Vous êtes ici
Colour Haze + Saturnia 29/09/2012 @ Nouveau Casino, Paris
Depuis que j'ai découvert Colour Haze au Hellfest, je n'ai cessé de me demander comment j'avais fait pour ne jamais avoir entendu parler de ce groupe avant. Alors quand j'ai vu qu'ils passaient à Paris, et dans un show "XXL" de trois heures, j'ai tout de suite su qu'il FALLAIT que j'y sois. Surtout que ça se passait au Nouveau Casino, sûrement l'une des meilleures salles de Paris. Que demander de plus ?
A ma grande surprise, malgré le fait que les Allemands avaient prévu de jouer pendant trois heures, nous avons eu droit à une première partie. En l'occurrence, il s'agissait d'un groupe portugais, Saturnia. Commencé à peine cinq minutes après l'ouverture des portes (quasiment du jamais vu pour ma part), le set de ce duo se présente donc sous forme d'une série de morceaux assez monotones, piochant à la fois du côté du rock progressif mais aussi des sonorités datant du début de l'ère des instruments électroniques. En effet, si le guitariste à posture voûtée (ça serait marrant de le voir faire un duo avec Al Cisneros, tiens) passe son temps à balancer des solos et à faire sonner sa guitare comme un sitar, le deuxième membre du groupe est assis derrière des claviers qui semblent être sortis d'une faille temporelle. On retrouve donc les boites à rythmes très rétro, pour ne pas dire cheap, et des solos de clavier dignes d'un jeu Atari.
Le tout est marrant pendant cinq minutes, mais la répétitivité des morceaux (le chant, très monotone n'aidant vraiment pas) prend vite le dessus, et je commence ouvertement à regarder l'heure, en attendant que ça se termine. Et ce ne sont pas les sonorités ultra-graves et extrêmement fortes introduites dans l'un des morceaux qui aideront à faire passer la pilule: si l'on sent bien son corps vibrer, comme à un concert de Sunn O))), l'effet agréable est anéanti par la répétition constante de cette note, devenant très vite éprouvante, surtout compte tenu de la durée des morceaux.
Cependant, le set touche à sa fin quarante cinq minutes plus tard (toujours pile à l'heure donc), pour laisser place à Colour Haze. Et là, c'est une autre histoire. Dès les premières notes de Aquamarina je suis totalement conquis : le son est nickel et les musiciens assurent grave. Surtout le guitariste. C'en est tout simplement impressionnant, là où sur album on pense écouter une série d'improvisations, se cachent en fait des morceaux totalement maîtrisés et appris par coeur jusqu'à la dernière note (et pourtant, il y en a des milliers), pour être reproduits en live avec une aisance et une fluidité absolument déconcertantes. Ce mec est clairement l'un des meilleurs guitaristes que j'ai jamais vu, et en prime, il est bien entouré.
Car oui, quand Colour Haze disent "XXL", ils sous-entendent aussi des musiciens supplémentaires. C'est donc un guitariste additionnel et un pianiste qui rejoindront occasionnellement le trio sur scène. Si l'utilité du premier peut paraître discutable, le second ajoute en effet une partie énorme aux compositions déjà sublimes du groupe. Et puisqu'on parle des compositions, il serait dommage de ne pas mentionner la setlist, absolument monumentale, regroupant tous les hits du groupe. On aura donc droit à l'excellente Lights, puis, un peu plus tard, à Transformation, à mon goût l'un des meilleurs morceaux du dernier album, directement suivi par All.
La fin du concert fût cependant encore plus énorme, puisque l'ajout des musiciens supplémentaires a permis au groupe de faire "ce qu'ils voulaient faire depuis longtemps", c'est-à-dire jouer Turns, petit morceau acoustique d'une rare beauté, que j'affectionne tout particulièrement. Je suis donc en extase, et le reste du public aussi. Ce dernier est par ailleurs communicatif comme jamais, couvrant chaque fin de morceau d'un tonnerre d'applaudissements comme j'en ai vu très peu. Jamais en fait, mis à part peut-être à un concert de Black Keys. Mais le meilleur est à venir, car après un petit She Said, suivi d'une ovation d'une bonne minute, Stefan, le guitariste, visiblement touché et amusé par un tel accueil, ne dira qu'un mot : Tempel. Les superlatifs commencent à me manquer, tant ce morceau m'a paru beau, fluide et à la fois puissant. Et ce n'est toujours pas fini, car juste après, le groupe enchaînera sur ce qui est sûrement le paroxysme de son art, j'ai nommé Love. Et là encore, c'est comme si l'on écoutait la version studio... mais en trois fois mieux ! Frissons, tremblements, explosion d'orgasmes auditifs, ces mecs sont absolument incroyables.
Qui aurait cru qu'après plus de deux heures et demi de concert, le public demanderait un rappel ? Et pourtant, c'est comme si seulement une heure s'était écoulée depuis que ces Allemands sont montés sur scène, et c'est avec autant de joie qu'on accueille le trio pour deux morceaux supplémentaires, ramenant donc la durée du concert pas loin de la barre des trois heures. Si j'avais un prix à décerner à ce concert, ça serait le prix du meilleur rapport prix/qualité. Ou celui du meilleur rapport quantité de pédales d'effets/qualité du son. Ou alors celui du meilleur public. Oh et puis merde, qu'on leur donne tous les prix possibles et imaginables, ils le méritent.
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
À lire également
Chronique |
Retour sur |
Photo-report |
RAF à Paris ? |
Photo-report |
Ajouter un commentaire