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Old Man Gloom - NO (2012)
Pour réaliser ce cocktail typiquement bostonien qu'est le "Old Man Gloom", munissez-vous d'un shaker en acier trempé, placez une grosse goulée de A.Turner, ajoutez un quart de N.Newton, une tasse de C.Scofield et saupoudrez le tout d'épices S.Montano. Côté déco une paille-looping-fluo avec une tête de singe fera son petit effet et ajoutera une profondeur à votre concoction. Cette boisson des grands jours ajoutera toujours de la gourmandise à vos apéros dinatoires mais attention, elle aurait quand même tendance à peser sur l'estomac après quelques verres…
Bon ok, j'arrête ma grossière métaphore, et je rentre dans le vif du sujet. Cela faisait quelques années, doux euphémisme, 8 ans, que la dream-team américaine du post-metal grassouillet n'avait pas sorti d'album. Le dernier à date, Christmas, a tourné en boucle dans mes enceintes il y a quelques années avec, dans ma tête cette unique phrase "pourquoi n'ai-je pas écouté ça avant ?" (comprendre avant la découverte d'autres groupes dans l'univers des musiciens composant le projet). J'ai ensuite découvert les oeuvres précédentes dans leur discographie, mais toujours sans retrouver cette bonne grosse accroche à la furie de Christmas. La question à la découverte de "NO" était pour moi la suivante: vont-ils m'en retourner une grosse une nouvelle fois, ou vont-ils repartir dans ces albums dont les constructions, plus étendues, plus expérimentales, ne viennent pas jouer à la corde à sauter avec mes boyaux.
Alors même que l'album semblait alléchant, avec son titre reflétant à merveille une de mes philosophies personnelles préférées, c'est avec un brin de déception que les premières écoutes se sont soldées. Comme si je n'avais rien pu vivre ou pu m'accrocher à quelque chose. Dès les premières minutes de l'album, on se retrouve plongé dans une ambiance rappelant certains interludes hallucino-barrés des précédents albums, les samples en moins, à coup d'interférences semblant sortir d'une autre galaxie et de riffs d'orgue aux relents dramatiques. Puis les compositions s'enchainent, "Common Species" commencera foutrement bien jusqu'à perdre de plus en plus de sens, diminuant en rythme et finissant sa course dans un mur de son, de larsens et de cris apportant difficilement quelque chose à la composition, voire même, à la gâcher. L'oreille, comme la nuque, s'ennuient. Un bon petit "Carry the Flame" vient me réveiller les cervicales, la voix de Caleb est toujours aussi grasse et vient efficacement plonger l'auditeur dans sa diatribe, martelant le titre du morceau. Puis le soufflet, à peine après avoir un poil levé, retombe aussi sec. Le groupe reconnu pour opérer dans un métal gras accompagné de nappes sonores semble se perdre, rajoutant une minute par ci par là de parasites et de nappes n'apportant strictement rien, n'arrivant pas à marquer des points dans la qualité de composition des structures. Ils iront même jusqu'à s'essayer à l'insertion d'un morceau avec une gratte acoustique avec "Crescent" mais rien n'y fera, chacune des pistes comportera son lot d'ennui.
De la lourdeur pour de la lourdeur, de l'expérimental pour de l'expérimental, quand tout cela est fait sans grande cohérence voilà ce que ça donne, un album ennuyeux et long dont on ne comprend pas les circonvolutions. On a comme la vague impression que les mecs ont voulu revenir à l'essence même d'Old Man Gloom, abandonné un brin sur Christmas qui évoquait plus le travail perpétré au sein de Zozobra, des morceaux courts, rentre-dedans et abrasifs ici transformés en compositions en dent-de-scie, privilégiant largement l'aspect expérimental. Bien dommage quand on connait les capacités de chacun des musiciens à nous avoir sorti de pures pépites, avec de gros riffs qui accrochent à la tête le tout dans des univers bien moins indigestes que celui-ci...
« Ce beau gros "NO" est la réponse longtemps ruminée d'une vie passée à dire "OUI", alors qu'il aurait fallu répondre le total opposé. Combien d'entre nous ont dit "oui" quand ils pensaient "non"? Notre objectif de vie aurait-il était mieux servi si on avait eu recours à l'honnêteté plutôt qu'à la peur et à l'obligation ou à la culpabilité? Au-delà de notre propre expérience, la permissivité domine notre culture et notre société au détriment du bien-être individuel et collectif. Depuis trop longtemps, on a courbé l'échine devant des tendances destructrices de pensées basées sur la violence patriarcale et la domination. On a accepté une vie dirigée par le commerce et la consommation qui ont remplacé les relations humaines et la communauté. On a bradé la spiritualité pour des corporations religieuses vaines ayant pour ambition de diriger et de manipuler plutôt que de donner de la substance aux âmes. Quelle meilleure réponse existe-t-il à tout ça, sinon un NON retentissant et déterminé? Quelle autre déclaration plus positive pourrait repousser cette marée de capitulation destructrice? Le temps du NON est arrivé et "NON" en est son hymne, un appel au clairon pour tous ceux qui ne veulent plus dire oui à tout ce qui détériore la vie, l'esprit, le cœur et l'âme. »
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