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Nine Inch Nails 16/04/2014 @ Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg) 1/2

Portrait de Greg-D
Nine Inch Nails 16/04/2014 @ Rockhal, Esch-sur-Alzette (Luxembourg) 1/2

Me voilà donc à Esch-sur-Alzette, au Luxembourg pour assister à la tournée européenne du « Tension Tour «  de Nine Inch Nails. Le Rockhall se situe en plein milieu d’un ancien bassin minier avec ses anciennes usines désaffectées, décors géniaux, on se croirait dans « Voyage au bout de l’ enfer » de Cimino. La salle est en fait un grand plateau de 3000m² récemment construit sans gradin mais les commodités - bar, toilettes, restaurant - font plutôt penser à un grand lounge et ce n’est pas désagréable.

Le public en masse commence à rentrer alors que les premiers accords de la première partie Cold Cave se font entendre. Il s’agit d’un duo composé d’une jeune demoiselle aussi expressive qu’un platane derrière les claviers et d’un jeune éphèbe à frange longue se dandinant sur la scène. Je ne pourrais pas qualifier leur musique de sous Depeche Mode par respect pour les Britanniques, alors on dira une new wave fortement influencée par Partenaires  Particuliers et Emile et Images. De plus, notre jeune ami nous propose une chorégraphie sortie d’un clip de Jeanne Mas avec ses moulinets dans les airs. Je ne comprends pas qu’un groupe aussi majeur que NIN nous offre une première partie aussi mièvre. Le public, pour la grande majorité des die hard fan de NIN, donc pour la plupart des quadras comme moi, applaudissent poliment mais trouvent le temps très long.

La souffrance s’achève au bout de 45 mn et je fais donc un petit tour au merch pour faire mes emplettes. Et là, c’est toujours les mêmes tee-shirts proposés, tout noir avec le logo du groupe et les dates de la tournée derrière. Tout ca pour la modique somme de 40€. Je n’ai qu’une envie c’est de demander au vendeur, sosie officiel de Carlos (le chanteur, pas le terroriste) si mes couilles sur son nez, ça lui ferait pas des lunettes. Pour un groupe comme NIN qui contrôle au maximum son image sur le net, les réseaux sociaux, en nous proposant à chaque fois un design de dingue pour ses LP, on se retrouve toujours avec les mêmes tee-shirts depuis 25 ans.

Assez parler chiffon, les lumières s’éteignent et chacun retient son souffle. Pour beaucoup cette tournée est attendue avec beaucoup de ferveur. Les venues du groupe sont suffisamment rares et chaque concert a toujours été une expérience unique. De plus, Reznor contrôlant avec précision l’image de son groupe, les vidéos diffusées sur le net des captations de live sont toujours d’une très grande qualité. La prestation en novembre dernier au Stapple Center de Los Angeles est tout bonnement fantastique et chacun est en droit d’espérer le même show. Malheureusement il va en être tout autrement…

...il y a un malaise car le groupe évolue ce soir en quatuor...

Le concert débute avec « Me, I’m not », issu de l'album « Year Zero ». Reznor avance sur scène plus musclé que jamais, tout de noir vêtu. Le groupe joue dans la quasi pénombre et on a droit à une version très soft limite acoustique , chacun évoluant derrière un clavier. Les lumière commencent à s’allumer et les premiers accords de « Copy of A », dernier single du groupe, se font entendre et là, je m’aperçois qu’il y a un malaise car le groupe évolue ce soir en quatuor. Robin Fink qui se trouve à l’extrême gauche de la scène alterne entre guitare et synthé, Ilan Rubin, le génial batteur, commence à la guitare et Alessandro Cortini, le clavier, joue de la batterie électronique planquée derrière ses synthés. Il semble donc que Pino Palladino (The Who), le dernier bassiste en date sur la tournée manque à l’appel et cela va poser un sacré problème. Alors que Trent se démène comme un beau diable, Rubin qui est généralement derrière les fûts sur ce morceau semble mal à l’aise avec une guitare entre les mains. Pire, Alessandro Cortini ne sait pas quoi faire de ses baguettes et passe le plus clair du morceau à discuter avec son tech puisqu’il semble avoir un problème avec son synthé. Le morceau, hyper dansant, perd donc toute son intensité et cela ne va pas s’arranger avec le bourrin « 1,000,000 ». Rubin - il n’a pas le choix sur ce morceau - retourne à la batterie et Cortini remplace ses baguettes par une basse. C’est pire. Reznor et Finck parcourent la scène de long en large pour faire illusion mais sans basse, le titre perd énormément. Arrêtant le massacre à la basse, Cortini retourne aux claviers et on a droit à un « March of the Pigs » très vite expédié. Déception supplémentaire, le kit light n’est pas du tout le même que la tournée nord américaine et on a droit à la une version low cost. J’exagère un peu mais la lumière ayant une grand importance dans les shows du groupe, on est en droit d’attendre plus.

Autre fait étonnant, le son est bizarrement très bas. Je suis à peine à 20m de la scène et je retire mes bouchons ce qui est assez exceptionnel.

Sur scène, le malaise continue avec un « Piggy » qui voit le retour de Cortini à la basse. Résultat catastrophique. Heureusement que Rubin enchaine sur un solo de batterie magistral pendant le morceau pour limiter les dégâts.

Professionnel, Reznor ne s’en émeut pas pour autant et enchaine les titres comme s'il avait un train à prendre. « Survivalism » rehausse le niveau et la bonne surprise vient d’un « Gave Up » (plus joué sur scène depuis au moins 10 ans ) avec Rubin à la basse et là, enfin, ça a vraiment de la gueule. Non seulement ce batteur est un tueur mais il est aussi super bon à la basse. Le public ne s’y trompe pas et l’acclame comme il se doit. Je passe sur les « Sanctified » et « Closer », expédiés comme jamais, et on arrive sur la partie électro du show, celle qui fait la part belle au dernier album du groupe. Nouvelle grosse déception. Pour ceux comme moi qui ont maté à n’en plus finir les vidéos des live de LA avec les délires visuels grâce aux superpositions d’écrans LED, on a droit à version aseptisée, avec juste un écran derrière qui essaye de reprendre les mêmes effets. Visiblement, tout le monde attendait aussi cette partie du show et pour la première fois, j’entends des sifflets bien nourris dans le public.

« The Day The World Went Away » voit chaque membre du groupe une guitare à la main et le rendu est… très bizarre.

« The Great Destroyer » ressemble plus à une bouillie sonore avec Reznor qui semble faire une battle de synthé avec Cortini et on a droit à un premier « Thank you ». Le bonhomme n’est généralement pas bavard mais ce soir, il bat des records. « The Day The World Went Away » voit chaque membre du groupe une guitare à la main et le rendu est… Très bizarre. Le refrain, généralement repris en masse par le public, est totalement dénaturé, voire méconnaissable.

Le  tryptique « Wish », « The hand that feeds » et « Head like a hole » clôture le concert, encore une fois aucune basse. Pire, Cortini remplace Reznor, parti je ne sais où, en lead vocal sur « Head … ». Sans commentaire.

Je passe sur l’inévitable « Hurt » en rappel, version la plus courte jamais entendue ! Une bonne partie du public ayant déjà commencé à déserter les lieux avant le rappel.

Fin du concert au bout d’une heure et demie. Le groupe ne prend même pas la peine de saluer le public et s’éclipse en courant.

Force est donc de constater que j’ai assisté ce soir au plus mauvais concert de NIN qu’il m’ait été donné de voir depuis 20 ans. Peut-être suis-je trop exigeant en tant que fan de ce groupe, mais à force de nous habituer à l’excellence, le moindre grain de sable vient faire s’effondrer cette belle mécanique. J’ai déjà vu NIN en version quatuor mais avec des garçons comme Danny Lohner, multi-instrumentiste de talent. Le pauvre Cortini s’est retrouvé à enchainer les postes par la force des choses et sur scène, cela ne pardonne pas.

Je suis censé les revoir d’ici deux semaines à Paris, espérons que le groupe aura retrouvé son unité ou que Reznor saura mieux adapter sa setlist.

Verdict le 29 mai au Zénith !

 

Setlist

  • Me, I'm Not
  • Copy of A
  • 1,000,000
  • March of the Pigs
  • Piggy
  • Survivalism
  • Gave Up
  • Sanctified
  • Closer
  • The Warning
  • Disappointed
  • Came Back Haunted
  • The Great Destroyer
  • The Day the World Went Away
  • Eraser
  • Wish
  • Only
  • The Hand That Feeds
  • Head Like a Hole
  • Hurt

À saisir.

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