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Roadburn 2017 : jour 01 - « Guerre ! Feu ! Pillage ! Caisses de Jupiler ! »
Guerre ! Feu ! Pillage ! Caisses de Jupiler ! Odeur omniprésente de weed ! Bungalows couleur zèbre dans un camp de vacances un peu raciste ! Aucun doute, nous sommes bien au Roadburn.
Hélas, le début du festival n'est pas aussi explosif que l'année dernière (qui a quand même commencé par Cult of Luna jouant mon album préféré d'eux en intégralité, paye ton entrée en matière), mais on ne peut pas tout avoir. Bref, nous sommes donc jeudi, il est 15 heures, nous sommes tous encore plus ou moins frais, et Ash Borer entame son set à la Green Room. Qu'on se le dise tout de suite : ça ne casse pas trois briques à un canard. C'est bien joué, le bassiste tire des gueules très black metal, mais au bout de quelques morceaux je commence légèrement à m'ennuyer, et bouge donc à la Main Stage, pour voir Crippled Black Phoenix.
Ce que je vais dire n'est absolument pas professionnel, mais de toute ma clique de potes, nous étions plusieurs à suivre Crippled Black Phoenix sur Facebook, sans qu'aucun d'entre nous ne sache vraiment pourquoi. Logiquement, j'aurais tendance à dire que ça doit être parce qu'ils ont un jour fait de la musique qui nous plaisait, mais un court sondage a révélé qu'on n'avait pas une idée très définie de la musique du groupe ; on s'attendait juste globalement à un truc un peu post-rock. Et c'est loupé, puisqu'on a eu droit à une sorte de rock tout gentillet aux paroles tout aussi gentiment rebelles, le tout sur fond d'une image d'un poing levé. Sans parler du fait que porter des fringues de son propre groupe sur scène n'est acceptable que quand on s'appelle Cobra. Au suivant donc.
Je fais un tour à la somptueuse exposition Full Bleed en faisant bien gaffe de tenir mon portefeuille fermé avec mes deux mains, tant toutes les affiches donnent envie de les acheter, et je me dirige à la Het Patronaat pour jeter une oreille à These Poor Bastards. Hélas, ce n'est toujours pas la branlée : si en studio j'avais trouvé leur espèce de country satanique plutôt accrocheuse, en live ça marche beaucoup moins bien. La batterie tabasse beaucoup trop, et le tout sonne définitivement trop moderne et aseptisé pour retrouver le charme du son studio.
Heureusement, c'est l'heure de Subrosa, qui joue en intégralité son dernier album sur la Main Stage. Même si j'ai moins accroché à celui-ci qu'au précédent, je ne peux qu'avouer que, contrairement au groupe précédent, ça marche au contraire mieux en live qu'en studio. Le groupe occupe sans souci l'énorme scène du 013 (en même temps ils sont cinq plus une flutiste/chanteuse supplémentaire), le son est putain de massif, et les musiciens semblent vraiment contents d'être là. On pourrait faire un reproche à la voix principale, toujours un peu approximative, mais si l'on est habitué au chant du groupe sur album, ça ne devrait pas vraiment être une surprise. Mention spéciale à Troubled Cells, le dernier (et à mon goût de loin le meilleur) morceau de l'album, très subtil et extrêmement poignant.
L'un des grands soucis du Roadburn c'est que depuis les travaux effectués à la 013 il y a deux ans, la jauge du festival a été drastiquement augmentée. Or, les plus petites salles n'ayant pas changé de taille, plus de festivaliers veulent dorénavant y entrer, ce qui pousse à devoir faire des sacrifices en faisant l'impasse sur certains groupes. Tout aussi gênant, à partir du moment où l'on veut assister à un concert sur la Main Stage dans son intégralité, il devient très difficile d'enchainer sur les autres salles, car à peu près tout le public sortant de la Main Stage a l'exacte même idée. Je décide donc de faire l'impasse sur ce qui se passe ailleurs et d'attendre sagement Wolves In The Throne Room en me mettant une mine.
Enfin, les lumières s'éteignent, les bannières à l'effigie des artworks du groupe s'illuminent, et la scène se recouvre d'une fumée épaisse : les maîtres sont dans la place. Contrairement à la première fois où je les ai vus, cette fois les frères Weaver ont décidé de s'entourer de musiciens additionnels, à savoir un troisième guitariste et une clavieriste (ressemblant d'ailleurs beaucoup à la batteuse de Wolvserpent). On ne s'en plaindra pas, puisque le son du groupe en gagnera énormément en texture et subtilité, tout en restant surpuissant et majestueux. C'est simple : je n'ai jamais entendu un groupe de black sonner aussi bien. De plus, le côté visuel n'en est pas oublié pour autant; alors que je m'attendais à un éclairage plus que rudimentaire, nous avons à la place eu droit à un véritable déluge de couleurs se dispersant dans la fumée, et donnant à la prestation un côté mystique additionnel. Et oui, je ne me suis même pas plaint de l'épaisse fumée, notez bien ce jour. Seule micro-déception du set : la setlist, manquant un chouilla de morceaux de l'excellentissime Celestial Lineage.
Fin du set, je n'ose même pas espérer rentrer dans la Green Room pour voir si Esben and the Witch ont un meilleur son qu'il y a quelques années au Beyond The Redshift (d'après les échos que j'ai eu par la suite, ce fût le cas), et décide de rester là pour Coven.
Contrairement à la quasi-totalité de mes amis, je n'avais absolument aucune attente pour Coven, et c'est possiblement pour ça que je n'ai absolument pas été déçu. Bon, ok, Jinx Dawson est sortie d'un cercueil en carton après une intro interminable pendant que deux roadies ne savaient pas où se mettre. Ok, elle a ramené son célèbre crâne cache-kiki et lui a fait des bisous. Ok, les robes des autres membres du groupe faisaient étrangement penser à des ponchos anti-pluie noirs. Ok, le délire "Black Sabbath rencontre Cindy Lauper en casquette en cuir" c'est quand même vachement kitsch. Mais malgré tout ça, j'ai trouvé que, 1 - Jinx Dawson arrive quand même à assumer le côté "vieille sorcière de film série B", 2 - le tout est au final plutôt marrant, et surtout 3 - en plus d'être marrant, la musique reste suffisamment catchy pour me faire rester quelques morceaux de plus sans m'ennuyer un instant. Et mine de rien, c'est déjà pas mal.
Mais bon, pas le temps de niaiser, il faut foncer à la Het Patronaat pour être bien placé pour Dälek. Instant confession : je n'ai jamais vu Dälek avant. Et à vrai dire, je n'ai jamais accroché en studio plus que ça, trouvant toujours que c'est juste pas mal, mais sans plus. Autant dire que ma claque n'en fût que plus grande... Si sur album les instrus de Dälek restent relativement gentilles, avec un côté presque ambient, en live leur rendu est plus proche de Godflesh que de Stars of the Lid. Grosses basses, synthés abrasifs, et surtout un flow et une aisance impeccables de la part du grand chef ; bref, autant de preuves que le hip-hop peut très bien avoir sa place au festival.
Je ne reste hélas pas jusqu'au bout, car il est l'heure de bouger à la Main Stage pour shooter Deafheaven. Malheureusement pour moi, qui ai lâché le groupe après Sunbather, celui-ci entame le concert par deux titres du dernier album, New Bermuda. Du coup, après la claque Dälek, c'est assez décevant : la musique semble assez quelconque, la plupart des musiciens ont l'air de se faire chier comme des rats morts, et pas même le frontman au jeu de scène surexcité (qui fait quand même un peu Jacob Bannon du pauvre) ne relèvera mon intérêt. Décidément, Deafheaven c'était mieux avant.
Dernière ligne droite de la journée : Batushka, aka "le nouveau phénomène black metal" (soupir). Pour ceux qui ne connaissent pas, il s'agit d'un groupe mélangeant black metal atmosphérique et chants d'église orthodoxes (le nom du groupe étant une façon de s'adresser à un prêtre orthodoxe). Bien évidemment, le groupe joue anonyme et déguisé (comme Ghost donc), et l'ambiance qui règne dans les concerts tend vers une sorte de messe noire rituelle (pas comme Ghost donc). Ayant été un peu refroidi par mes amis, me disant qu'en live c'est pas fou, je n'en attendais pas grand chose, mais force est de constater que la recette, aussi absurde soit-elle, marche finalement super bien. Les tenues et les accessoires ont de la gueule, les passages "religieux" ne tranchent finalement pas tant que ça avec le black metal, et le fait de se trouver dans une ancienne église contribue quand même pas mal à la mise en scène. En revanche, on ne peut pas vraiment nier que le côté orthodoxe fait quand même un peu "gimmick", et à force de le retrouver dans tous les morceaux de façon à peu près identique finit par lasser un peu. Malgré tout, hype ou pas, je maintiens que Batushka vaut le coup d'être vu au moins une fois, rien que pour l'ambiance et le côté visuel.
Un petit tour à la Main Stage pour se marrer devant les superbes vidéos de Bongzilla, et on rentre retrouver notre petit confort et nos caisses de Jupiler. Ainsi s'achève cette première journée du festival, avec ses quelques déceptions, mais aussi son lot de bonnes surprises. Vivement demain !
J'aime les ours, le whisky et les internets. |
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