Vous êtes ici
Pelecanus Fest 2013 : Dead Ranch + Hell's Angles + Teethmarks + IRN + Dopethrone 19/10/2013 @ Turbo Haüs, Montréal
« Pardonnez-moi mon Père, car j’ai péché ». Je me demande bien qui est le saint patron des photographes. Qui prier pour implorer les dieux de nous octroyer de bons clichés? Ou, dans mon cas, à qui demander pardon lorsque par inadvertance on ruine son développement de pellicule, le plus grand des péchés de l’argentique ?
Eh ben… Le présent pécheur effectue une stupide recherche sur Google, de quoi faire rouler les moteurs de la machine et polluer notre belle planète… J’y écris tout bonnement : « saint patron des photo-» et Google, intelligente comme elle est termine d’elle-même le «-graphes », ce qui laisse sous-entendre que je ne suis pas le premier a avoir eu l’envie d’en apprendre plus sur le saint des sels d’argent.
MARIE MADELEINE! Pour ne pas dire, PUTAIN!
Il s’agit de Sainte Véronique!
Me voilà surpris d’apprendre l’existence d’une telle sainte! Je sais maintenant à qui je dois implorer le pardon d’avoir malencontreusement exposé 3 de mes rouleaux de pellicule à la lumière, entraînant la perte de la majorité des photographies prises lors de la soirée du Pelecanus Fest 2013. Mais avant de vous glisser un mot sur la soirée, revenons à nos moutons ou plus précisément, notre brebis.
Mais qui fut cette Sainte Véronique? Je vous copy paste la description Wiki suivante parce que ça résume bien ce qu’il y a à savoir :
« Il s'agit d'une femme pieuse de Jérusalem qui, poussée par la compassion lorsque Jésus-Christ portait sa croix au Golgotha, lui a donné son voile pour qu'il pût essuyer son front. Jésus accepta et, après s'en être servi, le lui rendit avec l'image de son visage qui s'y était miraculeusement imprimée. L’iconographie chrétienne représente traditionnellement Véronique tenant un tissu où s'est imprimé le visage de Jésus.»
L'étymologie populaire a ensuite rapproché le nom de Véronique des mots latins qui signifient “vraie” (vera) et “image” (icon, -is,).- http://fr.wikipedia.org/wiki/Voile_de_V%C3%A9ronique
Le voile de Véronique n’est pas à confondre avec le Suaire de Turin, ce drap également imprégné de l’image du fils de Dieu, dont les résultats d’un test au carbone 14 révélèrent qu’il date du moyen-âge. Il est intéressant de noter que le visage sur ce dernier est en sorte un négatif et que l’on reconnaît plus facilement le visage sur le négatif d’une photo de celui-ci. Vous me suivez? C’est-à-dire que le négatif d’une photo d’une représentation en négatif, égale à son image positive. Bah, googlez “Suaire de Turin” et vous comprendrez.
Véronique, l’icône authentique, ça alors! Quelqu’un quelque part là-haut fait bien son boulot! Contrairement à moi qui dans un excès de zèle ai fait une erreur irréversible sur les pellicules qui avait été exposées aux performances de Dead Ranch, IRN et Dopethrone. Laissez-moi vous dire que ces performances et la soirée étaient dignes d’être immortalisées par les pouvoirs de mon appareil photographique. “Immortalisé”, cette expression, que l’on utilise souvent avec le fait de prendre un portrait, prend tout son sens, lorsqu’abordé par le thème religieux. La photographie, et par extension l’art, serait-elle un moyen de résister à la mort? Sans répondre à ma question, je vous affirme que contrairement au Christ, mes pellicules n'ont pas ressuscité au 3e jour. Par contre, j’ai toujours en ma possession d’autres documents de la soirée, ceux d’Hells Angles et Teethmarks. On pourrait dire que c’est une intervention divine, ou le destin, qui a fait en sorte que ces pellicules aient pu voir le jour, et ce sans se voiler.
En réalité, c’est l’œuvre du hasard. J’ai pris aléatoirement 3 rouleaux de film que j’ai par la suite soigneusement inséré dans les bobines spirales et puis placé dans la cuve de développement. Ces 3 films n’ont malheureusement pas survécu à l’opération. C’est un peu comme l’accident mortel du bassiste de Metallica, qui a gagné son lit de mort en jouant aux cartes. Oui, vous avez bien lu, je viens de faire un lien entre mes pellicules ruinées et la mort de Clifford Lee Burton. Mon point étant que l’on peut toujours remettre tout en cause et vivre avec des si. On aurait bien pu vivre dans un monde où Kirk Hammett serait décédé à la place de Burton. Ou encore le chauffeur de leur autobus n’aurait tout simplement pas fait d’accident si Burton n’avait pas pigé l’as de pique. Aurais-je préféré que les photographies de Dopethrone survivent au lieu de celles de Teethmarks?
On peut par contre apprendre de nos erreurs, même si ce sont des accidents très très bêtes. Exemple : avoir deux cuves de développement, l’une contenant des films et l’autre vide, vouloir ouvrir celle qui est vide et en fin de compte ouvrir celle contenant les films. Même si l’on réalise notre erreur une fraction de seconde plus tard, c’est déjà une fraction de seconde trop tard. Ce genre d’accident en photographie ne pardonne pas. Même une intervention divine de Sainte-Véronique n’y peut rien.
La perte de pellicule peut avoir comme effet chez le photographe une sensation de deuil. Dans mon cas, c’est un deuil étrange, car ce que j’ai réellement perdu est le potentiel de la réalisation des photographies. Peut-être même une bonne photographie, celle que j’attends toujours d’avoir; celle qui me motive à continuer de photographier; LA photo que tous les photographes poursuivent. Oui, j’ai perdu de l’argent, d’une certaine façon mon temps et mon égo de photographe en a pris un coup, mais le plus chiant est d’être pris avec les images latentes de mon imagination. Une image latente, selon Wikipédia est une l'image “en devenir” présente sur un film exposé, mais pas encore développé. Mes films ont été en contact avec la lumière de ma salle de bain avant leur développement alors une fois révélé, les images étaient toutes noircies par les sels d’argent. Je n’ai donc jamais pu voir les images. Voilà pourquoi je vous dis que je suis hanté par les fantômes des images latentes qui appartiennent désormais à mes souvenirs, déformés par mon imagination.
J’imagine les photos de Dead Ranch : Chad Alsop qui gueule au micro avec sa guitare bien ancrée sur lui; Steve Henderson qui se débat avec sa basse; Ryley Devine qui headbang aussi fort qu’il tape sur sa batterie et finalement Andre Cornejo qui lui aussi secoue son instrument agrémenté d’une queue de loup (?).
Ceux d’IRN : Jeff à la basse, rugissant dans le micro; Ken qui secoue ses longs cheveux frisés foncés de gauche à droite au rythme écrasant de leur musique et Will à la batterie, frénétique et très précis sur chacun de ses coups.
J’avoue que ceux de Dopethrone me causent plus de mal. J’ai passé du temps avec les musiciens et ayant fait un shooting promo avec eux, une relation photographe-modèle s’est construite. Ce qui fait que je suis très à l’aise pour les photographier et ils savent jouer le jeu. Je pense à Carl derrière la batterie qui ne cesse de grimacer en regardant droit dans l’objectif lorsqu’il frappe sur sa batterie à s’en arracher la peau des doigts; à Vincent qui me fouette avec sa windmill de dreads ou encore lorsqu’il a saisi un énorme joint se passant à travers la foule; à Victor perdu dans ses longs cheveux et à ses pieds, une foule, qui elle aussi headbang à l'unisson. Il y a aussi la photo que j’ai prise de l’organisateur de la soirée, notre William Paulhus national, en me couchant sur la scène de dos afin de le voir se déchainer en bonne compagnie. Je dois dire que peu importe le shoot, ruiner ses photos en étant le coupable est déplaisant, mais c’est encore plus déplaisant quand il s’agit d’un événement unique qui nous est cher; un putain de “kodak moment”. Je voudrais donc remercier l’équipe de Pelecanus, tous les groupes, sans oublier la formidable équipe de la Turbo Haus pour un autre Fest accompli!
Je vous laisse avec les albums photo d’Hells Angles et de Teethmarks, les heureux élus par notre patronne Sainte-Véronique. Je peux déjà me consoler, car en regardant ces photographies, je réalise que le réglage de mon appareil n’était peut-être pas optimal, ce qui veut dire que les images perdues n’étaient probablement pas si palpitantes. Je suis un photographe impulsif, qui se laisse guider par ses sens. Doit-on diviser les photographes ainsi? C’est-à-dire les sensibles versus les techniques? Je cherche sûrement une excuse pour mon manque technique. Il arrive souvent que je loupe des opportunités photo parce que je suis trop occupé à vivre la musique à fond. Je suis toutefois heureux d’avoir l’habileté de m’abandonner à la musique et d’appuyer sur le déclencheur lorsque je le sens.
J’aime quand je suis à un spectacle et je n’ai pas l’impression d’y être seulement pour le photographier. Le Fest était l’un de ses événements où le plaisir est principalement d’y être et la prise de photos n’est qu’un bonus stimulant. Même si j’ai perdu plusieurs des clichés recueillis lors du Pelecanus Fest 2013, j’aurais toujours le souvenir de ces images latentes à tout jamais disparues, qui n’ont laissé comme trace qu'une légère impression de flash dans ma rétine. Ces images ont transcendé le monde tangible pour aboutir dans mon imaginaire. De cette façon, je peux les concevoir comme parfaites. En est-il mieux ainsi? Souvenons-nous d’un des commandements de notre véritable Père souverain : “The chase is better than the catch.”
Je me souviendrai également de l’énergie de camaraderie qui régnait au Pelecanus Fest 2013 avec sa programmation 100% canadienne. Si le but de la soirée était d’alimenter la scène musicale et tisser des liens entre ses participants, ce fut une réussite. On s’y voit l’année prochaine?
Photographe argentique + (Auto)-éditeur + amateur de bon café |
À lire également
RAF à Montréal ? |
Retour sur |
Photo-report |
Actualités |
Retour sur |
Actualités |
Ajouter un commentaire