Vous êtes ici
Year Of No Light + Eibon + Valve 07/06/2012 @ Glazart, Paris
J'ai beau avoir vu Year of No Light deux fois en deux ans, et compter les revoir dans quelques jours au Hellfest, c'est sans hésitation aucune que je me retrouve à 19 h devant les portes du Glazart. Il n'y a jamais trop de Year of No Light. Ce n'était pas vraiment la peine de se presser en revanche, les portes n'ouvriront que quelques trente-cinq minutes plus tard. Jusque là, rien d'anormal.
Ce qui est en revanche plus étonnant, c'est que les personnes traversant ces portes une fois ouvertes se font rares, et c'est devant une vingtaine de personnes que Valve commenceront leur set. Je me sens presque mal pour le groupe, mais heureusement qu'un peu de public arrivera au cours de leur prestation. Pendant ce temps, ce groupe entame le show, et se lance dans une espèce de sludge assez énergique, à la limite de ces nombreux genres en -core. Le chanteur m'impressionnera vraiment: ce barbu couvert de tatouages et arborant un t-shirt Selenites passera tout le set a courir partout sur scène (en faisant toutefois gaffe de ne pas marcher sur mon sac de photo, respect !), à grimper sur les murs et à descendre dans le public, tout en hurlant ses parties avec rage et ardeur. Malheureusement le reste du groupe est moins enjoué; sans parler de se faire chier, ils n'ont pas la moitié de l'entrain du frontman, et c'est un peu dommage, car l'effet produit par le groupe en serait décuplé. En attendant, les parisiens enchaînent des compos plutôt sympathiques qui gagneraient à avoir un meilleur mixage, l'une des guitares m'étant absolument inaudible pendant tout le set. Pas de claque de l'année ici, mais peut-être bien un groupe à revoir dans de meilleures conditions.
Une demi-heure plus tard, j'observe les parisiens (oui, encore) de Eibon prendre place sur scène, et il est impossible de ne pas remarquer qu'il ne s'agit plus de la même tranche d'âge que le groupe précédent, les musiciens ayant presque tous l'air de débarquer directement des années 90, avec les baggy qui vont avec. Si cet élément importe assez peu dans l'appréciation d'un groupe, je dois avouer que des inquiétudes surgissent en moi lorsqu'on entend l'un des guitaristes s'accorder... d'oreille, et avec grande difficulté, voire même douleur. Je chasse cependant mes a priori et essaye de me plonger dans le set qui débute.
Les débuts sont laborieux, le groupe enchaînant riffs plutôt lourds, mais sans grande saveur, et aux transitions assez forcées. Cependant, une once d'espoir s’éveille en moi lorsque, vers le milieu du morceau, la basse entame une ligne plutôt hypnotique (je ne peux par ailleurs que saluer le niveau du bassiste, indéniablement élevé), qui déboulera sur un crescendo sonnant presque stoner, survolé par des solos de guitare. Hey, mais c'est vraiment pas mal en fait ! Malheureusement, je me rends vite compte que la quasi-totalité des morceaux de ce set suivront ce même chemin: un début long, lourd et pesant, suivi par un passage à la basse groovy et répétitive, pour finir sur une accélération remplie de solos et d'effets. C'est sympa les deux-trois premières fois, mais au bout de cinq on commence à trouver le temps long, et avoir hâte que ça se termine, d'autant plus que chaque morceau dure assez longtemps, ayant donc bien le temps de nous faire entrer ses riffs dans le crâne. Pour finir, l'éclairage, un brin supérieur à celui du premier groupe (on n'y voyait en effet presque rien, d'ou l'absence de photos, sans rancunes) n'aide pas à rompre la monotonie, se contenant d'être du rouge constant pendant toute la durée du set.
C'est donc avec joie que j'observe les bordelais de Year of No Light envahir la scène. Et le mot "envahir" n'est pas choisi par hasard, le groupe étant constitué de pas moins de deux batteurs et trois guitaristes (en plus de seulement un bassiste), les gars doivent en effet se pousser un peu afin de caler tout et tout le monde sur scène. Le sol est jonché de pédales, il y a des claviers un peu partout, et les musiciens doivent faire des pas de danse afin de se faufiler entre les instruments: tout est donc bon pour commencer.
Le groupe entame un court morceau (dans les cinq minutes) m'étant inconnu, faisant office d'intro à ce concert. C'est sympa, ça pète bien, mais encore ? Et bien, il suffisait de le demander, puisque juste après ça, l'un des batteurs (se trouvant jusque là aux claviers) regagne son instrument, et le collectif entame l'un de mes morceaux préférés du groupe, Hiérophante. Je sens des frissons parcourir mon corps des les premiers accords, pour se transformer presque en tremblement lorsque les guitares s'envolent, exactement comme la première fois que j'ai vu ce groupe. Le son est nickel: on est noyés dans les guitares, le son vient de tous les cotés, et alors que les batteries sont ruées de coups, c'est un véritable sentiment de puissance qui m'envahit, comme si je me tenais sur le haut d'une montagne, traversé par des vents glaciaux. Le groupe enchaînera sur un autre morceau inconnu (qui s’avérera être un morceau inédit à paraître dans le prochain album, d'après les dire des membres du groupe), puis viendra le tour de Abbesse, un autre morceau de l'excellent Ausserwelt. Là encore, point de pains ou d'imprécisions, le tout sera joué avec aisance et facilité, alors que nous nous faisons marteler la tronche par ces riffs, pendant que des stroboscopes percent l'épaisse fumée, visibles même avec les yeux fermés.
Le set finira sur un autre morceau inédit, avec une fin particulièrement explosive, car descendant au moins une octave en dessous du régistre habituel du groupe. C'est donc un amas de vibrations assourdissantes, presque physiquement douloureuses qui viendra nous achever, comme pour s'assurer que la claque sera mémorable. Décidément, je m'en lasse pas de ce groupe, toujours un grand moment.
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
À lire également
Retour sur |
Bootleg |
Actualités |
Retour sur |
Bootleg |
Entrevue |
Ajouter un commentaire