malgré tout, je suis bien heureux de voir que le groupe fonctionne toujours aussi bien malgré une scène métal faiblissante.
Les fameux Russian Circles s'apprêtaient à prendre d'assaut le Club Soda. Comme à leur habitude, le décor était très lugubre et intimiste. De simples projecteurs s'allumaient de temps à autre au sol afin de les délivrer de la noirceur totale. Dans tous les cas, il n'y a rien à voir sur scène lorsque Russian Circles performe. Ils sont statiques, tranquilles, timides et semblent extrêmement inaccessibles. C'est ce qui m'a toujours déplu chez ce groupe instrumental. Même dans de petites salles, le contact ne passe pas avec le public. Ils sont dans leur propre univers, une prestance que je trouve trop professionnelle et déficiente d'humanité. Par conséquent, je suis un très grand amateur de ce qu'ils proposent en version studio. Je possède tous les albums du groupe, mais pour une raison qui m'échappe, je n'apprécie pas du tout la sonorité qu'ils proposent en prestation. Le résultat est beaucoup trop générique, je dirais même beaucoup trop métal. J'ai l'impression que Russian Circles tente actuellement d'être un groupe qu'il n'est pas vraiment. Ils penchent vers une scène qui ne s'intéresse pas à eux de toute manière, la réaction de la foule traduisait bien cet aspect samedi dernier. Les réactions du public étaient entièrement positives ou négatives. Ils n'étaient pas assez rapides et violents pour les jeunes admirateurs de Between The Buried And Me et pas suffisamment éclectiques pour les fidèles d'Unexpect. Les seules personnes qui semblent avoir pris plaisir à les voir sont les gens qui les connaissaient déjà et qui savaient à quoi s'attendre. Malgré une prestation plus lourde et agressive qu'à l'habitude, ce groupe ne cesse de me décevoir en prestation. La musique n'est pas vivante, elle est extrêmement générique et manque de saveur. Il s'agissait de ma dernière expérience en leur compagnie, vous pouvez en être certain. À mon avis, s'ils ne sont pas capables de donner une gifle à leurs amateurs dans une salle de qualité comme le Club Soda, ils n'y arriveront jamais.
La nostalgie était à l'honneur lors de cette soirée. Beaucoup de vieux amis de l'époque où j'écoutais des tonnes de musique métal arpentaient la salle. C'était une formidable occasion de reprendre contact et de faire un peu de headbang sur les rythmes effrénés de Between The Buried And Me. Ces virtuoses américains ne semblent jamais être à court d'énergie. Les sourires sont toujours très grands sur leurs visages et les prestations sont longues et généreuses. Les premiers morceaux du concert étaient tirés de l'album Colors, un grand classique de mon adolescence. Il fait toujours bon de revivre ces moments magiques, que de bons souvenirs refaisaient surface dans ma mémoire. Le talent et la bonne attitude ne font malheureusement pas tout le travail, Between The Buried And Me ne propose pas une grande diversité. Malgré des compositions complexes et originales, le sentiment de répétitions s'installe rapidement chez l'auditeur. Les morceaux sont longs et épuisants, les envolées loufoques ne font plus effet après quelques reprises et l'ennui s'installe peu à peu. Le style de composition du groupe stagne et ils semblent prisonniers de leur formule gagnante. La surdose de solos et de riffs impressionnants se transforme finalement en masturbation musicale inutile et impertinente. Between The Buried And Me reste malgré tout un groupe phare dans le milieu métal, il permet à des dizaines de milliers de jeunes d'élargir leurs horizons musicaux et de se détacher des groupes populaires qui ramollissent le cerveau. Leur popularité constante m'étonne toujours autant, il s'agit de l'un des groupes du genre qui survit le mieux. Parlez-en à notre photographe, qui fut incapable de prendre des clichés sans se faire sauter au visage par des stage-divers. L'absence de fosse pour les médias fut ma plus grande déception de la soirée, une salle comme celle-ci devrait appliquer cet élément à tous ces concerts. L'important dans tout ça, c'est que des centaines de jeunes ont apprécié la soirée et retourneront chez eux avec de bons souvenirs. BTBAM saura toujours s'élever au-delà des standards en matière de générosité et d'accessibilité.
Crédits photos : Renaud Sakelaris
Chroniqueur montréalais pour Pelecanus depuis juin 2010 ayant participé à l'organisation de concerts ainsi qu'au défunt projet de webradio. |
À lire également
Photo-report |
Retour sur |
Actualités |
Actualités |
RAF à Lyon ? |
Chronique |
Ajouter un commentaire