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Subrosa - For This We Fought the Battle of Ages (2016)

Portrait de Simonne
Subrosa - For This We Fought the Battle of Ages (2016)

Le quatrième album très anticipé de SubRosa, For This We Fought The Battle Of Ages, paraîtra sur Profound Lore Records le 26 août prochain. Une suite logique à leur excellent album de 2013, More Constant Than The Gods, SubRosa livre encore une fois la marchandise avec son doom aux violons électriques ensorcelants.

Despair is a Siren débute avec une introduction lente, quasi neofolk, avec un vocal hanté. Une fois que la distorsion embarque, le jeu de pizzicato aux violons est accompagné de lourds coups accentués sur les toms. Seulement quelques minutes dans le titre, on reconnaît les violons lancinants typiques au son de SubRosa. Le titre est composé de plusieurs crescendos avec des couches de violons dissonants joués urgemment, ainsi que de retours au calme cathartiques avec de la guitare clean. Les harmonies vocales sont sinistres, comparables à des sirènes qui enchantent les marins vers leur mort inévitable. Les thèmes de l'album sont basés sur le livre We, un roman dystopique écrit dans les années 1920 par Yevgeny Zamayatin, un dissident politique russe. La désillusion et le méconfort sont palpables dans les maintes répétitions des phrases telles que "I see the bars of the cage" et "my skin doesn't fit anymore".

La section rythmique crée l'ambiance à l'aube du titre Wound of the Warden. La basse ouvre le chemin jusqu'à l'avènement de la guitare et des voix. L'interlude est ponctué de coups de crash et de hurlements de la part du batteur et laisse place à un passage calme avec un riff répétitif, voire redondant, à la guitare. Ce deuxième morceau est le maillon faible de l'opus à mon avis; la guitare aurait gagné à être peaufinée à plusieurs endroits, mais les solos de violon élaborés compensent le manquement de ce côté-là.

L'oeuvre regagne en puissance avec le troisième titre: les chanteuses de SubRosa font démonstration de leur grande gamme vocale dans l'introduction planante de Black Majesty. Le morceau est plutôt lent, mais les riffs de guitare soutenus par la section rythmique ont de l'impact, de la lourdeur. La touche néoclassique dans leur musique est tangible, surtout lorsque les deux violons jouent harmonieusement en mouvement contraire. Des courtes transitions avec une voix aigue, émulant la voix d'une jeune fille, mène à un fantastique crescendo d'instruments à cordes qui s'entrelacent tandis que le batteur enchaîne les rolls et les punchs. À la première écoute, j'ai pensé à une version doom de Godspeed You! Black Emperor, vous comprendrez donc que Black Majesty est épique.

Il Cappio est un court prélude à Killing Rapture, on y retrouve un accompagnement de lyre avec un chant italien, tout simplement. Rebecca Vernon se lamente qu'elle n'a plus d'énergie pour se défendre, tout comme une marionette. Une minute et demie d'abandon et de calme avant les deux derniers morceaux, c'est-à-dire le point culminant de l'album. Dans Killing Rapture, l'instrumentation est lente et hypnotisante; on y retrouve également une ombre d'entrain qui maintient notre curiosité par rapport à l'endroit où la longue progression se dirige. Une forme de résignation est encore une fois présente dans les paroles, mise en évidence par une des phrases récurrentes: "everything has been decided for us".

Troubled Cells boucle l'opus sur une touche mélancolique, traitant de manière abstraite la lutte entre le bonheur individuel et le bien collectif. La perte de contrôle de l'individu est manifeste lorsque Vernon chante "every road I take, no matter how I fall, leads me back here again". Ce titre est très bien ficelé, on pourrait également l'interpréter comme un manque de contrôle dans une relation amoureuse, une dépendance affective. Une dose de réalité pour clôre l'album en beauté, l'enchevêtrement de voix qui proclament "there is no greater good" et "paradise is a lie". Des sages constatations, peu importe que ce soit interprété dans le cas d'un régime autoritaire à la We, à la 1984, ou bien dans une relation humaine.

Finalement, l'assaut auditif chez SubRosa est toujours bien présent. Leur son a toujours été très particulier, combinant du doom écrasant, de la musique de chambre et des textes tragiques. C'est l'album de SubRosa que j'ai pris le plus de temps à apprivoiser, je le trouve moins accessible que les albums précédents, mais il y a de vraies perles sur For This We Fought the Battle Of Ages. Les structures de morceaux sont sensiblement toujours les mêmes par rapport aux crescendos et retombées, mais SubRosa les exécute à merveille comme toujours. Ils ont su garder mon intérêt au travers des années et leur doom monolithique gagne à être connu. 

Subrosa - For This We Fought the Battle of Ages (2016)
Subrosa
For This We Fought the Battle of Ages
Despair Is A Siren
Wound Of The Warden
Black Majesty
Il Cappio
Killing Rapture
Troubled Cells
Billets de spectacles ou instruments de musique, tous mes revenus vont vers la musique.

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